Violences sexistes et sexuelles Enquête

Violences sexuelles dans le sport: des agresseurs qui restent en poste

Dans de nombreux cas, des hommes inquiétés par la justice ou déjà condamnés pour des faits de violences sexuelles ont malgré tout conservé des fonctions d’encadrement auprès de jeunes sportifs.

Daphné Gastaldi et Mathieu Martiniere (Disclose)

11 décembre 2019 à 18h02

Cet article est en accès libre.

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Les yeux rivés sur l’écran d’ordinateur, Maxime* fait défiler les photos. Des compétitions en Bretagne, un championnat de France. Nous zoomons sur un individu robuste en costume noir impeccable, la main posée sur le tableau d’affichage des scores. Sur l’image suivante, le même homme prend la pose au milieu de jeunes champions. Le voici encore, plus âgé, la soixantaine passée, micro à la main, animant un tournoi de tennis de table. Sur une dernière photo, il est encore là, en tenue officielle d’un club brestois, aux côtés de deux garçons âgés d’une douzaine d’années.

À des centaines de kilomètres de Brest (Finistère), sur les rives du Rhône, Maxime reste impassible. Ces clichés et la nouvelle vie d’Yves R., son violeur, il ne les connaît que trop bien. Plusieurs fois, le quadragénaire a songé à demander des comptes aux dirigeants du club et de la Fédération française de tennis de table (FFTT), pour leur rappeler les antécédents de l’individu qu’ils emploient. « Mais je n’avais pas de haine, explique-t-il. Maintenant que j’ai des gamins qui ont l’âge que j’avais quand ça s’est passé, j’en ai un peu plus… »

Avec ce père de famille, enseignant dans un lycée de l’agglomération lyonnaise, nous sommes retournés sur la colline de la Croix-Rousse, à Lyon. Là où tout a débuté. « Rien n’a changé », souffle-t-il en s’arrêtant devant le gymnase Maurice-Scève où pratiquent toujours de nombreux pongistes lyonnais.

Le cauchemar de Maxime démarre en 1988. Alors âgé de 11 ans, le garçon s’entraîne à l’ALCR, l’un des plus prestigieux clubs de ping-pong de la ville. Talentueux, il se qualifie pour les finales nationales à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), qui ont lieu à Paris. Durant ce déplacement, son entraîneur de 35 ans s’organise pour dormir dans le même lit que lui. « C’est là où il a commencé », se souvient Maxime.

Pendant près de trois ans, Yves R. lui impose des « séances spéciales » après chaque entraînement hebdomadaire. « Il me disait que c’était pour améliorer mes performances sportives, j’étais con », rembobine le quadragénaire, amer. Les agressions ont en partie lieu à l’internat Favre – spécialisé dans l’accueil de jeunes en difficulté familiale – où Yves R. est surveillant. Mais aussi lors de colonies de vacances organisées en Bretagne par l’entraîneur de ping-pong.

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Pendant l’adolescence, Maxime est resté muré dans le silence. © Martina Cirese pour Disclose

Un décompte établi par Maxime fait état de 150 attouchements, avec ou sans fellation, et 20 actes de sodomie. Lors de l’enquête judiciaire, plus de douze ans après les premières agressions, Yves R. admettra partiellement les faits, mais niera leur fréquence. Il reconnaîtra aussi des actes sexuels commis sur au moins cinq autres garçons mineurs. Parmi lesquels Patrick*, ancien joueur du club de tennis de table de la Croix-Rousse aujourd’hui installé dans le sud de la France. « J’avais 11 ans. Avec deux amis du club, il nous emmenait chez lui et prenait des photos de nos sexes. En échange, il nous donnait des billets de 100 ou 200 francs », confie-t-il à Disclose. Patrick et les quatre autres enfants abusés n’ont pas porté plainte.

Pendant l’adolescence, Maxime reste muré dans le silence. « À l’école, personne n’a soupçonné quoi que ce soit. Pour moi, c’était une autre personne qui était victime », analyse-t-il froidement. Et puis, que faire ? Yves R., éducateur charismatique, respecté et reconnu, est aussi devenu un proche de la famille. Il s’invite à dîner, prend régulièrement des nouvelles, envoie des cartes postales. « Je me disais que j’en parlerais quand mes parents seraient morts, raconte Maxime. Il était devenu un vrai ami… »

Yves R. quitte Lyon pour la Bretagne au milieu des années 1990. Il obtient un poste de directeur de la maison de l’enfance à la mairie du Relecq-Kerhuon, dans la banlieue de Brest, et prend la présidence du club de ping-pong local.

