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Flavie Flament : « Depuis la sortie de mon livre, il y en a qui ne dorment pas tranquille »

Invitée de notre émission « À l’air libre », la journaliste et autrice, pionnière de #MeToo avec son livre « La Consolation » en 2016, revient sur l’accueil reçu à l’époque et sur le mouvement de prise de parole actuel : « Il y a des affaires médiatiques et il y a un travail de l’ombre qu’il ne faut pas oublier. »

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À l’air libre

Elle est l’une des pionnières de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. En 2011, elle a témoigné de violences conjugales dans un livre (Les Chardons, éditions du Cherche Midi). Six ans plus tard, elle a accusé, dans un autre livre (La Consolation, éditions JC Lattès), le photographe David Hamilton de l’avoir violée lorsqu’elle avait 13 ans. À l’époque, déjà, elle met sur la table la question du regard sexualisé posé sur les petites filles. 

Invitée d’« À l’air libre », la journaliste et autrice Flavie Flament revient sur l’accueil qu’elle a reçu au moment de la sortie de son livre La Consolation, un an avant #MeToo : « J’ai eu l’impression de traverser une jungle. [...] J’ai essuyé les plâtres. [...] Mais ma consolation, mon autre consolation, elle est là. Et dans le combat qui a suivi ce livre », dit-elle.

Questionnée sur la vague #MeToo qui secoue la France depuis le mois de décembre, la journaliste de RTL estime que la « société est en train de se fissurer de partout : le #MeToo littéraire, le #MeToo du cinéma, le #MeToo de la télévision ». « Tout cela m'apparaît comme une naissance, mais un accouchement difficile, qui prend du temps, qui est fait de contractions », explique-t-elle en évoquant les résistances d’une partie de la société et un mouvement de parole « à la fois formidable, terrifiant, effrayant, paralysant ».

Elle évoque aussi les « défauts de #MeToo » : « Ce mouvement #MeToo est à l’image des violences qu’ont subies les femmes et aussi les hommes pendant des décennies. [...] C’est sorti comme ça a été subi, de façon désorganisée, de façon extrêmement épidermique, avec les moyens du bord, avec les réseaux sociaux, avec une simple accusation. C’était à la fois absolument incroyable, et en même temps assez terrifiant, parce que comment faire la part des choses, déjà, dans tout ce qui a été dit ? »

L’autrice rappelle également qu’au-delà « des affaires médiatiques », « il y a tout le travail de l’ombre, que l’on met assez rarement en avant, avec des victimes de l’ombre, avec des magistrats de l’ombre, qui sont sensibilisés à ça, avec des associations ».

Flavie Flament revient enfin sur son combat politique pour faire changer la loi, l’allongement des délais de prescription en 2018, et l’instauration d’un seuil d’âge de non-consentement avant 15 ans. « Je ne suis pas fière de grand-chose dans ma vie, mais ce combat-là est essentiel. Ce n’est pas tout, il y a encore beaucoup à faire, d’autres le font très bien aujourd’hui, mais je me dis : “Voilà, je l’ai fait pour Poupette, pour toutes ces gamines”, et aujourd’hui certains bénéficient de ce rallongement des délais de prescription, et je l’entends tous les jours, et c’est ma fierté. »

Une émission présentée par Marine Turchi.

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