France

Adlène Hicheur condamné, un dangereux précédent pour les libertés publiques

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Adlène Hicheur à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ». « Quand la culpabilité est assumée depuis le premier jour par les plus hautes autorités de l'État, pensez-vous qu'un juge puisse la remettre en cause ? » a tonné son frère.

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Le parquet avait requis six ans, le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi Adlène Hicheur, 35 ans, à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ». Quatre ans ferme pour avoir évoqué de vagues projets d'attentats dans des courriels échangés en 2009 avec un internaute, présenté par la DCRI comme un cadre d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
À peine la cour entrée et le public assis, la décision était prononcée, de façon quasi inaudible, par la présidente du tribunal, Jacqueline Reyberotte, qui s'éclipsait aussitôt, laissant place au désarroi des proches de cet enseignant-chercheur en physique des particules, détaché au CERN, près de Genève. « On est humains quand même, peste un jeune homme, venu de Vienne (Isère) avec d'autres amis d'enfance d'Adlène Hicheur. Elle est rentrée et sortie aussitôt en rasant les murs ! »
L'avocat du physicien, Me Patrick Baudoin a dénoncé « un procès joué d'avance », et une condamnation sur de « simples mots » constituant un précédent « très dangereux pour les libertés publiques ». « Si cette jurisprudence se développe, ce sont des centaines d'internautes qui risquent des années de prison, pas seulement du côté du radicalisme musulman, mais également du côté de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite », met-il en garde. (Lire le jugement (en pdf) ici)
Compte tenu des remises de peine et des deux ans et demi de détention provisoire déjà effectués par Adlène Hicheur, ce dernier, pourtant décrit par le procureur, lors du procès, fin mars, comme un dangereux « terroriste en puissance », pourrait être libéré dans les prochaines semaines. Mais le tribunal n'en est pas à une contradiction près. « Ils ont fait en sorte que la décision couvre la détention provisoire, lâche Rabah Bouguerrouma, 37 ans, porte-parole de son comité de soutien. C'est “fermez vos gueules, l'affaire est terminée, il sort dans un mois”.»
Lors du procès, les 29 et 30 mars, l'accusation reposait principalement sur une trentaine de courriels échangés sous divers pseudonymes, de janvier à juillet 2009, entre Adlène Hicheur et un internaute rencontré sur un site djihadiste francophone. Ce dernier serait, selon les enquêteurs, un jeune responsable d’Aqmi, Mustapha Debchi, arrêté en Algérie en janvier 2011, dont on ignore depuis le sort. Il est reproché à Adlène Hicheur d'avoir joué un rôle d'intermédiaire et de traducteur sur des sites islamistes proches d'Aqmi, d'avoir eu l'intention d'apporter un soutien financier à son correspondant et d'avoir projeté des attentats en France ou, à tout le moins, la constitution d’une cellule djihadiste. Sur ces trois points, le tribunal a estimé que les faits étaient constitués.
Selon le jugement, « Adlène Hicheur, en servant de relais et de soutien logistiques et médiatiques à diverses structures terroristes de la nébuleuse islamiste radicale, en participant à des discussions via des flux internet avec un membre d'Al-Qaïda au Maghreb islamique parti dans le maquis algérien (….), en lui donnant son accord quant à la création d'une cellule opérationnelle en Europe et en définissant les cibles futures de celles-ci, et enfin, en mettant en œuvre des projets pour soutenir financièrement AQMI, a commis (…) courant 2008 et 2009 le délit de participation à une association de malfaiteurs, en l'occurrence AQMI, ayant pour but de préparer des actes de terrorisme ».

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