Six mois après les débuts poussifs de la vaccination, la France l’impose à de très nombreux professionnels, et pour les autres, en fait une obligation qui ne dit pas son nom, censée combattre la contagiosité du variant Delta puis Omicron. Tous nos articles, enquêtes et reportage, en France et ailleurs.
Omicron a changé le visage de l’épidémie. A minima, onze millions de Français ont été contaminés par le nouveau variant. Une infection, associée au vaccin, offre une réponse immunitaire robuste contre les formes graves. La circulation du virus, dans la population jeune et en bonne santé, fait désormais partie de la réponse sanitaire. À peine instauré, le passe vaccinal a perdu sa légitimité.
Depuis des mois, des femmes témoignent de troubles de leurs menstruations après leur vaccination contre le Covid-19. Si de premières études à l’étranger suggèrent l’absence d’effets graves, la question mobilise avec retard les autorités sanitaires en France, où « les problématiques féminines sont considérées comme secondaires ».
Avec des vaccins peu efficaces pour limiter la transmission du variant Omicron, le raz-de-marée des infections se poursuit. Si une quatrième dose est écartée, des vaccins plus adaptés et de nouveaux traitements sont attendus pour aider à protéger les plus vulnérables.
Le Parlement, qui a reçu 110 000 contributions citoyennes, a commencé lundi l’examen du projet de loi introduisant la vaccination obligatoire générale. Le texte devrait être voté dans la semaine et entrer en vigueur en février, malgré les nombreuses réserves qu’il suscite.
Avant Noël, les partis de la coalition du chancelier Olaf Scholz étaient en faveur de l’introduction d’une obligation vaccinale générale. Mais la progression du variant Omicron, la lenteur de la campagne de primo-vaccination ou les obstacles juridiques et pratiques ont fortement émoussé la volonté d’une majorité dont on ne sait plus vraiment quelles sont les intentions.
Près de 2 000 personnes se sont rassemblées samedi dans la métropole auvergnate pour conspuer le chef de l’État, lui reprochant de vouloir diviser les Français sur la question du vaccin après ses déclarations au « Parisien ». En France, les manifestations ont réuni ce samedi plus de 100 000 personnes.
L’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de vacciner 70 % de la population mondiale contre le Covid-19 d’ici 2022 ne serait pas adapté à certaines réalités locales, plaident certains professionnels de santé africains.
Face au variant Omicron, Emmanuel Macron a fait un choix solitaire, sans aucune validation scientifique, celle d’une contamination massive de la population. Alors que ce président qui se veut tout-puissant étale son « envie » d’« emmerder » les non-vaccinés, les acteurs de terrain tentent de garder leur calme.
Depuis ses vacances, Emmanuel Macron a tenu tour à tour un conseil de défense sanitaire puis un conseil des ministres ce lundi 27 décembre. Jean Castex et Olivier Véran ont présenté les mesures prises pour enrayer l’épidémie de Covid-19 et ses nouveaux variants. Rappel au bout de trois mois, durée d’isolement réduite, télétravail obligatoire, retour des jauges et interdiction de boire ou manger debout… de nouvelles mesures pour inciter sans (trop) contraindre, et entériner le passe vaccinal.
En assumant d’« emmerder » les personnes non vaccinées, mais surtout en expliquant qu’« un irresponsable n’est plus un citoyen », le président de la République, garant de l’État de droit, commet une faute morale, institutionnelle et politique. Il hystérise le débat, divise la société et offre un nouveau souffle à ceux qu’il prétend combattre.
L’exécutif a fait le choix d’une stratégie de harcèlement des personnes non-vaccinées plutôt que d’une obligation vaccinale pour tous et toutes. Cette dernière serait-elle moins liberticide ? Sa mise en place est-elle réalisable ? Et même nécessaire ?
Les propos tenus par Emmanuel Macron, assumant de vouloir emmerder les « non-vaccinés » et remettant en doute leur citoyenneté, ont choqué les personnes qui n’ont pas (encore) fait le choix du vaccin. Partagées entre les doutes et la peur ou convaincues de devoir lutter pour les libertés, ces dernières se sentent incomprises et regrettent d’être stigmatisées.
En présentant le passe sanitaire, puis vaccinal, comme solution miracle face au Covid-19, l’exécutif brouille le message : avoir reçu une double injection n’empêche pas de transmettre le virus et surtout le variant Omicron, très contagieux. La priorité est à la dose de rappel, qui dope la protection, et à la vaccination à l’échelle mondiale.
Jean Castex a annoncé la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal qui ne pourra être valide qu’avec un schéma complet. Mercredi, déjà, Emmanuel Macron avait jugé « tout à fait possible » l’instauration d’une obligation vaccinale en France, malgré les nombreuses questions que poserait une telle mesure.
Certains récalcitrants au vaccin, actifs ou passifs, minorent son utilité sanitaire. Mais les partisans de l’injection sous pression négligent ses conséquences démocratiques, alors que la nouvelle vague touche des populations inégalement protégées.
Plus d’un an après les premiers vaccins contre le Covid-19, ceux des firmes françaises devraient arriver sur le marché début 2022. Pas sûr que leur composition convainque les plus réfractaires à recevoir leur première injection.