Économie et social Analyse

Banques: le chantage sur l'économie continue

Un scénario à la japonaise se profile pour l'économie: les milliards d'aide accordés par les gouvernements ont été captés par les banques à leur profit sans assurer le financement de l'économie réelle. Les banquiers centraux et les responsables multiplient les exhortations auprès des banquiers pour qu'ils changent d'attitude. Peut-on véritablement parier sur leur bon vouloir? Analyse.

Martine Orange

Les avertissements se font de moins en moins discrets. Des banquiers centraux aux responsables politiques, tous pressent les banquiers de jouer le jeu, de reprendre leur rôle premier, celui qui a justifié tous les efforts consentis par les gouvernements pour sauver le système bancaire: le financement de l'économie.
«Dans la zone euro, la croissance du crédit est équivalente à zéro», a insisté lundi, Joaquin Almunia, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, en rappelant que 300 milliards d'euros avaient été injectés pour recapitaliser le secteur bancaire. «Je ne crois pas que nos démocraties accepteraient une seconde fois de voler au secours de l'économie financière et de l'économie réelle comme elles l'ont fait», avait déjà mis en garde Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, dans un entretien au Monde du 18 novembre. «On ne verra pas deux fois des centaines de milliards de dollars d'argent public ainsi déversés sur le secteur financier!» prévient de son côté Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, dans Le Figaro de ce mardi.
Si ces exhortations et ces mises en garde se multiplient, c'est que tous redoutent de trop bien comprendre ce qui se passe sous leurs yeux: un scénario à la japonaise. Des milliards avaient été déversés par le gouvernement nippon dans les années 1990 pour sauver les banques. Celles-ci avaient préempté tout cet argent public à leur seul profit, sans financer l'économie. Résultat? Une décennie perdue pour l'économie japonaise, la croissance dépassant à peine 1% par an.
Lorsque les gouvernements et les banques centrales ont volé au secours des banques à la fin de 2008, de nombreux observateurs n'avaient pas manqué de les mettre en garde contre le risque de répéter les mêmes erreurs qu'au Japon, si aucune contrainte sévère ne s'imposait aux banques. Les lobbies bancaires aux Etats-Unis et en Europe avaient été suffisamment puissants pour écarter la menace. On devait leur faire confiance. Ils allaient savoir réparer les dégâts qu'ils avaient causés.

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