Depuis une semaine, des adolescentes revendiquent de s’habiller comme elles le souhaitent en classe. Interrogé, le ministre de l’éducation nationale a expliqué qu’il fallait venir « à l'école habillé d'une façon républicaine ».
Si certains tentent encore de déplacer le curseur, la plupart des élus de la majorité présidentielle ont intégré l’évolution politique d’Emmanuel Macron sur les questions de sécurité. Ils assument désormais leur droite, de façon plus ou moins résignée.
Par bribes, le gouvernement dévoile ce qu’il entend par « séparatisme » et comment il compte lutter contre, invoquant des « zones grises » dans le droit actuel. Pourtant, dès le moindre soupçon, les pouvoirs de l’administration sont déjà exorbitants.
Mis en cause pour des faveurs sexuelles qu’il est suspecté d’avoir obtenues en échange d’interventions politiques, lié à un ex-président de la République triplement mis en cause par la justice, Gérald Darmanin n’aurait jamais dû être promu ministre de l’intérieur. Son comportement depuis montre que son départ serait de salubrité publique.
Questions identitaires, politique du chiffre, coups de menton… Avec Darmanin à l’Intérieur, Macron recycle les vieilles recettes de Sarkozy. Le chef de l’État espère ainsi occulter la crise sociale et ravir l’électorat de droite. Au risque de cliver davantage la société.
L’estimant « menacée » par des « forces obscurantistes » et « séparatistes », le chef de l’État a livré sa vision de la République, vendredi, au Panthéon. Une approche conservatrice qui a tout pour satisfaire son nouvel électorat de droite.
En proposant de soutenir la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, Christian Estrosi a plongé la majorité dans un profond malaise. Son offre s’inscrit pourtant dans la dérive droitière du chef de l’État, qui gêne de plus en plus ses fidèles de la première heure.
Le premier ministre a profité de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale pour faire un bond de quinze ans en arrière. Séparatisme, incivilités, « France du bon sens »... Jean Castex a proposé un pot-pourri du pire de la droite sarkozyste.
Assistant du philosophe Paul Ricœur lors de l’écriture de La mémoire, l’histoire, l’oubli, le président de la République semble avoir oublié les leçons de ce livre de référence. Car la « réinvention » qu’il n’en finit pas de promettre ressemble de plus en plus à une crispation identitaire.
Après l’avoir désignée comme son unique adversaire, Emmanuel Macron entend désormais affronter Marine Le Pen sur son propre terrain, en plaçant la sécurité, l’immigration et le communautarisme au cœur de son action politique. Pendant ce temps, l’extrême droite profite de la crise sociale.
Craignant l’émergence d’une figure « antisystème », le président de la République tente de redorer son image en s’appuyant sur des personnalités plébiscitées par les réseaux sociaux. Créant de la confusion au plus haut niveau de l’État, cette stratégie légitime les discours extrêmes.
Le groupe LREM à l’Assemblée nationale a adressé à Emmanuel Macron des propositions censées nourrir sa réflexion pour « lutter contre les forces qui minent l’unité nationale ». Mais le document que publie Mediapart n’a pas encore fait l’objet d’un débat en interne. Au regard de sa tonalité et des approximations qui y figurent, il risque de donner lieu à de nouvelles tensions au sein de la majorité.
Au lendemain du comité sur l’immigration, Marlène Schiappa promettait que la France allait « désormais expulser les citoyens étrangers condamnés pour violences sexuelles ». Depuis, Mediapart a cherché à comprendre ce qui se cache exactement derrière cette annonce. Réponse : un coup de bluff. Au risque de servir l’extrême droite.
Un peu plus de trois ans après sa création, le Printemps républicain, fondé par des proches de Manuel Valls pour défendre une République qu’ils décrivent assiégée par le communautarisme musulman, se transforme en parti politique pour « peser sur l’élection présidentielle de 2022 ».
Après Nicolas Sarkozy et Manuel Valls, Emmanuel Macron, à son tour, laisse la porte ouverte au déferlement de haine contre les musulmans. Il en va de sa responsabilité de maintenir les digues, y compris en menant la lutte contre le terrorisme.
En accordant un entretien au journal d’extrême droite Valeurs actuelles, Emmanuel Macron alimente à son tour un débat qui sature l’espace public depuis des semaines. Et occulte les sujets qui préoccupent vraiment le gouvernement, à commencer par le mouvement social contre le projet de réforme des retraites.
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