Quelle Turquie émergera du bras de fer qui oppose les manifestants à l'intransigeant premier ministre Erdogan ? Ancienne directrice de l’Institut français des études anatoliennes, Nora Seni décrit une société confrontée à la polarisation voulue par le gouvernement mais dont les lignes de convergence sont bien plus importantes que l’attitude du premier ministre turc ne voudrait le laisser croire.
DepuisDepuis l’évacuation par la force, le 15 juin, du parc Gezi à Istanbul, dont le projet de destruction demeure l’un des moteurs de la mobilisation, les manifestations se poursuivent en Turquie. Elles ont même adapté leur action au mois du ramadan, qui a débuté le 9 juillet. Désormais, tous les soirs, à l'heure de la rupture du jeûne, les manifestants se donnent rendez-vous sur l'une des principales avenues d'Istanbul pour dîner ensemble malgré la présence de blindés et de bataillons de policiers. Ici, la répression s'accentue. Ce mercredi, une cinquième personne est morte des suites des manifestations. Il s'agit d'un jeune manifestant de 19 ans, attaqué alors qu'il manifestait le 2 juin dernier à Eskisehir (centre-ouest). L'association turque des médecins affirme que 800 personnes ont été blessées depuis le début du mouvement.