Mais son passé finit par le rattraper car, devenu adulte, Maxime décide de parler. D’abord à son frère aîné. Le 17 janvier 2000, alors âgé de 23 ans, il lui adresse une lettre. « De ma part, c’est peu habituel, écrit-il. Tu l’as compris, il s’agit d’une chose évidemment assez grave qui me préoccupe et je me tourne vers toi, car tu es mon grand frère et que je te fais entière confiance. » Et plus loin : « Yves R., soi-disant “entraîneur formidable”, si gentil… est en fait pédophile et j’ai été de 11 à 14 ans l’une de ses victimes que je pense nombreuses. » Il porte plainte dans la foulée. Lorsque Yves R. revient à Lyon, c’est pour y être jugé devant une cour d’assises.

Après une procédure longue de six ans, le pongiste est condamné pour les multiples viols commis sur Maxime à une peine de cinq ans de prison, dont deux ferme. À sa sortie, il s’exile à Brest où il trouve une place comme dirigeant du club TTC Brest Recouvrance où s’entraînent de nombreux enfants : il organise des tournois et arbitre des compétitions pour la Fédération française de tennis de table.

Malgré son lourd passé de pédocriminel, Yves R. exerce donc toujours au contact de mineurs, depuis près de dix ans.

Joint par Disclose, Yves R. nous confirme qu’il « arbitre des compétitions » de ping-pong. Mais relativise son rôle au sein de l’association TTC Brest Recouvrance. « Quand dans une salle il peut y avoir des jeunes, c’est “bonjour, bonsoir”. Voilà… Je ne suis pas entraîneur, je suis joueur simplement. » De son côté, le président du club, Cyril Cotrel, soutient que le sexagénaire n’encadre pas d’enfants, ajoutant n’avoir jamais eu à se plaindre de son comportement.

« La justice a fait son travail, il a été condamné, il n’y a rien de plus à dire »

Contactée à plusieurs reprises, la Fédération française de tennis de table a fini par réagir le 9 décembre. À la question de savoir comment une personne condamnée pour une infraction sexuelle, en l’occurrence des viols, a pu exercer dans un club de ping-pong, Paul de Keerle, directeur général de la FFTT, rejette la responsabilité sur l’autorité judiciaire.

Selon lui, « le problème c’est que l’information n’arrive pas jusqu’à la tête de la fédération ». En réaction aux questions de Disclose, la fédération a décidé d’agir durant le week-end des 7 et 8 décembre. « La licence d’Yves R. a été suspendue à titre conservatoire. Il ne peut plus participer à aucune compétition », annonce le directeur général. Avant de souligner en guise de conclusion : « La position de la présidence de la fédération est claire. Un adulte condamné pour agression sexuelle sur mineur ne peut plus croiser de jeunes en compétition. »

Encore faut-il sensibiliser les dirigeants de ligues régionales, comités départementaux et clubs de ping-pong à la lutte contre les violences sexuelles.

L’enquête de Disclose révèle que plusieurs dizaines d’éducateurs sportifs, à l’image d’Yves R., sont toujours en poste malgré une condamnation ou une procédure judiciaire en cours. Un phénomène qui souligne le manque de respect grave et répété des interdictions d’exercer au contact de mineurs. Et la méconnaissance absolue de la loi, en particulier ce fameux article 212-9 du code du sport.

À cet égard, l’histoire de Mustapha El Hadifi est édifiante. Le 5 février 2004, pendant un entraînement de judo dans un petit club d’une commune à proximité de Colmar (Haut-Rhin), cet homme de 38 ans agresse l’une de ses élèves, âgée de 13 ans. Deux jours plus tard, la famille porte plainte.

