Interviendra, interviendra pas? Le Fonds monétaire international (FMI) va-t-il voler au secours d'Athènes, conséquence de l'incapacité de l'Union européenne à formuler une réponse collective face à la crise grecque? Un porte-parole du gouvernement allemand a confirmé, lundi 22 mars, l'éventualité d'un tel scénario, alors que Berlin rechigne encore et toujours à «donner de l'argent à la Grèce», selon les mots du ministre Wolfgang Schäuble. L'affaire pourrait se dénouer lors du Conseil européen à Bruxelles jeudi et vendredi. Angela Merkel a déjà fait savoir, lors d'un entretien radio dimanche, qu'elle regrettait les «fausses attentes» suscitées par ce sommet. Quant à Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des finances des 16, il a déclaré lundi qu'il n'excluait pas une aide conjointe du FMI et de la zone euro.
L'intervention du FMI en Grèce constituerait une première pour la zone euro. Mais pas pour le vieux continent: depuis 2008, le Fonds est venu en aide envers des membres de l'Union (Hongrie, Roumanie, Lettonie) comme envers d'autres Etats européens (Islande, Ukraine, Biélorussie, etc.). Dans l'hypothèse d'un plan de sauvetage en Grèce, le FMI pourrait imposer de nouvelles mesures d'austérité à Athènes, après les exigences déjà fixées par la Commission européenne. La potion de Washington, encore plus dure à avaler pour les Grecs que le remède bruxellois? A moins que l'institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn, la crise économique aidant, se soit au contraire «adoucie» et «transformée».
S'il intervient à Athènes, le FMI devrait conclure un «SBA», pour stand-by arrangement (un «accord de confirmation», dans le jargon). Le principe est connu: l'institution débloque des lignes de crédit à un pays mal en point, sur une durée d'un à deux ans, à condition que l'Etat en question s'engage à réaliser des objectifs précis de politique économique (monétaire et budgétaire). Les autorités disposent ensuite de 29 mois à cinq ans pour rembourser. Depuis l'éclatement de la crise des subprime, le FMI a versé, ou promis de verser, quelque 200 milliards de dollars sur la planète, en grande partie via des «SBA». En Ukraine, par exemple, l'institution a accordé en novembre 2008 une aide d'urgence de 16,4 milliards de dollars, dont 10,6 milliards ont été versés à ce jour. La Grèce, elle, doit trouver d'ici mai quelque 16 milliards d'euros.
La potion FMI serait-elle encore plus dure à avaler pour les Grecs?
Berlin ne veut toujours rien entendre: pas question de «donner de l'argent à la Grèce». Si la solution européenne pour sauver Athènes s'enlise, le FMI pourrait bien intervenir. Avec une question: les exigences d'austérité imposées par le Fonds seraient-elles encore plus sévères que celles fixées par la Commission européenne?
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