Promise par Emmanuel Macron et effective depuis mardi, la création de cette nouvelle instance est censée apaiser les craintes de spécialistes des droits des enfants choqués par l’absence de ministre dédié dans le gouvernement Bayrou. C’est en partie raté.
Les députés doivent examiner mercredi une proposition de loi qui prétend « restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs ». Mediapart donne la parole à des acteurs judiciaires que cette réforme ne convainc pas. Au mieux, ils la jugent inutile. Au pire, dangereuse.
La sociologue Julie Ancian a étudié des dizaines de cas de néonaticides, perpétrés dans les heures qui suivent l’accouchement. Selon ses recherches, ils sont le plus souvent commis par des femmes précaires et isolées, victimes de violences sexistes et sexuelles et lésées dans l’accès à l’IVG.
Les enfants tués par leurs parents ne font l’objet d’aucun recensement précis en France. Parce que ces décès sont parfois dissimulés, mais aussi parce que les outils de collecte d’information manquent. Cette incurie statistique dit beaucoup de l’absence de volonté politique dans ce domaine.
L’analyse de 46 affaires survenues en 2024 révèle à quel point les violences sur les enfants sont systémiques. Et souligne l’ampleur du déni qui persiste en France sur le sujet.
Avec le Collectif enfantiste, la journaliste Marie Albert s’efforce de recenser les affaires où des adultes tuent des enfants. Objectif : dénoncer une société qui minimise l’ensemble des violences que ces derniers subissent.
Ces histoires ne sont pas des cas isolés. Rapprochées les unes des autres, elles racontent une violence systémique. Mediapart revient ainsi sur 46 morts violentes d’enfants survenus en 2024 dans le cadre familial. Parce que ces morts comptent et devraient nous interroger bien davantage.
À l’issue de plusieurs années d’enquête, l’autorité indépendante a publié mercredi 29 janvier une décision d’une ampleur inédite, qui pointe de « graves » atteintes aux droits des mineurs. Elle replace l’État devant sa responsabilité : « Rester garant du respect de l’intérêt supérieur de l’enfant ».
Victime de violences dans un foyer de la Marne, cet enfant placé de 14 ans est déclaré en fugue depuis plus d’un mois. Son ancienne famille d’accueil, qui l’héberge malgré les rappels à l’ordre de l’ASE, refuse de le remettre dans une structure inadaptée.
Médias et politiques parlent beaucoup des enfants. Mais les violences qu’ils subissent, pourtant massives, restent encore largement invisibles. Protéger les enfants est une urgence politique. « À l’air libre » reçoit les militants Lyes Louffok et Claire Bourdille, et Mathilde Mathieu, chargée à Mediapart des questions liées à l’enfance.
Des mesures phares de la proposition de loi concoctée par l’ancien premier ministre, soutenue par le RN, ont sauté mardi en commission des lois, notamment les comparutions immédiates dès 16 ans. Mais la bataille menée par le NFP doit se poursuivre lundi prochain dans l’hémicycle.
Guillaume F. doit être jugé en décembre pour des viols commis sur son bébé. Jusqu’à leur découverte, la justice avait déjà eu affaire à lui à trois reprises pour des consultations d’images illégales. Son parcours interroge le traitement des « cyberpédocriminels visionneurs ».
L’association anticorruption saisit la justice de possibles détournements de fonds publics, à la suite des révélations de Victor Castanet. Le journaliste juge « sidérante » l’absence de réaction du gouvernement depuis la sortie de son livre en septembre.
Mediapart s’est rendu compte, fin octobre, que la loi ne prévoyait aucune vérification des antécédents des « tiers de confiance » auxquels sont confiés certains enfants placés. Vendredi, une députée a saisi le garde des Sceaux. « Des travaux vont être menés rapidement pour combler ce vide », nous indique le ministère de la justice.
D’après nos informations, une juge de Montauban a ordonné, en 2023, le placement d’un mineur au domicile d’un voisin sans que le casier de celui-ci ait été vérifié. Ses antécédents ont été découverts par hasard il y a quelques semaines. Une affaire qui révèle une faille réglementaire.
Une mère de famille était jugée mardi 22 octobre devant le tribunal correctionnel de Reims pour avoir livré ses quatre enfants à eux-mêmes, des heures durant, dans un appartement retrouvé plein d’excréments.