Le 12 janvier dernier, le tribunal correctionnel d’Amiens (Somme) condamnait à deux ans de prison, dont neuf mois ferme, huit anciens salariés de l’usine de pneus Goodyear pour avoir retenu en janvier 2014, durant trente heures, deux cadres du site. Neuf mois ferme alors qu’il n’y a aucun plaignant à la barre, les plaintes ayant été retirées, seul reste le zèle d’un parquetier. Neuf mois ferme alors que cette « séquestration » sans violences physiques, c’était un geste de désespoir, de révolte d’une classe ouvrière, épuisée par un conflit social interminable pour sauver son usine et livrée au drame du chômage dans une région où il n’y a plus de travail. Le lendemain de l’annonce de ce jugement aussi sévère qu’inédit, un autre tribunal correctionnel, celui d’Angoulême (Charente), condamnait le groupe Saft, multinationale française éclatante, leader mondial des batteries de haute technologie (678,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014), à 10 000 euros d’amende pour mise en danger de la vie d’autrui.
La société Saft est condamnée pour mise en danger de ses salariés
Exposés au cadmium pendant des années, plus de 70 ouvriers d'une usine en Charente poursuivaient le leader mondial des batteries pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Le groupe devra s'acquitter d'une amende de... 10 000 euros.
29 janvier 2016 à 08h22