En dépit des faits reprochés, le judoka bénéficie alors de nombreux soutiens dans le petit monde du judo alsacien. « C’était un gars bien, aimé par tout le monde, par tous les sportifs, relate Jean-Pierre Wiss, l’ancien président d’un club de village où intervenait l’éducateur à l’époque. On a même fait des pétitions de soutien. »

En 2007, Mustapha El Hadifi est pourtant condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, pour agression sexuelle sur mineure. Il écope également d’une interdiction d’exercer auprès des enfants.

Fait rare, il a été confondu par son ADN, retrouvé sur la culotte de l’adolescente, au niveau de l’entrejambe. « Le pantalon de kimono se porte en principe fortement serré autour de la taille, peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Colmar. L’hypothèse d’une introduction – fût-elle partielle – de la main dans le pantalon, a fortiori dans la culotte portée sous ce dernier effet, est plus qu’improbable dans le contexte d’une simple séance d’entraînement. »

Joint par téléphone, l’agresseur dit avoir « payé et souffert ». Mais nie toujours les faits : « J’avais quand même derrière mois une trentaine d’années d’enseignement et j’ai en moyenne deux cents élèves par année… Une seule fille m’accuse, sur tant de filles. C’est vraiment un bon coup monté. C’est une histoire de village. Ce n’est pas ça qui va arrêter ma vie, mon travail et ma passion. »

En effet, dès sa sortie de prison, Mustapha El Hadifi retrouve un poste d’entraîneur au club Arts martiaux de Colmar. « J’étais directeur technique du club et entraîneur pendant quelques années pour les adultes », se défend-il. Plusieurs témoins rencontrés par Disclose assurent qu’il entraînait également des enfants. « Il lui était impossible de respecter son interdiction puisqu’il y avait aussi des mineurs dans les cours pour adultes qu’il dirigeait », affirme notamment Alfred Rosenzweig, ancien président de la ligue de judo d’Alsace. Quoi qu’il en soit, Mustapha El Hadifi reprend l’encadrement des plus jeunes les années suivantes.

« La justice a fait son travail, il a été condamné, il n’y a rien de plus à dire, déclare Stéphane Panetta, le président du club colmarien et employeur de celui dont il fut l’élève. La vie a repris son cours et je peux vous garantir qu’on n’a aucun problème avec cette personne, que ça se passe très bien au niveau des cours. On fait partie des meilleurs clubs régionaux et c’est grâce à son investissement. Il faut respecter ça, il faut respecter l’homme. »

Consécration suprême, Mustapha El Hadifi a reçu en 2018 des mains du président de la Fédération française de judo (FFJDA), Jean-Luc Rougé, une palme de bronze. Une décoration distinguant les techniciens qui ont « un rayonnement sur l’ensemble de la région […] sont respectueux des valeurs et savent se maîtriser », peut-on lire dans le guide des récompenses rédigé par la Fédération. Il avait déjà obtenu cinq ans plus tôt une première récompense : la médaille de bronze de la ville de Colmar. Contacté, l’office des sports de la ville n’a pas répondu à nos questions.

Dans le sillage de l’enquête menée par Disclose, la FFJDA finit pourtant par reconnaître, par la voix de son vice-président et secrétaire général, Jean-René Girardot, « une erreur manifeste de discernement ». Résultat : les instances dirigeantes ont retiré sa palme de bronze à Mustapha El Hadifi, le 18 novembre 2019. Quant à la responsable de la commission des distinctions de la ligue Grand Est de judo, elle a démissionné.

Concernant le maintien en poste de Mustapha El Hadifi auprès d’enfants, Jean-René Girardot estime que « seule l’autorité administrative dispose du pouvoir de police pour empêcher ou interdire à quiconque d’enseigner une activité physique sur le territoire français, pouvoir dont la Fédération ne dispose pas (articles L.212-9 et suivants du code du sport) ». Soit. Mais ladite fédération peut néanmoins demander des comptes à l’employeur du judoka, en l’occurrence le club de Colmar.

Quant à la préfecture du Haut-Rhin, pourquoi ses services n’ont-ils pas réagi au cas El Hadifi ? Interrogée, la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) explique qu’une vérification des antécédents des éducateurs salariés est réalisée automatiquement une fois par an. L’alerte se déclenche lorsque le système décèle qu’une carte professionnelle coïncide avec une mention au bulletin numéro 2 du casier judiciaire. Or, celui de Mustapha El Hadifi aurait été effacé. « Sur le B2, il s’est débrouillé, d’une façon ou d’une autre pour qu’il n’y ait rien », indique Laurent Dupuy, inspecteur à la DDCSPP du Haut-Rhin. En clair, il a pu être automatiquement réhabilité ou faire une demande anticipée.

