Durant tout le week-end, Mediapart vous a raconté en direct le congrès de Reims. Vous pouvez lire ici le récit de ces trois journées, en commençant plutôt par le bas des écrans.
Dimanche. 12h30: Jean-Louis Bianco, lieutenant de Royal, explique en coulisse que "sa" candidate aura besoin d'une forte participation jeudi 20 novembre, notamment chez les fameux adhérents "à 20 euros", réputés proches de la présidente de Poitou-Charentes. «Participation, participation, participation!», scande-t-il. L'autre point clef du scrutin: le report des voix de Bertrand Delanoë et leur taux d'abstention.
12 heures: après un détour par «ceux qui doivent choisir entre manger et se chauffer», puis un mot sur cette femme «qui gardait les restes des plats pour en faire quelque chose, et qui aujourd'hui gardent les restes pour les re-cuisiner», Ségolène Royal conclut: «C'est pour cela qu'avec mon équipe (...), je me bats.» Changer la France et la gauche, «c'est une grande responsabilité. Je m'y prépare». Ovation, et sifflets.

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François Hollande assistait là à son dernier congrès en tant que premier secrétaire du PS, mais n'a pas souhaité prononcer de discours de clôture dimanche. (Photo: Patrick Artinian)
11h50: abordant la crise financière, Ségolène Royal, lyrique, met le «système capitalisme lui-même» en accusation, durant de longues minutes, comme pour répondre à un courrier de Martine Aubry, qui lui reprochait cette semaine sa mollesse et ses ambiguïtés. Elle étrille «la secte dorée des intégristes du marché». «Comme ils mettaient de l'entrain, ces idéologues suffisants, qui s'attachaient à détruire, sous toutes les latitudes», «ces sachants (...) auxquels les pouvoirs publics (...) accordent tous les pouvoirs de ravager», a-t-elle pointé. «Ils auraient gagné la bataille des idées et nous l'aurions perdue?! Aujourd'hui, ils ont fière allure! (...) Ils promettent de s'amender et de s'auto-discipliner. (....) Nicolas Sarkozy se retrouve obligé de passer de la "main invisible" du marché à la poigne solide de l'Etat! Nous ne sommes pas dupes.»
11h45: Ségolène Royal enchaîne avec un discours très social, essentiellement tourné vers les victimes, beaucoup moins sur les alternatives qu'elle propose au libéralisme.
11h40: arrive le tour de Ségolène Royal. «J'aurai, nous aurons, besoin de toi Bertrand, et de tes amis», lance-t-elle. «Nous aurons besoin de toi François, les militants savent ce qu'ils te doivent.» Ostensiblement, elle zappe Martine Aubry et Benoît Hamon.
11h25: pour sa part, Benoît Hamon ne bouge pas d'un iota: ancrage à gauche, rénovation, rajeunissement du parti. Et zéro concession aux autres motions.
11h20: Martine Aubry évoque enfin une rencontre avec un militant syndical du Pas-de-Calais, 40 ans d'engagement, pour conclure: «Nous avons l'obligation de défendre le mouvement ouvrier!»
11h10: la maire de Lille raconte les discussions de la nuit, et son refus, avec les autres motions, de l'offre faite par Ségolène Royal. Elle pointe 4 incompatibilités: le discours de sa concurrente sur la question sociale, sur les salaires et le SMIC, sur le réarmement de la puissance publique au niveau européen, et enfin sur les alliances avec le centre. Puis elle revient sur le texte d'orientation commun que les 3 motions opposées à Ségolène Royal avaient réussi à concocter (parti à gauche, parti européen, parti de militants, alliances à gauche), pour regretter qu'un désaccord «sur le dispositif humain» (une candidature) ait fait capoter l'opération. «Moi, glisse-t-elle, j'ai défendu des candidats des autres motions...» Sous-entendu: pas les autres. Ce texte collectif, elle promet de le défendre, cette semaine, durant sa campagne.
11h05: soudain, alors qu'elle jette un coup d'œil à ses notes, Martine Aubry s'arrête, pour chasser une araignée du pupitre, un brin déstabilisée. Se reprenant, elle ironise: «Franchement, le ménage aurait pu être fait cette nuit!» Une phrase à double sens, qui fait rire jaune la partie ségoliste de la salle.
11h00: la candidate Aubry prend la tribune. «La grandeur de la politique, c'est d'aller jusqu'au bout pour défendre ce que l'on croit bien», démarre-t-elle. Convaincue qu'une majorité de militants (les 70% qui n'ont pas choisi la motion Royal le 6 novembre) ont déjà voté pour ancrer le parti à gauche, elle lance, au sujet de l'élection au poste de premier secrétaire du 20 novembre: «Faisons confiance aux militants (...), qui ont dit: "Non monsieur Sarkozy, il n'y a pas de liberté sans égalité".»
10h45: Vincent Peillon explique à son tour «regretter de ne pas avoir réussi à lever les doutes et les malentendus. Mais il faudra justifier pourquoi le rassemblement n'a pas eu lieu. Nous respectons les autres démarches, mais il faudra surmonter les blocages à refuser le dialogue. Nous avons effectivement des différences de fond avec Benoît Hamon, mais je comprends moins celles avec les autres. Michel Rocard nous semble plus proche de Ségolène Royal que de Gérard Filoche! Et je ne comprends pas pourquoi nous devrions être exlus.»
10h40: Marylise Lebranchu, proche de Martine Aubry, annonce à la tribune la candidature de la maire de Lille – après avoir évoqué les salaires, la question sociale, le libre-échange et la nature du parti. Prenant acte de«l'impossibilité d'un accord»entre opposants à Ségolène Royal, elle note que les 3 motions avaient tout de même dégagé, ces derniers jours, «un texte politique commun» et qu'«il existe toujours». «Nous l'enverrons à tous les militants inquiets ou atterrés», d'ici le vote du 20 novembre, promet-elle.
