Après les révélations de Mediapart, lundi, sur l’argent caché en Suisse de Jean-Marie Le Pen, l'état-major du FN fuit les caméras. Au parlement européen, Marine Le Pen a semé les journalistes. Seul Florian Philippot a demandé des « explications » au président d'honneur du FN. Au bureau politique, certains s'inquiètent.
Depuis l’héritage Lambert en 1976, jusqu'à l'ouverture d'une enquête sur son patrimoine fin 2013, le fondateur du FN n’a cessé de faire l’objet de vérifications fiscales, de subir des pénalités, et de les contester.
Selon les informations obtenues par Mediapart, le président d’honneur du Front national a été le bénéficiaire économique d’un « trust » géré en Suisse par son majordome, trésorier de son association de financement Cotelec. 2,2 millions d’euros, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or, ont été déposés au nom de ce trust à la HSBC puis à la Compagnie bancaire helvétique (CBH).
Derrière le vaudeville, l'argent. Le père comme la fille ont chacun leur propre micro-parti pour garder la haute main sur l'argent du Front national. Jean-Marie Le Pen n'a jamais révélé son fichier de donateurs et son association, Cotelec, continue d'accorder des prêts au FN ou à ses candidats.
L'affrontement familial au FN tourne à la crise politique. Marine Le Pen a annoncé qu’elle s’opposerait à la candidature aux régionales de son père et n'a, pour la première fois, pas exclu des sanctions. Si l'épisode lui permet de ranger derrière elle tous les responsables du parti, et de parfaire sa stratégie de « dédiabolisation », elle prend un risque politique et financier face au fondateur du FN.
D’après nos informations, l’enquête préliminaire ouverte sur le patrimoine de Jean-Marie Le Pen fait suite à un enrichissement personnel suspect évalué à 1,1 million d'euros entre 2004 et 2009.
Les déclarations de patrimoine de Jean-Marie Le Pen sont entre les mains des investigateurs de la brigade financière. D'après des informations obtenues par Mediapart, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après un signalement en novembre dernier de la Commission pour la transparence financière de la vie politique. L'autorité indépendante ne s'expliquait pas l'enrichissement de l'eurodéputé.
Selon des documents obtenus par Mediapart, l’ancien trésorier du micro-parti de Jean-Marie Le Pen, l’éditeur Jean-Pierre Mouchard, a utilisé les services de plusieurs sociétés offshore. Le même homme avait ouvert en 1981 un compte suisse à l’UBS pour Le Pen. À Mediapart, Marine Le Pen et son père justifient l’ouverture du compte par « un emprunt souscrit » à la banque suisse.