« On m’avait vaguement dit qu’il y avait un problème »

Un peu partout en France, nombreux sont les éducateurs sportifs toujours en activité malgré de graves condamnations en justice.

  • En 2014, un entraîneur de boxe de la région Grand Est est condamné pour agression sexuelle sur une jeune fille. Celui-ci, qui a écopé d’une peine de trois ans de prison avec sursis assortie d’une interdiction d’exercer au contact de mineurs pendant dix ans, est pourtant l’entraîneur principal d’un club omnisports de la région. Joint par téléphone, le coach jure qu’il entraîne « uniquement des adultes ». Il ajoute : « Depuis ma condamnation, je me suis tenu à carreau, je ne veux pas retourner en prison. » Contactée, la Fédération de boxe n’a pas répondu à nos questions.
  • De l’autre côté de l’Atlantique, en Guadeloupe, Rod Dabriou entraîne de jeunes talents de l’athlétisme français au sein du Monster Club Athlé. Il compte notamment parmi ses élèves la championne du monde junior de saut en longueur, Yanis David. Rod Dabriou a pourtant été condamné en octobre 2019 à deux ans de prison ferme pour une agression sexuelle sur une jeune fille de 16 ou 17 ans – il a fait appel et reste présumé innocent. Durant les deux années qu’a duré l’enquête judiciaire, aucune mesure préventive n’a été prise. Interrogée par Disclose, la Fédération française d’athlétisme (FFA) indique qu’aucune « information sur cette affaire n’a été remontée au niveau fédéral et aucune saisine de la commission de discipline n’a été faite ». Sur l’absence de mesures prises durant la mise en examen, la FFA avance « qu’une mise en examen est différente d’une condamnation ».
  • En Bretagne, l’entraîneur de tennis Bruno Balbine a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour viol et agressions sexuelles sur une fillette de 12 ans en 1999. Contacté, le tennisman explique qu’il s’agissait d’une relation consentie : « Ça n’excuse rien, mais elle était amoureuse de moi. » Interdit d’exercer auprès de mineurs pendant une période de dix ans, Bruno Balbine reprend les entraînements avec des enfants une fois cette interdiction révolue. Fin 2019 et malgré l’article L212-9 du code du sport interdisant l’encadrement d’une activité sportive après une condamnation pour viol, il entraînait toujours des mineurs à Milizac et Porspoder, dans le Finistère.
    Joint par téléphone, Laurent Bernard, le président du club de Milizac admet qu’il était au courant des antécédents judiciaires de son employé mais assure que « M. Balbine n’a qu’une jeune fille dans son groupe » et que ses parents « ont été prévenus ». Quant à Nelly Herry, la présidente du club de Porspoder, elle jure qu’elle n’était pas au courant de la condamnation : « On m’avait vaguement dit qu’il y avait eu un problème, mais que la plainte avait été retirée. » Nelly Herry annonce qu’elle va « convoquer les membres du bureau pour statuer » sur ce cas. Ni la présidente du club de Porspoder ni Laurent Bernard à Milizac ne connaissaient l’existence de l’article L212-9 du code du sport. Enfin, du côté de la Fédération française de tennis, on assure n’avoir jamais été informée de cette « situation parfaitement anormale ». Jean-François Vilotte, le directeur général de la Fédération, s’est engagé auprès de Disclose à prendre « contact avec la direction régionale de la jeunesse et des sports et regarder quelle est la situation de cette personne ».
  • Le 29 mai 2018, toujours en Bretagne, Mélanie*, une triathlète de 21 ans, confie aux dirigeants de son club qu’elle aurait été victime de son entraîneur deux ans plus tôt. Mais rien ne bouge : l’homme âgé d’une trentaine d’années continue d’exercer jusqu’à la fin de son contrat, en décembre. « Je n’avais aucune preuve et la personne ne portait pas plainte », justifie un ancien dirigeant contacté par Disclose. Face à l’inertie des instances locales de triathlon, Mélanie porte plainte le 27 mars 2019. Entre-temps, une autre sportive a accusé le coach de viol. Les faits auraient eu lieu lorsque la jeune fille n’avait que 15 ans. « Le 21 janvier 2018, on devait aller à une course ensemble. Il s’est arrêté sur une route de campagne et m’a fait monter à l’arrière de son camion », nous confie l’adolescente encore bouleversée. Elle poursuit : « Je n’ai jamais dit autant de fois “non” de ma vie… » Près d’un an s’écoule avant qu’elle ne se décide elle aussi à porter plainte à Lorient (Morbihan).