10h25: A la tribune, Bertrand Delanoë, grave, annonce qu'il n'a pas déposé de candidature. «Nous voulions trouver un accord politique avec les motions [Aubry et Hamon], par rapport auxquelles nous n'avons que des nuances (...). Je regrette que [nous] n'ayons pas pu.» Alors que les militants de sa motion encaissent, le maire de Paris explique son retrait: «La conviction de la motion A est de restituer toute sa force (...) au service du parti. J'ai décidé de ne pas rajouter à la guerre des chefs (...). Pour nous, ce n'est pas une question de personne.» Il rappelle avoir toujours dit «que jamais ma personne ne serait pas un problème pour vous. Je suis triste et déçu ce matin, mais quand on est militant on ne désespère jamais (...). Pour que la cause [du socialisme et du progrès social] progresse, je vous le dis, vous pourrez toujours compter sur mon engagement, sur le désintéressement du militant que je suis.» Illico, un militant ségoliste, qui l'écoutait, réplique: «Tu parles, il était surtout sûr de perdre.» Dans la salle, c'est une standing ovation. Delanoë a la main sur le cœur.
10h20: Avant d'entrer dans la salle plénière, Razzy Hammadi, proche de Hamon, explique «viser le deuxième tour. On fera une campagne de fond, sur une ligne politique. Ce qui est bien malgré tout, c'est qu'on ne sera pas dans un "Tous sauf Royal"».
10h00: En sortant de la tente, le député Daniel Goldberg, enchanté, estime: «C'est la survie du parti qui se joue jeudi prochain. Ce sont deux conceptions de ce qu'est le PS, de ce que doivent être ses alliances, qui s'affrontent.» Interrogé sur le fait de savoir si c'est le retrait de Bertrand Delanoë qui a décidé Martine Aubry: «Je ne sais pas quel est l'élément déclencheur. Cela peut aussi être l'inverse.» Dès ce soir, Daniel Goldberg rentrera dans sa fédération de Seine-Saint-Denis, pour aller chercher les militants des motions Hamon et Delanoë. «Dans l'absolu, Martine Aubry peut arriver en tête comme troisième, il faut mobiliser.» Il aurait préféré que ce scrutin n'existe pas: «Si nous n'avions pas introduit cette élection directe du premier secrétaire, nous aurions été forcés de trouver un accord hier soir et de prendre nos responsabilités. Il faudra revenir sur cette présidentialisation du parti et supprimer cette élection.»
09h50: Jean-Christophe Cambadélis annonce que Martine Aubry ne viendra pas sous la tente: «Elle est en train de prendre des contacts parce que... Je suis maintenant autorisé à vous dire qu'elle a déposé sa candidature.» Quelques minutes avant, alors que les militants attendaient la maire de Lille, ils avaient entonné «Les chiffons rouges», le chant des mineurs.
09h47: Devant les délégués qui, comme lui, soutiennent la motion Delanoë, François Hollande a donc piqué une grosse colère. «J'ai honte du parti, a déclaré l'ancien secrétaire qui a expliqué: Cela fait des années que des gens empêchent des gens d'avancer pour faire avancer leur propre cause.» Qui est visé? A priori, des membres de la motion Aubry puisque les proches de Delanoë ont toujours considéré que la démarche de Benoît Hamon était cohérente.
09h45: La motion de Delanoë ne présentera pas de candidat au poste de premier secrétaire. Un de ses proches explique: «Ce n'est pas en ajoutant un candidat qu'on va empêcher Ségolène Royal de prendre le parti, rien ne sert de diviser encore plus. Il fallait faire preuve d'un peu de dignité. C'est une question de responsabilité et d'image.» Apparemment, la décision a été accueillie sans tumulte mais non sans colère par les partisans du maire de Paris. A priori, Bertrand Delanoë, qui ne s'est pas encore exprimé sur le sujet, ne donnera pas de «consigne» de vote pour jeudi. «Ce serait de la folie, s'il veut conserver son courant et sachant que les militants vont aller vers les trois motions.» Mais peut-il ne rien dire du tout de son propre vote et se terrer dans sa mairie? «Cela n'est pas son genre, de se cacher.»
09h35: Chez Delanoë, ainsi que l'annonce Pierre Moscovici: «On ne veut pas ajouter de la division à la division.» D'après nos informations, François Hollande serait très en colère et le ressentiment anti-Aubry s'exprimerait fortement chez les délégués.
09h30: À peine arrivés, sur le parking du parc des expositions de Reims, l'effervescence est à son comble. Martine Aubry serait candidate, mais ce sont encore des proches qui l'annoncent (Claude Bartolone et Jack Lang). Pour le député Christian Paul, «la question est de savoir comment vont se reporter les votes Delanoë, par rapport à Royal». Il mise sur un "1/3-2/3".
Nuit de samedi
04h30: On se couche, toujours dans l'incertitude la plus totale, si ce n'est celle de se lever dans trois heures. À 8 heures, les délégués de chaque motion vont discuter de la marche à suivre durant les dernières heures du congrès. Date limite du dépôt des candidatures: dimanche, 11 heures.
03h40: C'est confirmé: Bertrand Delanoë et ses proches se sont envolés par une porte dérobée, pour éviter la presse. Dans le même temps, les proches de Hamon pensent qu'«il y a plus de chances pour que Delanoë ne présente pas de candidat tout à l'heure». Quelques minutes plus tôt, François Hollande soufflait: «Au Mans, j'avais fait la synthèse; on me l'avait reproché. Elle était trop molle. Je préfère parfois la mollesse à la dureté.»
03h37: Pierre Larrouturou (motion Hamon), seul sur le parvis du palais des congrès, est intarissable sur la crise sociale en Chine.
03h25: Harlem Désir sort à son tour. Selon lui, «Bertrand n'avait, comme prévu, pas fait de sa candidature un préalable; mais il est apparu qu'en aucun cas Benoît Hamon n'envisageait de retirer la sienne. Nous avons également constaté la présence d'un éventuel accord entre les motions C et D [Hamon et Aubry], donc une exclusive sans nous. Le mandat de nos délégués étant d'opérer un rassemblement autour d'une candidature issue de notre motion, nous ne pouvions trouver d'issue». Harlem Désir ne précise toutefois pas si un candidat sera présenté demain par la motion Delanoë.
