Le Rassemblement national a bénéficié de deux prêts russes en 2014 (9 millions pour le parti, 2 millions pour le microparti de Jean-Marie Le Pen). Ces financements se sont accompagnés d'un alignement du parti sur les positions du Kremlin. En 2017, Marine Le Pen a été reçue officiellement par Vladimir Poutine. Des interrogations demeurent sur d'autres prêts. Toutes nos enquêtes.
Dans l’affaire de son prêt russe, Marine Le Pen prétend avoir signé « avec une banque, pas avec Poutine ». Des mails issus de la boîte du vice-président de la Douma Alexander Babakov démontrent pourtant comment le pouvoir russe s’est impliqué.
L’origine des 8 millions d’euros prêtés au Rassemblement national en 2017 par l’homme d’affaires Laurent Foucher reste indéterminée à ce jour. Mis en examen pour « blanchiment d’argent » à Genève, le prêteur, criblé de dettes, est lié aux autorités russes par de mystérieux accords. Marine Le Pen assure à Mediapart l’avoir ignoré.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Marine Le Pen assure qu’elle a toujours défendu une ligne « à équidistance » des États-Unis et de la Russie. En réalité, dès son arrivée à la tête du FN en 2011, elle a soutenu le Kremlin et son parti a bénéficié de deux prêts russes.
Alors que la campagne présidentielle devait enfin commencer, l’extrême droite est désormais confrontée à la difficulté de concilier son soutien global au régime de Vladimir Poutine et le risque d’apparaître traître à la patrie française.
Le Rassemblement national avait emprunté 9,4 millions d’euros en 2014. Après un accord à l’amiable conclu avec son créancier, il doit rembourser un million d’euros sous cinq jours et 8 millions d’euros d’ici fin 2028.
Le Rassemblement national avait jusqu’au mois de septembre pour rembourser l’emprunt russe de 9,4 millions d’euros décroché en 2014. Il ne l’a pas fait. Selon nos informations, le créancier a saisi la justice pour obtenir le remboursement. L’audience aura lieu le 2 juin.
Selon nos informations, la justice se penche sur les conditions d'obtention du prêt de 8 millions d’euros qui a sauvé le Rassemblement national après les élections de 2017. Un signalement de Tracfin a été joint à l’enquête en cours sur les commissions touchées par l’intermédiaire des prêts du RN, l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser.
En grandes difficultés financières après les élections de 2017, le Rassemblement national a été sauvé par un prêt de 8 millions d’euros de Laurent Foucher, un homme d’affaires français très implanté en Afrique et proche de Claude Guéant. La somme a transité par une banque basée aux Émirats arabes unis. Des questions restent en suspens sur l’origine des fonds.
Mediapart a obtenu le contrat du prêt russe du FN, qui lève le voile sur certaines zones d’ombre de cette opération inédite. Mais le micmac judiciaire se poursuit : la banque prêteuse a fait faillite, son directeur est recherché pour détournements de fonds, et le prêt du FN a été plusieurs fois racheté, sans que l’on sache à qui il sera remboursé fin 2019.
Marine Le Pen ne l’a pas évoqué mercredi mais un autre compte a été clos par la Société générale : celui de l’eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser. L'élu, qui avait négocié le prêt russe du FN en 2014, est au cœur d’une enquête judiciaire depuis février 2016.
La cour d’arbitrage de Moscou a tenu une audience, le 1er août, sur le sort du prêt de 9,4 millions d'euros accordé par la First Czech-Russian Bank (FCRB) au Front national en 2014. En mars 2016, juste avant la faillite de la FCRB, cette créance avait été frauduleusement récupérée par une société de location de voitures. On apprend qu'elle se trouve désormais entre les mains d'une société aéronautique dirigée par d'anciens militaires proches des services secrets de l'armée.
Les financements russes de Marine Le Pen se sont organisés autour d'un conseiller de Vladimir Poutine, Alexandre Babakov. Des emails démontrent une ingérence politique de deux lobbyistes russes.
Après avoir profité de deux prêts russes en 2014, le Front national a signé, le 15 juin 2016, une troisième demande de prêt avec une banque russe. Cet emprunt de trois millions d’euros est « destiné à financer la campagne électorale française ». Nous publions ce document à en-tête du parti. Le FN assure que ce projet « n’a eu aucune suite ». Marine Le Pen a été reçue par Vladimir Poutine le 24 mars.
Toutes les banques russes auxquelles le Front national a fait appel, tant en 2014 qu'en 2016, ont disparu. Elles étaient dirigées par des escrocs ou des blanchisseurs d'argent. De l'argent sale russe a-t-il financé les campagnes du Front national ?
Strategy Bank, qui a négocié un troisième prêt avec le FN, était un établissement douteux, épinglé à plusieurs reprises pour blanchiment avant d’être mis en faillite. Une fois de plus, le parti de Marine Le Pen choisit un canard boiteux avec la perspective qu’au bout du compte, les millions empruntés ne soient jamais remboursés.
Marine Le Pen a été reçue pour la première fois officiellement par Vladimir Poutine vendredi. Si le président russe s’est défendu de vouloir « influencer les événements en cours », la question de l’ingérence de la Russie dans la campagne du FN, qui a profité en 2014 de deux prêts russes, revient sur la table.