En Guadeloupe, 80 % du dispositif d’épuration ne fonctionne pas. Une catastrophe sanitaire et environnementale, qui risque de mettre en péril toutes les eaux de baignade sur cet archipel français, d’ici dix ans.
Exploitant du réseau d’eau potable pendant cinquante ans sur l'île, la Générale des eaux Guadeloupe, filiale de Veolia, a quitté précipitamment l’archipel à partir de l’année 2015, laissant un réseau et une facturation défaillants, dont les conséquences se payent encore aujourd’hui.
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental. Pourtant, l’eau manque en Guadeloupe. Les associations de défense des usagers réclament une refonte du système. Le système de canalisations construit dans les années 1960 n’a pas été entretenu, des conflits entre certaines collectivités locales et la Générale des eaux (Veolia), la vétusté des structures, la contamination d’une partie des ressources par le chlordécone sont autant de freins à la bonne distribution de l’eau. C’est une situation invivable pour les Guadeloupéens, victimes de « tours d’eau » et de coupures le long du feeder de Belle-Eau-Cadeau, colonne vertébrale du réseau d’eau, censé alimenter une bonne partie de l’archipel.
À quoi, à qui servent ces territoires qu’on appelle parfois « les confettis de l’empire » ? Répartis dans les deux hémisphères, les départements d’outre-mer, sont réputées « coûter cher » à la France. Acquises et façonnées par la France dans le contexte de l’économie esclavagiste, les « vieilles colonies » sont maintenues au XXIe siècle dans le carcan de l’économie de comptoir.
À l’opposé de la métropole, les collectivités d’outre-mer ont voté contre leurs exécutifs sortants : trébuchement inattendu de Rodolphe Alexandre en Guyane, basculement à gauche avec la Réunionnaise Huguette Bello et fin de l’ère Marie-Jeanne en Martinique.
La campagne de vaccination y progresse peu, en raison des particularités démographiques de chaque territoire, de leur éloignement et de leur exposition particulière à des variants résistant aux vaccins. Pour l’instant, les interdictions de voyage sont toujours plus strictes et plus contestées.
Directrice suspendue à titre conservatoire, plaintes croisées pour détournement de fonds publics, signalements à différents procureurs… le MACTe est dans la tourmente. 420 000 euros ont mystérieusement disparu et peinent à réapparaître dans la comptabilité de l’établissement public.
Blocage de ronds-points, grèves, manifestations anti-masques, défilés politiques, affrontements avec la police : le climat social est plus que tendu. La crise sanitaire a donné le coup d’envoi à une litanie de restrictions de liberté, autant qu’à l’expressions de mécontentements qui couvaient.
Des milliers de manifestants ont défilé en Martinique, samedi 27 février, afin d’exiger un procès dans l’affaire de l’empoisonnement des populations et des sols au chlordécone. Aux Antilles françaises, l’annonce par des juges parisiens d’une possible prescription des faits génère émotion et indignation.
Le 21 novembre, un Guadeloupéen de 67 ans a été admis en « détresse respiratoire » et état de « tétraplégie » aux urgences de Pointe-à-Pitre. Après son décès, une enquête judiciaire est ouverte « contre X » pour « homicide involontaire ».
Le Parlement doit examiner mercredi 4 novembre les crédits de la mission outre-mer dans la loi de finances 2021. Plusieurs députés, notamment LREM, protestent contre une baisse du budget dans des territoires éprouvés par le Covid-19. Le gouvernement s'en défend.
À première vue, les départements et territoires d’outre-mer échappent au reconfinement, à l’exception notable de la Martinique. Néanmoins, la situation sanitaire est fragile. Surtout, les îles et la Guyane risquent de se refermer pour une durée indéterminée.
Alors que les Ultramarins ne cessent de protester contre la vie chère, l’Autorité de la concurrence, avec l’aval du Conseil d’État, vient de donner son feu vert à une nouvelle opération de concentration dans la grande distribution, renforçant encore l’économie de rente qui domine dans ces collectivités.
Prises en étau entre la crainte d’une contamination à venir et la nécessité de rouvrir les frontières pour éviter l’asphyxie économique, les collectivités d’Outre-mer adoptent des stratégies contrastées. La situation à Mayotte et en Guyane se traduit par un classement « orange » sur la nouvelle carte nationale.
Dans notre émission quotidienne « À l’air libre » du 1er avril, l’outre-mer a fait l’objet d’un débat animé par Valentine Oberti avec le médecin Philippe de Chazournes, président de Med’Océan à La Réunion, l’essayiste guadeloupéenne Patricia Braflan-Trobo et le journaliste Julien Sartre.
Les départements et territoires d’outre-mer, à l’exception notable de Mayotte, ont entamé l’allègement du confinement en même temps que l’Hexagone, voire quelques jours auparavant. Un isolement coûteux économiquement et politiquement reste toutefois de mise.
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