03h10: David Lebon, ancien président du MJS (le mouvement des jeunes socialistes), passé de la contribution Hamon à la motion Aubry, soupire: «Il y a de bonnes chances pour que Martine n'y aille pas. Ce serait la seule à faire preuve de dignité ce soir. Le problème, c'est qu'avec 4 candidats, on fragmente les votes et on les dilue. Ça va faire le jeu de Ségolène Royal. Le problème de Benoît, c'est qu'avec sa candidature, il cherche à renforcer la gauche du parti, mais risque de faire échouer le repositionnement du parti à gauche. Ce sera sa responsabilité. Ce soir, je pense à Eric Quenard, candidat à la législative partielle de Reims la semaine prochaine; personne n'a eu un mot pour lui à la tribune pendant tout le week-end et il va payer les pots cassés de notre spectacle devant les électeurs.»
03h00: Marie-Noëlle Lienemann (soutien Hamon) annonce que Martine Aubry s'est prononcée pour une candidature de Benoît Hamon pour représenter les 3 motions restantes. Selon elle, le maire de Paris aurait refusé. Comme «il a refusé tout candidat non issu de ses rangs. Martine Aubry, elle, se donne la nuit pour consulter ses alliés fabiusiens et strauss-kahniens et retirer éventuellement sa candidature au profit de Hamon».
02h50: Aubry sort avec ses proches sans un mot. Seul Montebourg s'exprime, pour dire... «Nous préférons le silence.» A ses côtés, le député Christian Paul explique: «Finalement, ce parti d'un autre âge va donner la parole aux militants. A ce stade là de la nuit, Hamon, Delanoë et Aubry n'ont pas trouvé de partage des rôles. On s'oriente probablement vers 4 candidats. Ce n'est pas l'aspect le plus sympathique du parti, mais c'est l'après-Hollande et il fallait peut-être en passer par là.» Selon lui, ce serait une primaire, jeudi prochain, entre 3 candidats qui n'ont pas su s'entendre.
02h30: Benoît Hamon, les yeux rougis, annonce qu'«il n'y pas eu de synthèse possible». «Je n'ai pas l'impression d'appartenir à un vieux parti, précise-t-il. je n'ai pas fait de gros score dans les grosses fédérations; je reste candidat pour incarner le changement.» «Je n'ai pas envie de mettre de pression sur Martine, ni de faire un accord avec Bertrand simplement pour faire un accord et donner l'impression d'un "Tout sauf Royal". Je veux une ligne à gauche, simplement.»
02h05: Pierre Moscovici (motion Delanoë) descend à son tour porter la parole de ceux qui restent. «Si le PS n'a pas demain une majorité, ce ne sera pas un drame, puisqu'il y aura un vote des militants la semaine prochaine. Il faut garder son sang-froid.» L'accord hypothétique entre les motions Delanoë-Aubry-Hamon semble très mal parti...
02h00: Le député ségoliste Jean-Patrick Gille, membre de la commission des résolutions, confie que Jean-Marc Ayrault, patron du groupe PS à l'Assemblée, signataire de la motion Delanoë mais favorable à une entente avec Ségolène Royal, «est super mal». Lui qui s'efforce de maintenir la cohésion des socialistes à l'Assemblée s'arrache les cheveux. Et Hollande? «Il a été plutôt cool», assure Jean-Patrick Gille. Visiblement déboussolé, voire bouleversé, le député semble dépassé: «Dans cette commission, moi je ne suis qu'un petit»...
01h55: Aurélie Filippetti vient préciser la sortie de la motion E: «On était prêt à tout discuter, à reprendre notre motion point par point, mais Bertrand Delanoë a dit qu'il ne voulait pas discuter avec nous. Ils ont de nouveau commencé à nous chercher des poux avec le Modem. Donc on a pris acte que c'était fini. Désormais, ils veulent discuter entre eux, mais ils ne savent pas de quoi.»
01h50: Confusion dans la salle des négociations. Les mandataires ségolénistes ne savent pas s'ils doivent partir ou rester. Pendant ce temps, Alain Bergougnioux est à la manœuvre sur le texte de synthèse des trois autres motions, maniant le copier-coller avec dextérité. Hamon, Aubry et Delanoë discutent toujours candidature.
01h45: Manuel Valls, tout à l'heure au premier rang au côté de Royal, redescend l'escalator, mais cette fois tout seul, avant de s'adresser aux médias. Sur la question des alliances, il déclare: «Qu'est-ce que ça veut dire! Est-ce qu'on annonce aujourd'hui que nous refusons [aux prochaines régionales] toutes les voix de ceux qui proposent une alternative?» Il reconnaît également que «Martine Aubry a dit qu'elle avait aussi des désaccords sur la crise financière, le pouvoir d'achat, la redistribution des richesses, la construction européenne et la conception du parti… Mais nous n'avons toujours pas compris quels étaient les désaccords sur ces sujets.»
Il confirme qu'une délégation de la motion E reste à l'étage, afin «d'avoir l'officialisation des votes» du 6 novembre.
01h30: Ségolène Royal, Jean-Noël Guérini, Vincent Peillon, Manuel Valls, Gérard Collomb, Najat Belkacem, Dominique Bertinotti et Aurélie Filippetti descendent les escalators, sourires figés aux lèvres. «Les militants vont maintenant avoir la parole jeudi. La main tendue n'a pas été saisie, ni nos propositions de compromis. J'en appelle à tous les militants, qui vont avoir à choisir quel parti socialiste ils veulent, entre des méthodes d'un autre temps et un nouveau parti socialiste.»
Après être tous sortis devant les caméras, Peillon, Guérini et Valls remontent à la salle des négociations. Jean-Noël Guérini, un peu bafouillant, explique: «On ne va pas tarder à partir, mais nous restons le temps qu'ils [les trois autres] reviennent [de la suspension de séance], pour acter la décision.»
00h30: Les choses s’agitent. Après que les trois motions autres que celle de Ségolène Royal ont signifié leur refus de se rassembler derrière celle-ci, l’ambiance tourne vinaigre. Une suspension de séance plus tard, et malgré les protestations de l’entourage de Royal, le refus de rassemblement autour de la motion majoritaire est soumis au vote.
Situation de crise, d’après nos informations, dans la motion Royal, où Jean-Noël Guérini notamment n’accepte pas la situation et déconseille à Ségolène Royal de quitter la table des négociations. Nouvelle suspension de séance. Et Ségolène Royal et ses soutiens réfléchissent à la meilleure façon de sortir par le haut.
