Né d’un travail d’enquête commencé dans les colonnes de Mediacités, « Le Prix du berceau », de Mathieu Périsse et Daphné Gastaldi, consacré à l’impact de la privatisation du secteur de la petite enfance, pose avec force une question de fond : les crèches sont-elles un business comme un autre ? Extraits.
Depuis la mort de Nahel mardi, le quartier de la Paillade à Montpellier s’est embrasé quasiment chaque soir. Comme pour les extirper du chaos ambiant, l’auteur Nourdine Bara a convié les enfants du coin à un échange littéraire salutaire, malgré les effluves de goudron brûlé.
Alors que le gouvernement promet la création de 200 000 places d’accueil du jeune enfant, le business des crèches privées échappe toujours au contrôle de l’État. Le réseau Montessori NeoKids, qui vient d’être placé en redressement judiciaire, en est la parfaite illustration.
Depuis 2021, une agence d’intérim, Domino Assist’m, a fait effraction dans le monde de la protection de l’enfance. Cette entreprise privée remporte ses premiers marchés et compte faire de l’accueil des enfants placés une nouvelle source de profits.
Pour accéder à l’école, des élèves des communes de l’intérieur sont confiés à des familles d’accueil sur le littoral, où les abus et négligences sont monnaie courante. Mis en place en 2005, ce système prolonge les violences éducatives perpétrées durant la colonisation. Alors que les institutions restent largement sourdes aux alertes, Mediapart a enquêté pendant plus d’un an.
Dans le Nord, les assistantes familiales qui accueillent des enfants en danger ont le sentiment d’écoper un paquebot en train de sombrer. Le métier a de plus en plus de mal à recruter. Longtemps solitaires, les « AssFam » se mobilisent désormais aux côtés d’éducateurs, d’avocats et de magistrats.
Bien que la justice ait identifié un danger au sein de leur famille, des centaines d’enfants sont laissés sans protection, à cause d’une pénurie de personnel et de places en foyer. Un phénomène dont les pouvoirs publics ignorent eux-mêmes l’ampleur. Mediapart a mené l’enquête pour la Journée internationale des droits de l’enfant, ce 20 novembre.
Un récent rapport interministériel accable le système de la protection de l’enfance, à la suite du décès de ce nourrisson, au Mans, à la fin 2021. L’enquête de Mediapart révèle que le premier juge des enfants chargé du dossier était sous le coup d’une procédure disciplinaire.
Financements faméliques, éducateurs à la peine… Un an après le lancement du plan gouvernemental contre la prostitution des mineures, la protection de l’enfance est incapable de faire face à une criminalité endémique.
Dès 2017, ils ont tenté d’alerter au sujet des violences commises dans les centres éducatifs où ils travaillaient. Longtemps, ils n’ont pas été entendus. Pire, ils ont été harcelés. Deux ans après la révélation des maltraitances sur des enfants placés en Alsace, ces lanceurs d’alerte racontent comment leur vie a basculé.
Victor a 15 ans et vit dans un foyer. Il a déjà conscience qu’il ne sera pas accompagné après sa majorité. Alors, comme pour passer le temps, il dessine des maisons, et décide de construire une « tiny house ». À travers ce chantier, nous découvrons un bout de sa vie… et la naissance de son superpouvoir ? Le film photographique « Cape ou pas cape ? » a reçu le prix Diapéro dont Mediapart est partenaire lors du festival Les Nuits photo 2022 à Paris.
Dans le XXe arrondissement de Paris, les professionnels, qui ont de plus en plus de mal à mettre les mineurs à l’abri, dénoncent une situation intenable. Après l’hospitalisation d’une de leurs collègues, blessée dans une altercation avec une adolescente, un appel à la grève est lancé.
Vitrine du gouvernement en matière de lutte contre la délinquance des mineurs, ces établissements alternatifs à la détention sont très bien servis dans le budget de la justice, examiné mardi par les députés. Vingt ans après leur création, leur bilan est pourtant critiqué de toutes parts.
Emmanuel Macron a appelé lundi à « investir dans la petite enfance », mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’usage de l’argent public dans ce secteur. Sa libéralisation fait prospérer des acteurs privés qui développent des places d’accueil autant que leurs affaires.
Mediapart donne la parole à quelques-un·es des 180 000 enfants placés, qui subissent un confinement à part, loin de tout domicile parental. Ces adolescentes racontent ce qu’est leur vie confinée : stress, éducateurs épuisés… « C’est hyper dur. »
Après le 11 mai, des violences cachées à l’intérieur des familles pendant des semaines vont émerger, d’une ampleur sans doute inédite. Tous les indicateurs sont au rouge. Et le système de protection des mineurs n’aura pas été à la hauteur.