Selon nos informations, le FN a reçu l'intégralité du prêt russe de 9 millions d'euros. De nombreuses zones d'ombre subsistent. Une commission d'enquête parlementaire sur ces financements pourrait débuter à l'automne. L'hypothèse d'une demande de financement d'un montant global de 40 millions d'euros avait été évoquée par des dirigeants du FN.
Des milliers de documents ont été piratés par les hackers d'«Anonymous International» auprès d'un responsable de l'administration présidentielle russe. Il y est question de la manière dont Marine Le Pen doit être « remerciée » en échange de son soutien sur la Crimée, en mars 2014. Dans les mois qui suivent, la présidente du FN et son père ont obtenu des prêts russes à hauteur de 11 millions d'euros pour leur activité politique.
Marine Le Pen balaie la question d'éventuelles contreparties politiques aux prêts russes du FN en affirmant que l'engagement pro-russe de son parti est ancien. Depuis deux ans, elle a pourtant mis en place un véritable lobbying: multiplication des voyages et rencontres, nombreuses déclarations défendant les intérêts russes, postes et investitures confiés à des pro-russes.
Le président d’honneur du Front national a expliqué à Mediapart avoir d’ores et déjà décroché un nouveau financement pour son micro-parti Cotelec, dont il n'a pas communiqué le montant. Après l’emprunt de 9 millions auprès de la First Czech Russian Bank (FCRB), et celui de 2 millions de la société chypriote Vernonsia, c’est donc le troisième emprunt obtenu en Russie. « Je peux même vous dire que j’étais emprunteur de 20 millions », a dévoilé Le Pen.
Les éclaircissements apportés par l'eurodéputé élu sur les listes FN n'ont pas convaincu la présidence du parlement européen, qui a sollicité l'avis du président d'un comité consultatif interne. Mais ce dernier s'apprête à valider sa déclaration d'intérêts financiers.
Après avoir expliqué avoir été « contrainte » de se tourner vers la Russie, Marine Le Pen a dévoilé lundi cinq réponses de banques. Mais le FN se refuse à rendre publics ses contrats de prêts en Russie. Pour obtenir ces financements, le parti d'extrême droite a mobilisé une galaxie d'intermédiaires et d'oligarques. Enquête sur les principaux acteurs de cette opération.
Le président du parlement européen veut un examen de la déclaration d'intérêts financiers de Jean-Luc Schaffhauser, l'eurodéputé qui a permis l'obtention d'un prêt de neuf millions d'euros en Russie pour le FN. L'affaire provoque des remous à Bruxelles.
Parallèlement à l’emprunt par le FN de 9 millions d’euros, l’association de financement présidée par Jean-Marie Le Pen a reçu, en avril 2014, deux millions d’euros d’une société chypriote qui aurait été détenue par Yuri Kudimov, un ancien du KGB reconverti dans la banque d’État russe VEB Capital. L’argent a été envoyé depuis un compte suisse. Le Pen affirme qu’il s’agit d’un prêt.
Bien qu'interdit par le Front national, Mediapart a suivi de l'intérieur son congrès à Lyon. Intervenant vedette: Andreï Issaïev, vice-président de la Douma russe (Chambre des députés), membre de Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine.
Selon les informations obtenues par Mediapart, les responsables du Front national ont voulu emprunter en Russie une somme globale de 40 millions d’euros. Les 9 millions obtenus de la First Czech Russian Bank ne sont que « la première tranche », a confirmé un haut responsable du FN. Le député européen Jean-Luc Schaffhauser admet avoir été rétribué 140 000 euros pour son rôle.
Député à la Douma, proche du Kremlin et membre du parti pro-Poutine, Alexandre Babakov fait de troubles affaires en Ukraine et en Tchéquie. Il a accumulé une fortune à l'étranger – dont un château de 11 millions d'euros dans les Yvelines –, qu'il s'est gardé de déclarer en Russie.
La présidente du FN a obtenu, en septembre, un prêt de 9 millions d’euros de la First Czech Russian Bank. 2 millions d’euros ont déjà été versés. À l’approche du congrès du FN, ce financement, obtenu après un intense lobbying des dirigeants frontistes à Moscou, pose la question de l’origine des fonds.
De Paris à Moscou, en passant par Vienne, les réseaux russes du Front national se tissent, grâce à plusieurs personnages clés gravitant autour du conseiller international de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade. Que cherche le FN : convergences idéologiques, intérêts géopolitiques, soutien logistique et matériel ?
Marine Le Pen ne se contente pas de dire tout le bien qu'elle pense de Vladimir Poutine. Son parti et son entourage cultivent de solides réseaux russes, à Paris comme à Moscou. Ces liens sont bien plus que géopolitiques.
La levée de l'immunité de Marine Le Pen, votée ce mardi par le Parlement européen, ouvre la voie à sa mise en examen pour « incitation à la haine raciale ». Sur la scène européenne, sa tentative de « dédiabolisation » est, comme en France, entachée par les amitiés sulfureuses du FN.