Selon une source participant à la négociation, François Hollande «est épanoui à la manœuvre». Et Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Benoît Hamon se sont enfermés afin de discuter leadership d’une éventuelle synthèse. «Il n’y aurait plus d’exclusive à cette heure», nous indique-t-on.
Samedi. 23h30: arrivée sur les lieux des discussions, au palais des congrès de Reims. Chasse à l'info, traque aux délégués, recherche d'un café, la nuit des envoyés spéciaux de Mediapart sera aussi longue que celle des ténors du PS, toujours en commission de résolution. On quitte dare dare le resto, après les premières infos selon lesquelles il commence à se passer des choses. Arrivés sur place, la connexion internet est très mauvaise.
21h30: début de la commission de résolution...
20h45: vos serviteurs, une nouvelle fois infiltrés avec succès dans les deux réunions des motions Aubry et Delanoë, rédigent leur compte rendu, avant d'aller se sustenter. La commission de résolution commençant à 21h30, on mise sur une longue nuit de négociations, en espérant que personne ne claque la porte d'ici notre arrivée au palais des congrès.
20h30: pour l'anecdote, après avoir sollicité un proche de Delanoë par texto pour lui soutirer des noms de candidats possibles et compatibles pour réaliser le compromis avec Aubry, voici la réponse: «Mauroy». Les austères continuent de se marrer.
20h25: les libraires font grise mine. Au PS, la déprime a atteint les bouquins. Bruno Leprince, éditeur indépendant spécialiste des ouvrages de réflexion sur la gauche, se lamente: «On vend moins qu'aux précédents congrès, encore 50% de moins qu'au Mans il y a trois ans. Les gens achètent des marque-pages qui sont des gadgets avec des images du Che Guevara, d'Allende et surtout de Jaurès. Mais je ne vois pas à quoi cela va leur servir: ils ne lisent plus de livres.»
La base du parti se serait-elle abêtie? «Je n'ai jamais vendu un livre à un apparatchik, à un Montebourg, à un Peillon ou à Hollande, rétorque Bruno Leprince. Ceux-là, ils s'en fichent ou ils attendent qu'on leur offre. Allez, on va dire qu'ils n'ont pas les moyens! Donc ils n'achètent pas de livres, ils en écrivent. Mais chez d'autres éditeurs : les chèques sont plus importants.»
20h15: les ténors ont quitté le Parc-expo de Reims pour le palais des congrès en centre-ville, où va avoir lieu l'interminable commission de résolution du congrès, exercice de synthèse bien mal parti, mais où tout est toujours possible.
19h45: dernier baroud d'ouverture pour Royal. La présidente de Poitou-Charentes organise une conférence de presse au débotté, en face du bar des journalistes. Aux côtés d'Aurélie Filippetti, Najat Valaud-Belkacem, Dominique Bertinotti et Manuel Valls, elle la joue très sereine: «Toutes les techniques de négociations et de convictions seront utilisées pour rassembler. Rien ne doit être dramatisé, puisqu'il y a un vote militant derrière.» Pour la nuit qui s'annonce, elle tient à faire savoir qu'«il y a ouverture sur la gouvernance du parti: on est prêt à élargir la direction autant qu'il le faudra».
19h30: les dernières réunions de motions avant la commission des résolutions ont lieu dans une ambiance surchauffée. Chez Royal, sûrs d'eux, ça dure une dizaine de minutes. Chez Delanoë, on semble ne plus exclure une candidature de compromis qui ne serait pas forcément issue de leurs propres rangs. «Un secrétaire qui fédère», selon les termes du maire de Paris. Chez Aubry, on crie des "On a gagné, on va gagner!" et des "Martine can-di-date!" Chez Hamon, tel un fil rouge, on est toujours convaincus d'aller au bout.
18h45: Jean-Marc Ayrault ressemble à Droopy dans les couloirs du Parc-expo de Reims. «Il n'y a pas beaucoup d'alternative. Soit Hamon et Aubry se rangent derrière Bertrand, soit il y aura deux, trois, quatre candidatures. Si les motions C et D étaient sincères, elles laisseraient le choix aux militants entre Delanoë et Royal.» Quant au discours de Royal, s'il l'a trouvé «très clivant, car elle n'a pas su s'adresser à ceux qui ont voté contre elle», il reconnaît son «habileté». «Elle a été courageuse et audacieuse, et l'histoire du vote militant pour régler la question des alliances avec le Modem est fidèle à ce qu'on faisait du temps de Mitterrand, pour conclure les conventions.»
18h30: le président de Désirs d'avenir, Jean-Pierre Mignard, trouve que Ségolène Royal «s'est bien débrouillée à la tribune. Il ne faut pas oublier que c'était son premier discours devant un congrès socialiste». Le succès d'Aubry face à la salle ne l'inquiète pas non plus: «Ce ne sont que des rites de congrès, on retombe dans les traditionnels discours toujours plus à gauche.»
18h10: chez les "ségolénistes", le message est clair: «Le parti de supporters, c'est eux!» Le sénateur David Assouline digère mal l'ovation reçue par Martine Aubry: «Il faut savoir que c'est la ville qui accueille qui a le plus grand nombre d'invitations. Adeline Hazan (la maire PS de Reims) étant aubryste, la claque était bien organisée. Mais les moments de théâtralisation ne doivent pas gâcher la sérénité du congrès. Et pour l'instant, rien ne laisse entendre qu'il y aura une synthèse contre Ségolène, bien au contraire.»
18h05: Claude Bartolone, lieutenant fabiusien de Martine Aubry, débarque dans la salle de presse pour une exégèse. Il veut lever l'ambiguïté que certains journalistes ont cru déceler dans le discours de Martine Aubry, lorsqu'elle a déclaré ne pas faire du "dispositif humain" un préalable au rassemblement avec Delanoë. Non, non, rassure Bartolone: elle ne renonce en rien à sa candidature. «[Cette] phrase, c'est: "Regardez, je ne dis pas que je suis candidate parce que ça n'est pas l'objet de mon intervention". Mais elle marque à d'autres moments sa détermination.» Le député espère que les délégués de la motion Delanoë, qui doivent se réunir d'ici quelques minutes, pousseront le maire de Paris à se déjuger pour soutenir Martine Aubry. Y croit-il? «Ce qui peut amener Delanoë à bouger, ce sont ses congressites (...)» Et de rappeler que les congrès ont aussi une dimension «physique».
