La mauvaise gestion des secours et l’absence flagrante d’une politique publique parasismique, par un État qui depuis vingt ans a construit sa politique économique sur un secteur du BTP laissé sans aucun contrôle, ont causé des milliers de morts et déchaînent la fureur des victimes.
À l’approche de l’élection présidentielle du printemps, le pouvoir turc semble vouloir mettre hors jeu un candidat potentiellement dangereux pour le président sortant. Lequel ne craint pas d’aggraver la polarisation du pays, ni d’élever le niveau de tension et de répression.
À six mois d’une élection présidentielle cruciale, un attentat non revendiqué à Istanbul sert de prétexte au président turc pour lancer une campagne de bombardements dans le nord de la Syrie.
Après que le président russe a décrété la mobilisation partielle des réservistes pour faire face à la contre-offensive de l’armée ukrainienne, de nombreux citoyens fuient le pays afin de ne pas être envoyés sur le front.
Après s’être opposé à l’entrée des deux pays scandinaves au sein de l’Alliance atlantique, Ankara a finalement accepté contre leur engagement de lutter contre le le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Une nouvelle illustration de la politique de rapport de forces du président Erdogan.
Membre de l’Otan (l’Alliance atlantique qui tient un sommet extraordinaire ce jeudi à Bruxelles), très actif sur le front diplomatique, accueillant des Russes sur le chemin de l’exil, Ankara est parvenu jusqu’à présent à ne fâcher ni ses partenaires occidentaux, ni Moscou.
Très proche de Kiev, la Turquie veille néanmoins à ne pas se brouiller avec Moscou. Jusque-là, en effet, elle coopérait de plus en plus avec la Russie, au fur et à mesure de la dégradation de ses liens avec Européens et Américains. Un exercice difficile en raison de l’escalade actuelle.
Coincées par le pacte migratoire signé avec Bruxelles, plus de cinq millions de personnes, venues en majorité d’Afghanistan et de Syrie, doivent faire face à la crise économique, au rejet croissant de l’opinion publique et aux mauvais traitements des autorités.
Le président turc a pris le contrôle de la politique monétaire du pays, déclenchant une inflation record qui touche durement les classes moyennes et populaires.
Le président turc semble très désireux de s’entendre avec les nouveaux maîtres de Kaboul, mais craint de voir arriver une vague de réfugiés fuyant le nouveau régime taliban.
Alors que le sud du pays brûle, la minorité kurde est victime d’une série d’attaques racistes alimentées par des rumeurs sur son rôle dans les incendies. Erdogan semble lui-même y donner crédit. Le HDP, parti de gauche pro-kurde, est menacé d’interdiction. Un vent mauvais souffle sur la société turque.
Turquie, un pays sous les barreaux (3/4)
— Analyse
Le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 a fourni au président turc l’occasion d’une refondation de l’institution militaire autour de cadres acquis au pouvoir, pour en faire un nouvel outil au service du régime.