En 2003, François Mrissa, délégué CGT au magasin Ikea de Gonesse, tape sur les nerfs de sa direction, à force de soutenir des collègues soupçonnés de piocher dans la caisse. Un matin, des policiers l’interpellent au saut du lit, sous les yeux de ses enfants. Embarqué au commissariat de Gonesse, ce chef de rayon est placé en garde à vue pendant des heures, « vaguement accusé de vols de documents ». François Mrissa ne sera jamais poursuivi, ni déféré devant un juge. Et pour cause : les policiers n’ont rien contre lui, pas l’embryon d’un dossier. « Ils ont juste voulu m’intimider pour rendre service à Ikea », dénonce aujourd'hui le syndicaliste, qui accuse son ancienne direction de « collusion » avec des représentants des forces de l'ordre. Paranoïa ? Loin de là, d'après des documents que Mediapart s’est procurés.
Notre dossier: espionnage en série chez Ikea Enquête
A Gonesse, Ikea arrosait des policiers : bons cadeaux contre bons services
Certains magasins Ikea ont offert des cadeaux à des policiers. Un document récupéré par Mediapart montre qu'à Gonesse, en banlieue parisienne, le directeur lui-même a distribué des bons d'achat de 100 euros. A « Paris-Nord », les accointances entre le responsable sécurité du magasin et certains policiers étaient patentes, d'après des courriels internes en possession de Mediapart. Sur le dos des salariés ?
Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg
4 avril 2012 à 12h23