18 heures: entendu dans le hall à la sortie de la salle des discours, Marylise Lebranchu répondant à l'un des délégués de la motion Aubry: «Martine nous a dit qu'elle irait si Bertrand la soutenait.»
17h50: après un discours très politique, Martine Aubry reçoit une véritable ovation et bat Ségolène Royal à l'applaudimètre. Pour faire «renaître le parti socialiste pour les Français», elle a promis de l'ancrer bien à gauche, appelant notamment les militants à manifester davantage. «Ça m'embête d'être derrière des banderoles du MJS [le mouvement des jeunes socialistes]. A mon âge, ça le fait pas!»
17h40: sur l'éventuelle alliance du PS avec le Modem, Martine Aubry, de plus en plus à l'aise, très applaudie, réplique à Ségolène Royal, qui veut faire voter directement les militants: «C’est un conseil national, un congrès qui peut le faire.» Le respect du parti et de ses instances, toujours.
17h30: voici, avec quelques minutes de décalage, le récit live de notre journaliste, assis au milieu de la salle durant le discours de Ségolène Royal: «Elle se fait régulièrement voler dans les plumes, nous rapporte-t-il. Quand elle demande: "Que devons-nous faire pour notre parti ?", un militant lui crie: "Reste à gauche!" Puis elle se fait siffler sur des propos anodins appelant au rassemblement. "Ces blessures que nous nous sommes infligées, il va falloir nous les pardonner"... "Ça y est, c'est le discours christique; à Reims, la messe du samedi est à 18h", raille une déléguée. Grande ovation en revanche sur les millions d'euros de pénalité payés depuis 2002 par le parti, pour défaut de parité. Mais de nouveau, quand elle appelle à un "parti plus généreux", un militant lui rétorque: "Et le Smic à 1500 euros?" Ses détracteurs se moquent de ses intonations, de son manque de talent à la tribune "par rapport à un Hollande"; et quand elle demande: "Un nouveau Front populaire, ça ne vous tente vraiment pas?", un délégué d'Alsace tonne: "Dans le culot et le cynisme, elle progresse. Mais elle est toujours aussi piètre oratrice parce qu'elle n'a aucun accent de sincérité." Sur la question des alliances avec le Modem, en revanche, elle cloue presque le bec à ses opposants. "Aie aie aie, Ségolène prend la main", arrive à sourire l'un d'entre eux. Mais quand elle évoque un "prétexte au refus du rassemblement", les sifflets l'emportent de nouveau. Et à la fin du speech, la salle est définitivement et complètement partagée. Reste à savoir dans quelles proportions...»
17h15: par contraste avec celle qui l'a précédée au micro, la couleur sociale de l'intervention de Martine Aubry saute aux yeux. Elle étrille la politique économique de Nicolas Sarkozy, accusée d'avoir ratiboisé le budget du logement, «alors qu’il aurait fallu un budget de 15 milliards». Idem sur les crédits de l’emploi et le refus présidentiel de la relance, «qui a lieu dans tous les pays, en Italie, en Espagne, tout le monde relance (…) Et bien, avec un cynisme qu’il faut dénoncer, il profite de la crise pour demander un pas de plus à ceux qui n’ont rien». Sur le travail du dimanche, Martine Aubry retrouve les accents de l'ancienne ministre du travail du gouvernement Jospin: «Est-ce que ça veut dire que notre société n’est là que pour consommer?»
17h00: c'est au tour de Martine Aubry de grimper à la tribune, qui entame son discours par une gentillesse à l'adresse du premier secrétaire sortant, pour mieux marquer sa distance avec l'attaque en règle contre le vieux parti menée par Ségolène Royal: «Je voulais te dire, François, que je pense à toi.» Pour elle, il s'agit, dans ce congrès, de «remettre le socialisme dans la tête de chacun».
16h50: l'ancienne candidate à la présidentielle clôt son discours sur cette promesse et cette envolée lyrique: «Ensemble, nous rallumerons tous les soleils, toutes les étoiles du ciel.» Une référence à Jaurès. Son objectif: «Pour changer la France, changer la gauche, et pour changer la gauche, changer le parti socialiste.» Elle descend serrer des mains, notamment celle de Martine Aubry. A la sortie, Pascal Cherki, proche de Benoît Hamon, soupire: «Un vote des militants sur une alliance au centre, c'est le meilleur moyen de scissionner le parti!»
16h45: «Faudra-t-il leur demander un passeport de moralité socialiste?», à ces Français du centre qui voudraient se rapprocher du PS, lance-t-elle.
16h40: Ségolène Royal propose «une consultation directe des militants sur la question des alliances» avec le centre. Désirs d'avenir fait la claque, en partie suivis, tandis que Bertrand Delanoë ou Benoît Hamon restent figés, le regard grave. La présidente de la région Poitou-Charentes a choisi de prendre la salle de front. «Faut-il nous priver [d'un électeur sur trois]?», demande-t-elle, sans jamais citer explicitement le Modem, mais en rappelant les convergences avec le parti de François Bayrou sur le fichier Edwige notamment.
16h30: l'ancienne candidate à la présidentielle revient sur sa volonté d'abaisser le tarif des cotisations pour attirer de nouveaux militants, répond à ceux qui lui reprochent de vouloir faire un parti de supporters et contre-attaque: «Le PS reçoit 20 millions d'euros au titre du financement des partis politiques (...) Depuis 2002, 12 millions d’euros [ont été reversés] parce que nous n’avons pas respecté la loi sur la parité (...) Nous allons aller chercher l’argent où il se trouve en respectant la loi sur la parité.»
16h20: à la tribune, Ségolène Royal lance: «Nous avons tellement besoin les uns les autres que nous finirons bien par nous aider (...) En tout cas, nous serons moins détestables à nos compratriotes.» Dans la salle, certains militants applaudissent, d'autres la huent. «Que pense-t-elle de nous, la jeunesse, à nous voir ainsi nous envoyer des coups de boule?»
