On savait Emmanuel Macron libéral sur les questions économiques, ses deux quinquennats l’auront révélé conservateur sur les sujets dits « régaliens », toujours plus sécuritaire et identitaire jusqu’au vote de la loi immigration avec le soutien de l’extrême droite.
La nouvelle loi contre l’immigration fait droit au programme xénophobe de l’extrême droite qui, faisant de l’étranger un ennemi public, s’attaque à l’universalité et à l’égalité des droits. L’histoire retiendra que le responsable de cette déchéance nationale est le président qui fut élu pour lui faire barrage : Emmanuel Macron.
Le projet de loi sur l’immigration a été adopté mardi par les députés, avec le soutien de la droite et de l’extrême droite. Pour les macronistes, la crise politique est toutefois loin d’être éteinte : Élisabeth Borne a repris à son compte plusieurs obsessions de l’extrême droite, 62 députés n’ont pas voté la loi et plusieurs ministres menacent de démissionner.
Théorisé par le Club de l’horloge, noyau doctrinal du parti de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine, le principe de préférence nationale est inséparable de valeurs ethnocentristes et de pratiques discriminatoires. À rebours de l’évolution du droit jusque-là, sa logique imprègne la loi immigration.
D’abord opposé au projet de loi qu’il jugeait laxiste, le Rassemblement national l’a finalement voté. Considérablement durci, le texte reprend effectivement plusieurs propositions historiques de l’extrême droite.
La loi contre l’immigration est une infamie pour les étrangers qui vivent en France. Et pour toute la société. Au-delà de la question morale, elle est le visage pitoyable d’un pouvoir recroquevillé sur lui-même prêt à renier ses principes fondamentaux pour complaire à l’extrême droite. Au détriment de l’intérêt général.
Annoncé dès la réélection d’Emmanuel Macron puis reporté, le projet de loi sur l’immigration a été adopté le 19 décembre 2023 par l’Assemblée nationale. Pour trouver une majorité, le ministre de l’intérieur a multiplié les mains tendues aux Républicains et repris plusieurs antiennes de l’extrême droite.
Alors que le projet de loi sur l’immigration est examiné au Sénat cette semaine, plusieurs amendements sont venus durcir encore un peu plus le texte, notamment sur l’aide médicale d’État, les quotas migratoires ou le regroupement familial. Avec l’assentiment du ministre de l’intérieur.
Ces jours-ci, le ministre de l’intérieur a accusé Karim Benzema d’accointances avec l’islamisme, lié l’antisémitisme à la « haine du flic » et annoncé un durcissement massif de son projet de loi sur l’immigration. Une surenchère permanente qui vise à le dépeindre en ministre d’action… Au mépris des faits.
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Le chef de l’État hésite à faire à la droite d’opposition un joli cadeau : le retrait de l’article 3 du projet de loi immigration, qui crée un titre de séjour « métiers en tension ». Le nouvel épisode d’une stratégie de rapprochement mutuel entre le camp présidentiel et LR, qui pourrait bientôt aboutir sur un accord de gouvernement.
Autorité, savoirs fondamentaux, laïcité et uniforme : depuis la rentrée, Emmanuel Macron a placé l’école, nouveau « domaine réservé », sur les rails de la nostalgie. Une stratégie politique censée plaire à la droite, dans un quinquennat enlisé. Nouveau ministre en charge, Gabriel Attal navigue pour l’instant entre cette feuille de route conservatrice et les aspirations du corps enseignant.
Une semaine après les avoir réunis à huis clos à Saint-Denis, le président de la République a envoyé aux chefs de parti le compte rendu de leurs échanges. Un document de six pages qualifié de « vide abyssal » à gauche mais qui ouvre la porte à la principale revendication de LR et du RN : un référendum sur l’immigration.
L’ancienne porte-parole de LR vient d’être nommée préfète déléguée en Gironde, chargée de la cohésion sociale, de la lutte contre les discriminations et de l’intégration des étrangers. Deux semaines après les révoltes urbaines, Emmanuel Macron a choisi une figure de la droite la plus dure, qui dépeint les quartiers populaires comme des « zones de non-droit » où l’on vivrait « comme au Maghreb ».
Depuis 2017, une poignée de personnalités proches de Manuel Valls ont travaillé leurs réseaux au cœur du pouvoir. Se rapprochant peu à peu du chef de l’État, elles ont participé à plusieurs opérations du gouvernement et ont fini par imposer leur vision de la société en général et de la laïcité en particulier.
Le président de la République a sèchement critiqué une sortie de sa première ministre sur le lien entre l’extrême droite et le pétainisme. Décidé à incarner seul la sortie de crise, Emmanuel Macron multiplie les chiquenaudes à l’endroit d’Élisabeth Borne, dont les jours à Matignon semblent de nouveau comptés.
Déterminé à faire passer sa loi sur l’immigration, Gérald Darmanin veut durcir son texte pour convaincre la droite d’opposition. Entre son ministre de l’intérieur et sa première ministre, réticente à cette idée, le président de la République doit désormais faire un choix qui dira beaucoup de la suite du quinquennat.
Sans jamais avoir tiré les leçons des crises du précédent quinquennat et de l’accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, pour la deuxième fois consécutive, Emmanuel Macron et ses soutiens continuent de niveler le débat public par le bas.