Finance

Bouton aux députés: tout va très bien

Auditionné mercredi 9 avril par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le PDG de la Société générale, Daniel Bouton, a dit s'intéresser «extrêmement peu» à l'affaire Kerviel, mais beaucoup à l'avenir de la banque qu'il préside. Dans la tempête financière, le pire est peut-être derrière nous et les banques françaises ont les moyens de tenir. La question de son avenir à la tête de SG n'a pas été posée.

Philippe Riès

Contrairement aux députés français, Daniel Bouton, de son propre aveu, s'intéresse «extrêmement peu» à l'affaire du trader Jérôme Kerviel. Mais beaucoup à l'avenir de la banque qu'il dirige, la Société Générale. Avenir qu'il voit sinon radieux, du moins tout à fait assuré.
S'agissant de la crise financière mondiale, autre thème majeur de son audition par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, celui qui préside en ce moment la Fédération bancaire française pense que «nous sommes peut-être en train de sortir de la phase la plus difficile».
«Il s'est passé quelque chose de très important ces trois dernières semaines, qui éloigne un risque systémique» balayant le système financier international. Bear Stearns a été renflouée avec l'appui de la Réserve fédérale américaine, la banque suisse UBS «a trouvé une solution de marché comme la SG en janvier pour se recapitaliser», de même que Lehman Brothers, autre grand établissement de Wall Street qu'on disait menacé.
Mercredi 9 avril, pour sa première sortie publique depuis de longues semaines, le PDG de la Générale aura rassuré ses amis et conforté ses ennemis (manifestement beaucoup plus nombreux) : le traumatisme à 5 milliards d'euros, dû aux «positions dissimulées» de celui qu'il ne désigne pas autrement que «le fraudeur», n'a pas changé Daniel Bouton.
Aux députés comme Frédéric Lefebvre (UMP), qui se plaignent d'avoir dû affronter les questions de leurs électeurs avant les municipales, Bouton réplique que «les gens qui ont vraiment souffert, ce sont les 13.000 employés (du réseau français) de la SG qui ont eu à expliquer à nos clients que la banque allait bien».
Or, elle va bien. «Nous avons réaffirmé notre stratégie, nous avons demandé à nos propriétaires de nous redonner ce que nous avions perdu. Les actionnaires nous ont confié 5,5 milliards d'euros pour continuer, sinon cela aurait pu être un drame», dit Daniel Bouton. Il a indiqué aux députés que la banque rendrait publics «vers le 15 avril» les résultats d'une étude sur la composition de son actionnariat après la recapitalisation.
En outre, SG continuera à publier sur son site internet les conclusions des enquêtes internes en cours. Prochain rendez-vous fin mai, sur le rôle joué par la hiérarchie de Kerviel. Hiérarchie que la banque ne pouvait interroger avant la justice, qui «a la priorité». Les deux responsables au niveau mondial des métiers impliqués dans la fraude «sont partis dans le respect du droit du travail français et cela me paraît tout à fait normal», indique Daniel Bouton, auquel aucun membre de la commission n'a posé la question de son propre avenir à la tête de la banque.
La réponse est d'ailleurs implicite : la décision ne sera pas prise par l'opinion publique, encore moins par Nicolas Sarkozy (qui a fait ouvertement campagne pour le départ du PDG de la Générale) mais par les actionnaires de la banque, qui se réuniront en assemblée générale le 27 mai.
Devant les députés, Daniel Bouton a regretté de n'avoir toujours pas réussi à faire passer dans l'opinion le message central de sa défense. Les énormes prises de position «dissimulées» que pratiquait Jérôme Kerviel, «ce n'est pas notre métier, c'est cela qui est fondamental». «Le fait d'avoir une position normale d'un milliard d'euros dans un sens, c'est déjà quelque chose que nous n'aimons pas.» Alors 50 milliards...

Réservé aux abonné·es

Se connecter

La lecture des articles est réservée aux abonné·es

Se connecter