EADS devait être le symbole de la construction européenne. Le groupe évolue comme l'union: l'esprit de coopération a disparu pour laisser toute leur place aux égoïsmes nationaux. Et la défiance des salariés français à l'égard de l'Allemagne est totale.
NonNon, les salariés allemands et français ne se sont pas battus dans le restaurant d'entreprise à Toulouse. Non, il n'y a pas eu d'altercations violentes sur les chaînes. Dix-huit mois après, de nombreux témoins s'inscrivent en faux contre la présentation qui avait pu être faite dans la presse des tensions sur le site toulousain. Et ils en veulent beaucoup à ceux qui semblent avoir été tentés à un moment de jouer avec les vieux démons nationalistes. «Je suis fier d'avoir publié tout de suite un tract intitulé “Non au poison du nationalisme”. Nous nous sommes entendus avec IG Metall (syndicat allemand de la métallurgie et de l'aéronautique) pour réagir ensemble. Cela a arrêté net un processus qui aurait pu être dangereux. Car dire que c'est la faute aux Allemands, c'est trop facile. Cela permet d'éviter les vraies questions», raconte aujourd'hui Hubert Prévaud, délégué du personnel CGT d'Airbus France. Aujourd'hui, les syndicats français sont unanimes à condamner la tentation du nationalisme. Mais en même temps, ils ne peuvent s'empêcher de le dire: la question des partages entre les différents pays partenaires d'EADS, entre la France et l'Allemagne, est un sujet réel. Mais personne ne souhaite l'aborder franchement, par peur de déchaîner les passions.