Dès 2007, alors quepersonne ne parlait des suicides, une pièce de théâtre mettait au jour le système France Télécom-Orange et la souffrance de ses salariés. Cette année-là, le groupe venait de lancer Next, vaste plan industriel et de restructuration interne. Objectif : fairepartir 22.000 salariés. Mediapart diffuse en accès libre le documentaire qui a été tiré de cette pièce de théâtre de la compagnie Naje.
Ivan du Roy est journaliste à Témoignage chrétien et collaborateur du magazine en ligne Basta !... Dans Orange stressé, enquête fouillée sur France Télécom, il montrecomment le “management par le stress” a été érigé en système.
Un salarié d'Orange/France Télécom de 51 ans s'est suicidé, ce lundi matin, en Haute-Savoie. Ce père de famille s'est jeté d'un viaduc autoroutier. Il s'agit du 24e suicide en dix-huit mois. Signe que l'heure est grave, le patron du groupe, Didier Lombard, s'est rendu sur place. Une première. Les syndicats vont décider dans les prochains jours d'une possible grève le 7 octobre. Orange doit arrêter immédiatement les restructurations internes qui font si mal à ses salariés. Parti pris.
A Evreux, un salarié de France Télécom a pénétré dans son entreprise avec son fusil et une cartouche dans la poche avant d'être désarmé par ses collègues. C'est le premier incident de ce type après la vague de suicides qui a touché les salariés du groupe. Direction comme syndicats sont très embarrassés par cette affaire et craignent une éventuelle propagation de ce genre de contestation. Une réunion du comité d'hygiène et de sécurité a lieu ce jeudi.
Mediapart est allé rencontrer les collègues de Michel D. Ce cadre de France Télécom à Marseille, en charge des réseaux, s'est suicidé dans la nuit du 13 au 14 juillet. Il a laissé une lettre où il affirme que son travail est l'«unique cause» de son suicide. Ses collègues tentent encore de comprendre comment Michel a pu commettre l'irréparable.
La direction d'Orange était bien alertée du niveau de souffrance de ses salariés. Mediapart publie le rapport pour l'année 2008 d'un médecin du travail de l'entreprise, le docteur Catherine Korba. Dans ce document de 26 pages, elle réclame des heures en plus et la présence d'un psychologue afin d'éviter des «vagues» de détresse chez les salariés. Elle met en cause la «responsabilité organisationnelle dans la souffrance au travail». Le docteur a démissionné au début de l'été. Juste avant la tragique série de suicides.