Au Québec, André C. Côté occupe un poste dont les Français ne soupçonnent même pas l’existence: «commissaire au lobbyisme». Son rôle: surveiller les «influenceurs» qui s’affairent auprès des élus, et sanctionner ceux qui enfreignent la réglementation, l'une des plus strictes au monde. L'idée: reconnaître la légitimité de ces activités, pour mieux tenter de les encadrer. Si nombre de députés français vantent en coulisse ce «modèle», le Palais-Bourbon vient pourtant de renoncer à l'importer. Mediapart a interrogé ce «commissaire» d'une drôle d'espèce (autorité indépendante nommée par l'Assemblée nationale québécoise), dont le récit souligne le retard hexagonal.
Dix ans d’âge, et plus fragile que jamais: la zone euro, en pleine récession, est au cœur de toutes les inquiétudes. Quel avenir pour les critères de Maastricht? Peut-on imaginer des mécanismes de solidarité en Europe pour soulager la dette de certains pays? A quoi joue l’Allemagne? Eléments de réponse avec l’économiste allemand Stefan Collignon, longtemps professeur d’économie européenne à la London School of Economics, et fervent militant de l'union monétaire sur le continent.
Deux ans exactement après l'éclatement de la crise des «subprime», où en est-on ? Que faire face aux urgences économique, alimentaire, sociale et climatique ? Pour trouver des réponses à ces questions compliquées, Mediapart s'est entretenu avec Amartya Sen, prix Nobel d'économie en 1998 et penseur pionnier des questions de développement. L'auteur d'Ethique et économie, professeur à Harvard et Cambridge, milite pour un retour en force de l'Etat, propose des alternatives au G-20, applaudit aux premiers pas d'Obama et prend ses distances théoriques avec Keynes. «Le monde, de plus en plus interdépendant, s'est tellement rétréci qu'il nous faut tous désormais penser à l'échelle de la planète», prévient Sen.
Le cinéaste iranien, qui fait office de porte-parole international du candidat prétendument vaincu Mir Hossein Moussavi, en appelle aux gouvernements étrangers pour qu'ils ne reconnaissent pas la victoire d'Ahmadinejad. Il se dit convaincu que plus rien ne sera comme avant en Iran, et n'exclut pas la possibilité de bains de sang.
Annick Coupé est porte-parole de l'union Solidaires qui regroupe les syndicats Sud, entre autres. Partisane d'une grève générale reconductible, en désaccord sur la stratégie de la CGT et de la CFDT, elle dit pourquoi elle restera dans l'intersyndicale, même après la journée de manifestations du samedi 13 juin qui s'annonce peu réussie: «Malgré des mobilisations de 24 heures très fortes, gouvernement et patronat n'ont rien cédé sur l'essentiel et ne changent pas de politique.» En même temps, «la plupart des organisations rechignent et ne veulent pas construire un mouvement d'ensemble plus fort». Selon elle, il faut infléchir la stratégie syndicale dans le sens d'un «affrontement global avec le gouvernement». Sinon, les salariés risquent d'être «découragés».
Réforme de la procédure pénale, suppression du juge d'instruction, indépendance du parquet... Eric de Montgolfier, pour la première fois, s'exprime sur ces thèmes, en exclusivité pour Mediapart. L'iconoclaste magistrat n'est pas hostile à la suppression des juges d'instruction («pas aussi indépendants qu'ils le proclament», selon lui), mais souhaite en contrepartie offrir d'importantes prérogatives aux juges de l'enquête censés leur succéder. Le procureur de Nice, rendu célèbre par l'affaire VA-OM en 1993, puis par sa dénonciation des réseaux maçonniques à son arrivée sur la Côte d'Azur (en 1999), ne ménage pas la garde des Sceaux : «Mme Dati, c'est la justice au service de la politique», dit-il. Il révèle que la chancellerie lui refuse toute promotion. «C'est la preuve que l'indépendance a un prix», conclut M. de Montgolfier.
François Bayrou a tiré, mardi soir, quelques enseignements de sa défaite aux européennes. Aux critiques de Corinne Lepage, qui l'accusait de «jouer trop perso», le président du MoDem a répondu en annonçant une réorganisation du parti. «Ultra-minoritaire», Corinne Lepage estime «avoir été entendue» sur les méthodes de travail et la place de l'écologie. Elle souhaite désormais «un MoDem rénové à [sa] sauce, rassembleur, démocratique, ouvert». Elle revient sur la «responsabilité» de François Bayrou dans cette défaite. Entretien.
Proche de Ségolène Royal, François Rebsamen a un temps envisagé, la semaine dernière, de faire le trait d'union avec les amis de François Hollande, pour renverser Martine Aubry. Rentré dans le rang, il n'en est pas moins critique envers la campagne européenne. Avant le conseil national de mardi 9 juin, le sénateur et maire de Dijon (Côte-d'Or) appelle, dans un entretien à Mediapart, à «une analyse partagée de la défaite» et à plus de «collectif» au sein de la direction du parti.
Pour le politologue, seuls les retraités et les classes moyennes supérieures et intellectuelles se sont mobilisés pour ce scrutin européen, ce qui explique en partie le succès des écologistes, qui ont réussi à mobiliser un électorat autour d'une campagne de projet. Selon lui, les socialistes sont restés paralysés par leur dernier congrès, dont ils ont sous-estimé l'impact, au lieu de prendre des risques.
Jacques Généreux, tête de liste du Front de Gauche dans l'Ouest, revient sur le score (5,99%) de cette formation, assemblage du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, du PC et de minoritaires de l'ex-LCR. Professeur d'économie à Sciences-Po, il appelle à nouveau à l'unité avec le NPA en vue des régionales. Et se félicite du succès d'Europe-Ecologie.