Cela pourrait ressembler à une mauvaise plaisanterie si l'air de l'ambassadeur de la Bolivie à l'ONU pour le climat, Pablo Solon, n'était si grave: les émissions mondiales de gaz à effet de serre des pays industrialisés pourraient augmenter en 2020 par rapport à leur niveau de 1990, alors qu'elles sont censées diminuer de 25 à 40% pour limiter la hausse des températures sous 2°C. Malgré le protocole de Kyoto, et en dépit des promesses des pays développés à Copenhague de réduire leurs émissions de CO2 d'ici 2020, cette hausse pourrait atteindre jusqu'à 8%, dénonce la Bolivie. «C'est inacceptable!, a tonné Pablo Solon, lors d'une conférence de presse mercredi à Bonn. Les pays développés ont créé ce problème, ils doivent le résoudre.»
Une telle dérive des émissions de carbone est-elle vraiment possible? C'est ce que laissent croire des chiffres tout à fait officiels compilés par le secrétariat des Nations unies, mais pas encore rendus publics. L'ONU a analysé les objectifs de réduction des émissions que les pays industrialisés signataires du protocole de Kyoto (à l'exception des Etats-Unis, donc) ont mis sur la table depuis la conférence de Copenhague. Additionnés les uns aux autres, ils annoncent une baisse des rejets comprise entre 10 et 14% en 2017 – toujours par rapport à 1990. C'est déjà nettement en deçà que les moins 25 à moins 40% nécessaires en 2020, selon les estimations du Giec.
Mais s'ajoutent à ce calcul des phénomènes d'«échappatoires» («loopholes» dans le langage anglophone des négociations), qui permettent de décompter une partie du gaz carbonique émis. Comment? Par des mesures en apparence techniques qui pourraient se traduire par des effets massifs. La comptabilisation des rejets liés à l'usage des terres et des forêts (négociation intitulée, ça ne s'invente pas, «LULUCF») pourrait ainsi s'avérer déterminante.
Les émissions mondiales de CO2 risquent d'augmenter
Contrairement à leurs promesses, les pays industrialisés risquent d'augmenter, grâce à des jeux d'écriture, leurs émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir, au risque d'aggraver la crise climatique. Des estimations révélées par l'ONU provoquent la colère des pays en développement.
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