Peut-on faire exister une conférence environnementale entre deux discours des chefs de l’exécutif ? La réponse est sans appel : non. Le premier jour se passe à attendre puis à commenter les déclarations du président de la République. Le deuxième à spéculer sur ce que dira le premier ministre, puis à deviser sur la portée de ses propos. Les deux demi-journées de travail intermédiaires, inscrites au programme et réunissant plusieurs dizaines de personnes, en deviennent inaudibles, invisibles.
Officiellement, la conférence environnementale est pourtant un événement institutionnel : le rendez-vous annuel du dialogue environnemental, sur le modèle de la conférence sociale réunissant syndicats et représentants de l’État. Créée en 2012, elle succède au Grenelle de l’environnement inventé aux premières heures du quinquennat Sarkozy. Pendant deux jours, délégués syndicaux, d’ONG, des collectivités locales et de l’État se retrouvent autour d’une table pour faire émerger des propositions de réformes sur des sujets qui fâchent.
Cette année, les thématiques choisies étaient : l’économie circulaire, l’emploi, la biodiversité marine, l’eau et l’éducation à l’environnement. Le problème, c’est qu’à aucun moment, cette discussion n’est structurée en négociation. Si bien que le premier jour, chacun expose la position de son organisation sur le thème abordé. Et le deuxième, il ne reste plus que quelques heures pour faire le tour des rares points de consensus. « C’est pourtant mieux préparé que l’année dernière, grâce à l’échange préalable de documents de travail sur les enjeux et objectifs des discussions, mais c’est insuffisant, analyse Matthieu Orphelin, de la fondation Nicolas Hulot (FNH). Il y a un problème de méthode. Il faut réussir à sortir des propositions concrètes de ces discussions. » À quelques minutes du discours de clôture, un responsable du Medef considérait que s’achèvent « deux journées pour rien ».