Joints par Disclose, les responsables sportifs ne cessent de se renvoyer la balle : le club se plaint du manque de soutien et d’informations transmis par la ligue ; la ligue affirme que c’est au club qu’incombait la responsabilité d’agir. « Nous, on est pieds et poings liés tant que la justice n’a pas fait son travail », déclare Andrée Vidil, au courant des deux affaires. En réalité, la présidente de la ligue de Bretagne et les instances nationales peuvent suspendre la licence du triathlète si elles le souhaitent. L’agresseur présumé n’a toujours pas été entendu par la police. Contacté le 14 novembre, il conteste « plus que jamais » les faits qui lui sont reprochés. Il a conservé sa licence de triathlète et officie toujours comme coach en Bretagne.

  • Dans la région Aquitaine, une mère de famille alerte la Fédération handisport qu’un homme condamné à deux reprises exerce dans leurs rangs. Pour preuve, en août 2011, elle envoie aux instances nationales un article de presse rendant compte de son dernier procès à Bordeaux, en 1996. Jean-Marc D., ancien entraîneur de l’équipe de France d’handibasket, a été condamné à six mois de prison pour corruption de mineur. Il avait déjà été condamné quatre ans plus tôt à deux ans de prison avec sursis pour attentat à la pudeur sur mineur. Disclose a récupéré les deux jugements et retrouvé des témoins : Jean-Marc D. a fait au moins quatre victimes de moins de 15 ans.
    Huit ans plus tard, il officiait au Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) d’Aquitaine comme manager du pôle jeune d’handibasket. Sur les réseaux sociaux, Jean-Marc D. prend la pose aux côtés de jeunes athlètes. En 2016, il décroche même tous les honneurs : il est le seul représentant de la France auprès des instances européennes pour les compétitions internationales. Il faut attendre le mois d’avril 2019 et l’intervention de l’association La Parole libérée, connue pour ses actions médiatiques face à l’Église, pour que la Fédération réagisse. En juin, Guislaine Westelynck, la présidente de la Fédération, jure que son bulletin no 2 du casier judiciaire a été vérifié et qu’il est vierge. Il n’empêche : Jean-Marc D. est poussé vers la sortie. Dans le même temps, des articles à sa gloire sont retirés précipitamment du site handisport.org. À l’image de ce portrait relatant sa façon d’« endosser le rôle de papa ou de grand frère de substitution » auprès des jeunes pratiquants de handisport.
  • En Isère, dans la banlieue de Grenoble, un cas dans le judo nous a interpellés. En 2016, Patrice V., le directeur technique de l’ESSM Judo de Saint-Martin-d’Hères, est condamné en appel à dix-huit mois de prison avec sursis pour agression sexuelle sur mineur par personne ayant autorité. Il écope également d’une interdiction d’exercer au contact de mineurs pendant cinq ans. Le jugement est confirmé en Cour de cassation l’année suivante. Selon les informations de Disclose, jusqu’à sa condamnation en appel, le judoka est resté directeur technique du club, notamment auprès des mineurs. Aujourd’hui, il exerce toujours des fonctions au sein du club. « Je n’ai qu’un rôle administratif », affirme Patrice V., joint par Disclose. Ce dernier continue à nier les faits et dit avoir porté un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme. Ancienne élève du professeur de judo et présidente du club, Gisèle Gonzalez déclare à Disclose qu’elle « a la certitude qu’il a fait l’objet d’un complot ». Selon nos informations, Patrice V. a encadré des stages de judo avec des mineurs en Inde, en 2016 et 2017. Soit après sa condamnation en première instance et en appel.

*Les prénoms ont été modifiés.

Daphné Gastaldi et Mathieu Martiniere (Disclose)

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