Les réactions se sont multipliées ce vendredi après les révélations de Mediapart. Le président de la Fédération française de football (FFF), Fernand Duchaussoy, a décidé d'ouvrir une enquête interne avec le soutien du ministère des sports.
Lilian Thuram, recordman des sélections en équipe de France, livre un verdict sans appel après nos révélations. La «binationalité est un alibi», selon lui. Les participants de la réunion du 8 novembre «savaient qu'ils faisaient quelque chose d'illégal». L'ancien international tranche: «Nous sommes dans une situation claire et nette de discrimination. Il faut dire “stop”. Et peu importe les personnes concernées.» Entretien.
Ancien joueur et entraîneur, André Mérelle a dirigé le principal centre de formation du foot français, l'Institut national de Clairefontaine (INF), de 2004 à septembre 2010. Il raconte qu'au printemps dernier, lors d'une réunion de la direction technique nationale, «quelqu'un a parlé de “caractéristiques ethniques”». Et dénonce des relents racistes.
Ancien recordman du monde du 100 mètres, et ministre des Sports de 1988 à 1991, Roger Bambuck réagit aux révélations de Mediapart sur le principe de quotas discriminatoires officieux approuvés par certains dirigeants du football français.
Ancien joueur de l'équipe de France, aujourd'hui adhérent de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), Luc Sonor explique être «choqué» des propos «indécents» tenus par certains dirigeants du football. «Si la France avait fait une bonne coupe de monde, on n'aurait jamais parlé de ça. Quand ça va mal, on est les boucs émissaires», estime-t-il.
Marie-George Buffet a été ministre des sports de 1997 à 2002 dans le gouvernement Jospin. Elle réagit à l'enquête de Mediapart sur le principe de quotas discriminatoires officieux.
Le dernier vainqueur français de Roland-Garros juge «hallucinants» les propos de Laurent Blanc. Il souhaite que les participants à la réunion du 8 novembre reconnaissent avoir «déliré». Mais il se sent seul: «C'est toujours pareil: il n'y a que les sportifs de couleur qui réagissent.» Entretien et vidéos
Aucune autorité de ce pays, aucun tribunal ne pourrait admettre qu'on se livre, sous quelque prétexte que ce soit, à un tri entre Français selon leur origine étrangère, la couleur de leur peau ou la religion qu'ils pratiquent. Il suffit de l'avoir à l'esprit pour comprendre l'enjeu décisif de l'enquête menée par Mediapart au cœur du football français. Analyse.
Longtemps champion de l'intégration des minorités visibles, le foot français semble aujourd'hui mal à l'aise face à ses joueurs noirs et maghrébins. Pour l'historien Pascal Blanchard, ce paradoxe est le cruel reflet de décennies de déni de la diversité de ses athlètes. Entretien.
Que révèle l'utilisation par certains dirigeants du football français de la référence à la binationalité? Historien, spécialiste des questions de nationalité et d'immigration, Patrick Weil, qui est en train de terminer une étude sur la double nationalité, estime que Nicolas Sarkozy a rendu possibles les glissements de la nationalité à l'origine en distinguant, dans son discours de Grenoble de juillet 2010, les Français d'origine étrangère et les autres.
Laurent Blanc: Cet ancien très grand joueur, champion du monde en 1998, champion d'Europe en 2000, est devenu sélectionneur de l'équipe de France après la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Il a succédé à ce poste à Raymond Domenech.Très vite, dans différentes interviews, il prend position sur des questions d'identité et d'immigration. Lors d'un tchat sur LePoint.fr, à la question de savoir ce qu'il pense de l'expulsion des Roms, il répond: «Les Français assument le fait que leur pays soit une terre d'asile, une terre d' accueil, mais la société change, notre histoire change. Mais les Roms ne sont qu'un élément déclencheur qui a fait resurgir des problèmes liés à l'immigration en France. En France, il y a un gros problème d'identification. Peut-être plus qu'ailleurs en Europe. Quand on choisit la nationalité française, il faut en être digne et fier.