Efficacité, prix, risques... la course effrénée aux vaccins contre le Covid-19

Mediapart compare les données disponibles, au fur et à mesure de leur publication par les laboratoires, pour aider à s’y retrouver parmi les produits distribués en France et Europe, où la campagne de vaccination a débuté fin décembre 2020. 

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95 % d’efficacité pour le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer-BioNTech, 94,1 % pour celui de Moderna, entre 62 % et 90 % selon les doses injectées pour celui d’AstraZeneca et 67 % pour celui de Johnson&Johnson. Le peloton de tête des laboratoires engagés dans cette compétition mondiale dépose au fur et à mesure ses demandes d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités sanitaires. Une fois le feu vert donné, les campagnes de vaccination ont pu débuter, comme le 27 décembre dans l’Hexagone. 

Entre technique de vaccination, efficacité, conditions de conservation plus ou moins contraignantes, prix, capacité de production et doses prévues pour la France, Mediapart mentionne les éléments transmis par les sept fabricants de vaccins sur lesquels l’Europe mise pour protéger sa population de la maladie (sur ordinateur, scrollez horizontalement pour accéder à l’intégralité des colonnes du tableau).

Pour s’approvisionner, la France s’est unie aux autres pays de l’Union européenne. La Commission européenne a négocié en leur nom des contrats de précommandes avec les fabricants. Le but ? Sécuriser des doses de vaccins, attendus comme le Messie dans le monde entier, en exigeant qu’une partie de la production se fasse sur le vieux continent.

Dans le tableau ci-dessus, Mediapart indique le nombre de doses pré-achetées, options de précommandes supplémentaires comprises. Les premiers vaccins Pfizer-BioNTech ont été distribués à la fin de l'année 2020. Les cinq autres vaccins sur lesquels l’Europe a parié pour l’heure arrivent sur le marché au fur et à mesure que leur efficacité est prouvée et qu’ils sont estimés sûrs par l’Agence européenne du médicament.

15 % de ces pré-achats reviennent à la France, c’est-à-dire près de 385 millions de doses en tout. Deux injections sont a priori nécessaires pour prévenir la survenue de signes de la maladie, sauf pour le vaccin Johnson&Johnson qui en propose une seule. La France disposerait alors de quoi vacciner plus de 220 millions de personnes si tous les candidats vaccins sur lesquels elle mise s’avèrent effectivement efficaces et qu’ils obtiennent une autorisation de mise sur le marché.

Avec les quatre premiers à avoir été autorisés, Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson&Johnson, les pré-achats de la France permettraient déjà de vacciner plus de 170 millions de personnes, à terme. Mais ces doses arrivent au compte-gouttes dans un premier temps compte tenu des capacités de production limitées des industriels qui doivent fournir le monde entier et de leur choix de prioriser certains pays. Tout le monde ne peut pas être vacciné début 2021. Des possibilités de revente et de dons des vaccins inutilisés sont prévues par les contrats.

La vaccination en France est gratuite. Les résidents d’établissements accueillant des personnes âgées ainsi que leur personnel ont reçu les toutes premières doses disponibles, selon les recommandations de la Haute autorité de la santé (HAS) présentées le 30 novembre. Cela représente un peu moins d’un million de personnes.

Dans un deuxième temps, les autres adultes de plus de 65 ans et le personnel soignant les plus à risque de développer des formes graves de Covid-19, comme celles présentant des signes de comorbidité tels que le diabète, l’obésité ou encore, le fait d’avoir développé un cancer récent de moins de trois ans, ont suivi. Un peu moins de 15 millions de Français sont concernés.

Dans un troisième temps, les autres personnes à risque de plus de 50 ans, l’ensemble des professionnels des secteurs de la santé et du médico-social ont pu commencer à recevoir des injections ; les opérateurs des secteurs « essentiels » (« indispensables au fonctionnement du pays [à déterminer] par le gouvernement, secteurs de la sécurité ou de l’éducation par exemple », selon la HAS), devraient suivre également. À ce stade, plus de 30 millions de personnes, soit près de la moitié de la population française, devraient avoir eu accès aux vaccins en priorité.

Un peu plus tard, au fur et à mesure de l’arrivée des doses à venir, dans un quatrième temps, pourront être vaccinées les personnes vulnérables et précaires comme les SDF ou celles vivant en collectivité telles que les prisonniers, ainsi que le personnel les prenant en charge, de même que « les personnes travaillant dans des lieux clos favorisant l’acquisition de l’infection (ouvriers du bâtiment, abattoirs, etc.) », selon la HAS.

Dans un cinquième temps, les 18-50 ans non ciblés antérieurement pourront avoir accès aux vaccins. La HAS espère récolter d’ici là suffisamment de données pour savoir si les vaccins limitent la transmission du virus en plus d’empêcher la survenue de la maladie. Emmanuel Macron a affirmé le 1er décembre envisager une campagne de vaccination pour le grand public « entre avril et juin ».

L’instance attend aussi des données ultérieures pour livrer son avis sur la vaccination des enfants, non intégrés dans les essais cliniques menés par les laboratoires.

D’autres vaccins dans le monde sont en phase finale d’expérimentation, comme Cansino, Sinopharm ou Sinovac. Avant même que les essais cliniques ne soient terminés, ils ont déjà été massivement distribués en Chine. En revanche, ils ne devraient pas être vendus en Europe.

L’Américain Novavax est également bien placé dans cette course mondiale aux vaccins, de même que l’indien Bharat. Enfin, l’Agence européenne du médicament étudie les performances du vaccin russe Spoutnik-V.