Anthropologue, Jean-Luc Bonniol est un des meilleurs connaisseurs de la société guadeloupéenne. Fort de plus de trente ans de recherches de terrain, il analyse pour Mediapart la forme, le discours et les sources du mouvement social qui secoue l'île depuis plusieurs semaines. Entretien.
Simone Weil, philosophe illustrant les furies adverses d'un XXe siècle qui la broya en 1943, était née le 3 février 1909. Cet esprit volcanique et poétique, dévorant et acharné, prend un relief singulier en notre début de XXIe siècle cynique et découragé. Le centenaire de sa naissance donne l'occasion de revisiter un personnage-aiguillon, quelles que soient ses outrances. De plus, cette commémoration voit la publication d'un livre épatant de sa nièce, Sylvie Weil.
A l'occasion de « Rendez-vous de crise », une série de conférences et débats organisée par l'Ecole des hautes études en sciences sociales, à laquelle s'associe Mediapart, l'économiste André Orléan analyse les origines de l'effondrement du système financier, pointant la trop grande confiance accordée aux mécanismes de marché dans la construction de notre économie.
Deux figures de la littérature, Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, cosignent une adresse au nouveau président des Etats-Unis. Puisque son élection a constitué un véritable «miracle poétique», ils s'emparent de l'image de Barack Obama pour mieux la construire et la projeter dans L'Intraitable Beauté du monde. Entretien vidéo.
Roi de l'effet d'annonce et empereur de l'ex nihilo, le président de la République a préféré sortir de son chapeau, en prétendant le créer de toutes pièces, un musée d'histoire de la France, alors qu'il en existe déjà au moins un, aux Archives nationales, dont la mue était envisagée depuis plus d'un lustre. Mais l'histoire nationale fait partie de l'apanage du pouvoir, qui préfère la proclamation à la délibération. Retour sur les vicissitudes d'un musée stratégique parce que symbolique.
Dans « La Sainte Ignorance », un essai rejetant les thèses simplistes du retour du religieux ou du « choc des civilisations », le politiste Olivier Roy met au jour un processus de séparation de la religion d'avec la culture d'où elle a émergé. Particulièrement bien adapté à la mondialisation, ce « pur religieux » est un « fast seller » dont le succès peut retomber aussi vite qu'il est monté. Exemples avec Benoît XVI, la droite religieuse américaine ou encore l'Etat islamique du Pakistan.
Dans les deux derniers épisodes de L'Apocalypse diffusés samedi 20 décembre à 21h sur Arte, les auteurs, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, affinent leur problématique réduite par quelques dépréciateurs au niveau d'un dada idéologique: le christianisme n'a-t-il pu triompher qu'en confiant ses intérêts à l'Église et ce au prix du message christique? La quête identitaire de cette religion puînée ne l'a-t-elle pas menée au meurtre symbolique toujours recommencé de la source même à jamais supplantée ou voulue comme telle: le judaïsme?
Samedi 6 décembre à 21 heures sur Arte, 3e et 4e épisodes de la série documentaire de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, L'Apocalypse, sur la constitution du christianisme comme doctrine et communauté jusqu'au début du Ve siècle. Où il est montré que l'exaltation et la gestion du martyre, à défaut de convertir de soudains admirateurs, fortifia le combat chrétien. Où il est expliqué à quel point la dissension religieuse entre chrétiens et juifs, au IIe siècle, prit un tour inexpiable...
Dans L'Apocalypse, une série documentaire de douze épisodes diffusés deux par deux chaque mercredi et samedi soir (21 heures) sur Arte du 3 au 20 décembre, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur analysent les premiers pas du christianisme. Quarante-quatre savants, interrogés à partir des textes qui nous sont parvenus, brossent la stratégie d'une secte juive devenue machine à produire de la religion, du pouvoir et de l'identité, qui parvient en trois siècles et demi à surclasser Israël et à s'accaparer l'Empire romain.
Avec « Histoire personnelle de la cinquième République », François George revisite un demi-siècle d'histoire politique en réévaluant les desseins et les destins, à la lumière de la pondération qui a fini par envelopper cet ancien boutefeu sartrien à la plume toujours vive.
Face aux crises climatique et énergétique, émergent de nouveaux modèles agricoles, financiers, militants, experts. Ils se projettent dans un futur pas forcément anxiogène, où la partie n'est pas perdue d'avance. Quatrième volet de notre série : comment intégrer la nature dans notre système politique? (4/5).
Le 13 mai 1958, la prise du GG (gouvernement général) sur la place du Forum d'Alger par des partisans surchauffés de l'Algérie française, qui enrôlèrent le général Massu, aboutit à un appel au général de Gaulle, suivi de son retour au pouvoir. Rappel de ce qui demeure comme un spectre qui hante la Ve République...
Nicolas Sarkozy a dû repousser à jeudi son interview télévisée, pour cause d'obsèques nationales d'Aimé Césaire. Mais, sur place, il fut contraint au silence, interdit de discours pendant que le peuple martiniquais enterrait l'auteur du Discours sur le colonialisme.
Trois historiens révèlent que, pour forcer la décision des juges, Alfred Dreyfus fut aussi présenté comme lié à un réseau d'attachés militaires étrangers homosexuels. Ce volet de l'Affaire est publiée dans la Revue Histoire Moderne et Contemporaine.
Dans cet entretien, la journaliste canadienne Naomi Klein analyse les difficultés d’enquêter sur l’Irak, et ce que ces difficultés disent des nouvelles zones d’ombre du pouvoir américain.