Depuis 2007, la police et la justice enquêtent sur le patrimoine faramineux en France de la famille Bongo. Immeubles, hôtels particuliers, voitures de luxe, montres, vêtements de marque, œuvres d’art... Les montants en jeu, qui sont le fruit de la corruption et de détournements de fonds, d’après les enquêteurs, sont astronomiques. Les révélations de Mediapart.
Le coup d’État militaire du 30 août au Gabon semble mettre fin à 56 ans de pouvoir de la dynastie Bongo. Le règne de cette famille a reposé avant tout sur les revenus du pétrole et sur ses liens avec la France.
Selon les récentes conclusions d’un magistrat anticorruption, Ali Bongo a non seulement acquis ces dernières années de nombreux biens immobiliers à Paris grâce à des malversations mais il ne peut ignorer l’origine présumée frauduleuse du faramineux patrimoine familial en France, estimé à au moins 85 millions d’euros.
Le juge d’instruction chargé de l’affaire des « biens mal acquis » a établi, grâce aux archives policières du dossier Elf, que c’est avec l’argent de la corruption pétrolière que le clan présidentiel au Gabon a blanchi en France des dizaines de millions d’euros, notamment grâce à la BNP, selon l’enquête.
Rapports, notes internes, mails… : la police judiciaire a mis la main en perquisition sur de nombreux documents qui prouvent l’implication et les manquements de la première banque de France dans le volet gabonais de l’affaire. « C’est entre la négligence et la crédulité », a pudiquement commenté un haut responsable du géant bancaire devant le juge.
Condamné dans l’affaire Elf, dont il fut le PDG, Loïk Le Floch-Prigent a récemment été entendu comme témoin par un juge dans le scandale des biens mal acquis. Il a confirmé que l’argent du pétrole a permis de financer personnellement des présidents africains, notamment au Gabon et au Congo-Brazzaville. Et assuré que le système perdure aujourd’hui, sous d’autres formes.
Mediapart publie un rapport « strictement confidentiel » qui confirme et amplifie nos premières révélations sur la société Delta Synergie, boîte noire de l’économie gabonaise, dont l’un des principaux bénéficiaires est l’actuel chef de l’État, Ali Bongo. Problème : selon la Constitution du Gabon, « les fonctions du président de la République sont incompatibles avec l’exercice de toute […] activité à caractère lucratif ».
Mediapart révèle plusieurs documents confidentiels sur l’héritage de l’ancien président du Gabon, Omar Bongo. Ils lèvent un coin de voile sur un système de captation des richesses de tout un pays d’une rare ampleur. Au moins deux entreprises françaises présentes sur place, Veolia et la BNP, sont citées. C’est une bombe à retardement pour la présidence d’Ali Bongo.
Les juges chargés de l’affaire des Biens mal acquis ont été saisis par le parquet national financier de soupçons de « blanchiment de détournement de fonds publics » liés à l’héritage de l’ancien président du Gabon. En cause : trois comptes offshore ouverts à Monaco, créditeurs de plus de 34 millions d’euros. Ali Bongo, actuel chef de l’État gabonais, est l’un des deux légataires universels de son père.