16h00: les tensions entre les journalistes et le service d'ordre se sont accentuées ces dernières 24 heures. Pour s'en faire une idée, il faut aller voir la vidéo mise en ligne par le site rue89, qui ironise: "Le poing et la rose, ce n'est pas un vain slogan au PS."
15h50: on croise Denis Lefebvre, président de l'Office universitaire de recherche socialiste (interviewé récemment en vidéo sur l'historique des congrès précédents). Selon lui, le parti actuel est mort et une nouvelle phase s'ouvre:
15h25: comme à chaque grand rassemblement, Gérard Filoche emporte l'applaudimètre. Comme à son habitude, l'inspecteur du travail tenant de l'aile gauche du parti a livré à la tribune un cri au bord des larmes en faveur de la défense du salariat, dénonçant les errements socialistes passés vis-à-vis des 35h, des retraites et d'un abandon des valeurs de gauche. Et comme chaque année, la grande majorité de ceux qui l'applaudissent à tout rompre pensent le contraire de ce qu'il vient de dire…
15h15: impressionnante leçon de l'eurodéputé Bernard Poignant à la tribune, sur les choix à venir des investitures pour les prochaines européennes. «Ne cumulez pas! Pas pour des questions morales, rassurez-vous, mais parce que nous sommes les seuls à le faire! Ne choisissez pas non plus des gens qui démissionneront après avoir obtenu un mandat national.» Pierre Moscovici est-il dans la salle?
14h50: autre info d'une importance primordiale, Louis Mexandeau ne cache pas son rejet de Ségolène Royal et n'exclut pas de quitter le PS en cas de succès de la présidente de Poitou-Charentes. Le parti d'Epinay se morfond…
14h30: selon des collègues qui le suivent, Benoît Hamon serait déjà en train d'écrire son discours pour demain. Sans en connaître le contenu, cela signifierait que sa décision (candidat ou pas) serait prise.
14h25: l'entourage de Martine Aubry a quitté le parc-expo, histoire de discuter une dernière fois de la prise de parole de la maire de Lille, prévue autour de 16h à la tribune. Sa seule expression publique du week-end, qui pourrait donc enfin mettre fin au suspense quant à sa candidature.
14h15: où l'on reparle de Lionel Jospin. C'est LE buzz du moment, dans la salle de presse: Lionel Jospin serait rentré en France et prodiguerait ses conseils à Delanoë, par téléphone. Aux abonnés qui s'interrogeaient sur la présence de Michel Rocard, que l'on n'a toujours pas croisé à Reims, on aura peut-être droit à une arrivée de Lionel Jospin.
14 heures: c’est reparti pour le « blog à bloc » de Mediapart! Après une matinée d’incertitudes (encore), les choses sérieuses commencent. Le jeu de billard à quatre bandes est toujours d’actualité: Royal est candidate mais cela grincerait un peu dans ses rangs, Hamon est toujours candidat mais ça discute toujours avec Aubry, dont tous les proches se bousculent auprès de la presse pour dire qu’elle sera candidate. Quant à Delanoë, il fait courir le bruit d’une candidature nommée Désir. Au final, une nouvelle hypothèse n’est donc plus à exclure: quatre candidatures comme autant de motions. Et toujours ce sentiment d’un congrès qui ne servirait pas à grand-chose, face à la nouvelle prééminence du vote militant.
À la tribune, on retiendra de la matinée les discours de Bertrand Delanoë sur la nécessité du rassemblement, d’Arnaud Montebourg sur le rôle du salariat à repenser dans le parti et de Manuel Valls sur l’importance militante.
Vendredi. 22h05: Fin de la première journée de ce congrès socialiste. À venir dans les prochaines heures (c'est-à-dire d'ici à demain), un diaporama photo sur fond d'extrait sonore du discours de François Hollande à la tribune, signé Patrick Artinian, un compte rendu de la réunion de Bertrand Delanoë, où il explique en détail les raisons de son (quasi) retrait de la course à la nomination du premier secrétaire, une analyse de la journée et une galerie de portraits des neuf délégués de la fédération de l'Isère. Rendez-vous demain samedi, sans doute vers 14h, pour la reprise des événements, avant la commission de résolution des conflits dans la nuit de samedi à dimanche.
Pour se quitter dans la bonne humeur, une dernière caricature de Chalvin, carte postale photographiée sur le stand de l'Office universitaire de recherche socialiste…
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21h55: Le député Régis Juanico, proche d'Hamon, veut croire à une synthèse avec la motion Aubry, et martèle que «Benoît est toujours candidat. On a pas bougé de cette ligne depuis le début, c'est donc normal qu'on continue». «On pourrait arriver à un accord demain dans la journée. Mais on aurait dû le faire bien avant», souffle-t-il.
21h40: Un délégué de la motion Delanoë se réjouit de l'unanimisme exprimé ce soir sous la tente. Mais reconnaît illico que la réunion de demain, avec les mêmes, devraient prendre une autre tournure. «Ce soir, la façade a tenu. Ceux qui veulent maintenant soutenir Aubry, comme ceux qui veulent aider Royal, se sont tus, pour laisser Bertrand poser ses conditions à une synthèse. Mais comme ces conditions ne seront jamais remplies, les choses vont se gâter demain et les dissensions au sein de la motion A devraient apparaître au grand jour.»
21h30: Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS et signataire de la motion Delanoë, s'en va dîner "en famille", seul avec sa femme et ses proches. Réputé partisan d'un rapprochement avec Ségolène Royal, il n'a visiblement plus grand-chose à discuter avec Bertrand Delanoë, qui ne l'aurait d'ailleurs pas invité. Une anecdote qui pourrait préfigurer un éclatement de la motion dès demain...
