Deux ans après, le ministère de l’enseignement supérieur a été contraint d’admettre qu’aucune enquête sur « l’islamo-gauchisme » à l’université n’avait été diligentée. Auprès des députés, de Mediapart et même des autorités administratives, Frédérique Vidal affirmait pourtant le contraire.
Le ministre de l’intérieur accuse la gauche de compromission avec le RN, en oubliant son propre bilan en la matière. De ses premiers pas aux côtés de Christian Vanneste à ses débats cordiaux avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, en passant par ses écrits dans une revue de l’Action française, les souvenirs sont pourtant nombreux.
Fidèle à lui-même, le président de la République a tenté de se montrer à l’action et sûr de ses forces lors d’une interview télévisée. Il a annoncé plusieurs réformes à venir, dont celles des retraites et de l’assurance-chômage, et a fait mine d’ignorer la défaite aux législatives et les révélations sur ses liens avec Uber.
En quelques jours, le parti de Marine le Pen s’est imposé aux postes clés de l’Assemblée nationale, grâce aux votes et aux lâchetés politiques des droites. Une légitimation coupable qui n’augure rien de bon.
En jouant les apprentis sorciers de la triangulation, le président de la République a permis au RN d’entrer en force à l’Assemblée nationale. Plutôt que de lutter contre les idées racistes et xénophobes du parti de Marine Le Pen, il leur a fait la courte échelle par pur cynisme politique.
En duel face à la Nupes dans bon nombre de circonscriptions, la majorité d’Emmanuel Macron renvoie dos à dos l’extrême droite et la gauche unie, à grand renfort d’outrances et de mauvaise foi. Au mépris des principes, de l’histoire politique et de tout ce qu’elle prétendait défendre pendant la présidentielle.
Pour la majorité présidentielle et certains commentateurs zélés, Emmanuel Macron a adressé un « signal à la gauche » en nommant Élisabeth Borne à Matignon. Un tour de passe-passe qui prêterait à sourire s’il ne révélait pas la décomposition du champ politique orchestrée par le chef de l’État.
Convaincu de la disparition du « front républicain », Emmanuel Macron transforme la campagne d’entre-deux-tours en un référendum pour ou contre son projet. Ce faisant, il continue de nourrir l’idée selon laquelle le programme néofasciste de Marine Le Pen constituerait une alternative.
Officiellement retiré de la politique, l’ancien chef de l’État n’a jamais cessé de manœuvrer en coulisses pour la réélection d’Emmanuel Macron. Au détriment de sa propre famille politique, mais en faveur de ses intérêts personnels. Une stratégie périlleuse qui pourrait lui faire perdre le leadership à droite.
Emmanuel Macron n’entend pas endosser seul la responsabilité de la contamination du débat public par l’extrême droite. Pendant cinq ans, le président sortant a pourtant largement contribué à installer un nouveau face-à-face avec Marine Le Pen.
Pour le président-candidat, « les devoirs valent avant les droits ». Cette logique, qui va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État social et l’État de droit, irrigue l’ensemble de son projet de réélection. En distinguant les bons et les mauvais citoyens.
Le président-candidat a présenté, jeudi 17 mars, les grands axes de son programme. Plus que jamais néolibéral sur le plan économique, il propose une version conservatrice des enjeux sociaux et régaliens, en occupant le terrain de ses adversaires de droite et d’extrême droite.
Très critiqué en 2017 par les défenseurs d’une « laïcité de combat » et les pourfendeurs de l’intersectionnalité, le chef de l’État s’en est rapproché en cours de mandat. Clarification idéologique pour les uns, stratégie politique pour les autres, cette évolution en dit long sur celle du candidat à sa réélection.
Face aux tentations eurosceptiques d’une partie de la droite, de plus en plus sensible aux discours de repli, le chef de l’État entend profiter de la présidence de l’Union européenne pour tester ses arguments de campagne présidentielle. En insistant sur deux axes : l’immigration et la crise sanitaire.
Des propositions d’Arnaud Montebourg sur l’immigration aux contorsions de la droite LR face à Éric Zemmour, en passant par les caricatures de certains ministres, le confusionnisme a kidnappé la campagne présidentielle. Emmanuel Macron laisse faire, dans l’espoir d’une réélection.
Au nom d’un « universalisme » qui cache mal d’autres crispations, Emmanuel Macron s’est attaqué aux « logiques intersectionnelles » et aux tenues des jeunes femmes. Le « féminisme » dont il se revendique contribue à forger une vision étriquée de nos identités et de nos sociétés.