21h25: En sortant de la tente, Bertrand Delanoë a expliqué, cette fois devant les caméras, que si les motions d'Aubry et Hamon n'acceptaient pas ses conditions à la synthèse, il resterait dans la minorité du PS:
21h10: Voici un extrait des paroles tenues par Bertrand Delanoë, sous la tente de la motion A, devant ses délégués. Il évoque une éventuelle motion de synthèse avec Aubry et Hamon, sans trop y croire, puisqu'il pose deux conditions difficilement surmontables: il refuse toute concession sur ses idées, et exige un premier secrétaire issu de sa propre motion (montez le son ou mettez des écouteurs...):
20h45: Dans quelques instants, le compte rendu de notre infiltré de la motion A (Delanoë) sera en ligne…
20h25: Chez Hamon, on se félicite d'abord d'une synthèse avec Utopia («Ça nous fait passer les 20%») et on se veut toujours candidat au premier secrétariat, en assurant que le deal avec Aubry est passé, mais en n'étant pas sûr qu'il tienne. Dans tous les cas, la synthèse Aubry-Hamon se précise. Reste à régler le cas du candidat.
20h10: Manuel Valls arrive en salle de presse pour confirmer que Ségolène Royal sera candidate au poste de premier secrétaire, sous forme de ticket avec Vincent Peillon, qui serait, via une réforme des statuts, son premier secrétaire délégué.
19h50: Chez Delanoë a expliqué être prêt à une synthèse avec Royal et Hamon, à condition que le candidat au poste de premier secrétaire soit issu de sa propre motion. Si aucun accord n'était trouvé, il ne présenterait pas de candidat «pour ne pas dilapider les capacités de nos forces dans une bataillle de pouvoir. Nous ne serions pas compris…» Il a par ailleurs rejeté toute possibilité de rassemblement avec Royal, en raison de «différences politiques» trop grandes.
Au dehors, une armada de vigiles vient "nettoyer" les alentours de la "tente A", remplis de journalistes désireux de capter le discours du maire de Paris.
19h30: Les rassemblements dans les tentes ressemblent rapidement à un simulacre de débat, tant elles sont ouvertes à tous les vents, et donc à tous les "espions" des autres motions. Chez Aubry, on a vite compris que la confidentialité n'était pas assurée, alors on note les numéros de téléphone et on promet de communiquer par texto dans la journée de demain. Tous les responsables "reconstructeurs" qui entourent la maire de Lille se sont succédé au micro pour souhaiter qu'elle soit la prochaine première secrétaire du PS. Sauf elle, qui continue à ne pas faire un préalable de sa candidature et à vouloir œuvrer au rassemblement. Mais qui y pense de plus en plus fort.
Rectificatif de ce qui suit: Charmes de la communication moderne, notre infiltré était en fait dans la réunion de Delanoë…
19h05: Les assemblées de motions ont commencé. Celle que tout le monde tente d'infiltrer est celle des amis de Bertrand Delanoë, divisée sur la stratégie à adopter pour la poursuite du congrès (voir plus bas). Craignant la présence de sous-marin, il y a fort à parier que ce qui en sortira ne sera pas forcément décisif pour la suite des événements. En revanche, Mediapart a réussi à infiltrer le débat de la motion de Ségolène Royal. En même temps, c'était facile, ils ne demandaient même pas les badges à l'entrée.
18h35: Tout le monde se prépare aux débats internes de motions, qui vont bientôt commencer.
18h33: Fayçal Douhane succède à Hollande à la tribune. Mais la grande majorité de la salle a quitté les lieux, alors qu'il parle discrimination positive et élection de Barack Obama. Dommage, mais lourd de sens, au PS…
18h30: Rien de nouveau dans le discours de François Hollande. «La motion arrivée en tête a la légitimité pour mener le rassemblement (…) mais les autres motions ont aussi la possibilité de trouver une autre solution.» Quelques bonnes blagues sur la longueur des débats au PS, mais la fierté d'y être quand même, plutôt que dans un parti où l'on ne débat pas. Sur le dénouement, il répète ce qu'il a dit dans la matinée: «Quoi qu'il arrive, les militants auront le dernier mot.» Et une mise en garde: «Le PS ne doit pas être un parti tous pour ou tous contre, mais tous ensemble.» Ovations à la fin. La routine qui prend fin, pour le premier secrétaire sortant…
18h: François Hollande entame son discours. Pour l'une de ses dernières allocutions devant les militants en tant que premier secrétaire, il concentre ses attaques sur Nicolas Sarkozy, évoque la nécessité de répondre à la crise financière et salue l'élection de Barack Obama. Avant de parler du parti.
17h45: Ségolène Royal entre dans la salle plénière où se tiennent les discours, accompagnée de son cortège médiatique. Les "Ségolène! Ségolène!" retentissent. Manuel Valls et David Assouline calment illico les ardeurs supportrices, sentant qu'un congrès aussi tendu peut basculer sur des moments comme celui-ci.
17h30: Invraisemblable cohue médiatique à l'arrivée de Ségolène Royal sur le parking du Parc-Expo de Reims. Le sénateur David Assouline se rappelle ses jeunes années et sort le premier de la voiture, qui s'est arrêtée juste devant la porte d'entrée. «Il fait quoi, le SO, là!» Le SO (comprendre: service d'ordre), il est débordé par la bonne centaine de caméras, micros et photographes qui jouent des coudes. Ça hurle, ça proteste, ça s'excuse. L'attachée de presse de la présidente de Poitou-Charentes sort à son tour du véhicule: «Elle fait une déclaration, et après on la laisse entrer Tran-Qui-lle!» Rien n'y fait, et certaines hurlent à la liberté de la presse qu'on ne laisse pas travailler.
Gérard Collomb, Manuel Valls, Patrick Mennucci et Vincent Peillon préfèrent passer par derrière, pour préparer l'entrée dans la salle. Une militante crie: «Allez Ségolène!» Un autre souffle: «Et ben, si c'est ça le nouveau parti…»
17h20: Chaque motion, en début de soirée, doit réunir ses délégués - chacune sous une tente. Là, se discuteront et se trancheront les alliances. Et les leaders, qui ont échafaudé leur propre scénario, devront faire avec leur base militante, via un vote des délégués. Leurs craintes? Un orateur, bon tribun, qui retourne l'assistance; un mouchard, qui balance l'état des discussions aux tentes voisines ; une intox, qui viendrait de l'extérieur et viserait à influencer la salle... Un proche de Bertrand Delanoë confie par exemple: «Il suffit qu'un bruit se mette à courir, sous notre tente, sur une proposition que nous ferait Ségolène, pour qu'un pan de nos délégués bascule»...
17h05: Au tour d'Elizabeth Guigou, d'annoncer: «Face à la lourde responsabilité qui est la nôtre devant la crise économique, nous devons avoir un débat légitime, mais qui ne doit pas dégénérer. Nous voulons la vérité et la clarté dans nos choix, ceux d'un véritable réformisme de gauche (…) Pour affronter cela, il nous faut une majorité qui tienne plus que quelques mois, une majorité forte et stable.»
16h55: Jean-Louis Bianco lance à la tribune, dans un silence froid: «Mes camarades, il n'y a pas d'un côté les supporters et de l'autre les apparatchiks. Dans cette salle, il n'y a que des socialistes.»
16h40: En coulisse, Michel Sapin, député proche de François Hollande et signataire de la motion Delanoë, revient avec prudence sur l’hypothèse d’une candidature "maison" le 20 novembre, au poste de premier secrétaire du PS. «C’est légitime que notre motion dise qu’elle peut avoir un candidat, affirme Michel Sapin. Bertrand a déjà beaucoup donné, alors pourquoi pas Moscovici, ou Jean-Marc Ayrault?» Une candidature qui pourrait, à ses yeux, seulement s’appuyer sur «2 périmètres»: soit une alliance Delanoë-Aubry-Hamon, soit une grosse synthèse avec en sus Ségolène Royal. «Des trois motions Delanoë-Aubry-Hamon, c’est nous qui arrivons les premiers, c’est donc à nous de présenter un candidat.»
Ce soir, lors de la réunion de sa motion, il devrait plaider un tel scénario. «Mais certains militants devraient nous demander de suivre plutôt Ségolène Royal, puisqu’elle est arrivée en tête», souligne Michel Sapin. Combien seraient ces "légitimistes" dans les rangs du maire de Paris? «Sincèrement, je ne sais pas. Je ne sens rien, et quand je ne sens rien, c’est mauvais.» Sans compter que d’autres délégués de la motion poussent ouvertement pour un ralliement à Martine Aubry…
16h30: Le député des Landes, Alain Vidalies, est le premier à animer enfin la tribune: «Si les socialistes ne défendent pas les 35h, la CMU et les acquis sociaux en général, qui va le faire?»
16h15: Un proche du maire de Grenoble, Michel Destot, explique les soucis internes de la motion Delanoë: «On est super mal! C'est vachement tendu entre nous, entre ceux qui veulent rejoindre la majorité avec Royal et les jospinistes qui ne se remettent pas de la défaite et qui voudraient rejoindre Aubry, mais sans Hamon. Sauf que c'est injouable…» Lui ne croit pas à l'hypothèse d'une candidature de Moscovici: «Pour faire 15% et se ridiculiser? Il n'y en a qu'un qui peut tenir la route devant le vote militant, c'est Bertrand. Seul face à Royal et Hamon, il y aurait un espoir de second tour. Mais on n'y croit pas pour un sou.»
16h: Le premier secrétaire de la Marne, Jacques Meyer, accueille les congressistes et ouvre officiellement le congrès. Lui succèdent la maire de Reims Adeline Hazan et Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardennes. Ce dernier est visiblement heureux d'être là, car il a longtemps craint de ne pouvoir s'exprimer, étant suspendu du PS pour dissidence aux dernières législatives.
15h50: C'est officiel, il y a bien plus de journalistes que de délégués socialistes à Reims. Face aux 680 représentants du PS, l'on compte en effet plus de 700 journalistes, selon le bureau de presse. Il est vrai qu'il faut ajouter aux délégués les 800 et quelques membres de droit (parlementaires, etc.).
15h40: Une information Mediapart! Selon une source proche de l'entourage de Bertrand Delanoë, les partisans du maire de Paris auraient décidé ce matin de présenter la candidature de Pierre Moscovici au poste de premier secrétaire, lors du vote militant de jeudi prochain.
15h25: Le grand événement du week-end, la fameuse commission des résolutions dans la nuit de samedi, d'où surgissent les synthèses les plus inattendues, est encore un sujet tabou. «On ne peut pas vous dire où elle aura lieu, explique un membre du service de presse socialiste. C'est comme pour les rave-party, on vous préviendra au dernier moment. Mais promis, on fera en sorte que les journalistes soient au chaud.»
15h20: Au stand de l'Office universitaire de recherche socialiste, l'historien Denis Lefebvre s'amuse de sa trouvaille: il a racheté les droits de dessins humoristiques de Chalvin, pour en faire des cartes postales. Très marrant, en effet…
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15h10: Comme d'habitude, l'ouverture du congrès prend du retard, les délégués arrivent encore au compte-gouttes, la foule des caméras et des micros se déplacent de Laurent Fabius à Arnaud Montebourg, en passant par François Hollande. Parole de délégué, a priori adversaire de Martine Aubry: «C'est incroyable ce qu'elle a dit hier chez Arlette Chabot: "Mon rêve n'est absolument pas de devenir première secrétaire!"»
14h45: Une déléguée lance au téléphone: «La vache! Le service d'ordre est surnuméraire!» Peut-être pour surveiller les alentours des six chapiteaux installés sur le parking du Parc-Expo, où devraient avoir lieu les assemblées générales de chaque motion.
Vendredi. 14h30: Les délégués arrivent tranquillement, au Parc des expositions de Reims (en fait, dans une zone d'activité commerciale en banlieue de la capitale marnaise). À la buvette, les bénévoles de la fédération PS proposent une coupe de champagne à 2 €.
C'est parti pour trois jours de live-blogging sur Mediapart! Pour résumer l'enjeu de ce congrès, le scénario pourrait déjà être écrit: pas de synthèse générale, Aubry et Hamon fusionnent pour atteindre 44% et dépasser Royal, qui attendrait sereinement le vote des militants pour le légitimer. Et Bertrand Delanoë tenterait tant bien que mal de sauver un courant en cours d'explosion, entre ceux qui s'enferment dans le mutisme jospinien, ceux qui rejoindraient bien Royal et ceux qui participeraient volontiers à une majorité alternative.
Evidemment, rien n'est jamais sûr avec les socialistes et la "magie du congrès" pourrait bouleverser les plans tactiques et faire naître des rapports de force inattendus.