CGT, CFDT, FO, CFTC... Aucune organisation syndicale n’est épargnée par les accusations de harcèlement sexuel ou d’agressions sexuelles. Militants et dirigeants ne sont pas toujours capables de protéger les victimes ou de maîtriser ces dossiers complexes.
Alors que le congrès qui actera le départ de Philippe Martinez s’ouvre le 27 mars, le syndicat vient de se doter d’un cadre officiel ambitieux pour lutter contre « les mécanismes de domination » des hommes sur les femmes. Mais les oppositions n’ont pas disparu, et l’affaire Benjamin Amar continue de crisper les positions.
À Rouen, le dossier de possibles violences sexuelles commises au sein de la Gauche révolutionnaire rejaillit au sein du syndicat CGT Éduc’action 76. Plusieurs de ses membres viennent de démissionner pour s’opposer à la présence sur la liste aux élections professionnelles d’un cadre de la formation trotskiste.
Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour « viol », « torture » et « actes de barbarie », déposée par une femme à l’encontre du dirigeant de la CGT. L’organisation syndicale vient de le réintégrer, six mois après avoir suspendu son mandat.
Une syndicaliste de l’entreprise a mis en cause en 2020 l’un des responsables d’un important syndicat CFDT francilien. Le militant, qui dément, a été sanctionné, mais un vif conflit s’est développé aux divers étages de l’organisation. La confédération reconnaît des « maladresses » et a lancé une médiation.
Benjamin Amar, figure montante du syndicat, est visé par la plainte d’une camarade pour « viol », « torture » et « actes de barbarie ». Il clame son innocence. La révélation de cette affaire suscite de violentes oppositions entre la direction nationale, qui l’a suspendu de ses fonctions, et ses soutiens du Val-de-Marne.
À l’Union départementale de Force ouvrière à Brest, les salariées ayant dénoncé des violences sexuelles de la part de leur ancien secrétaire général s’estiment victimes de représailles. Toutes les femmes qui ont parlé, et leurs soutiens, se retrouveront sans emploi cet été.
La CGT, comme d’autres organisations syndicales, tergiverse sur les sanctions à appliquer en cas de violences sexistes et sexuelles. Priscille Cortet, secrétaire générale d’une grosse organisation syndicale pour les cadres et ingénieurs, militante reconnue pour les droits des femmes, en a fait les frais.
Alors qu’elles ont obtenu gain de cause au tribunal après avoir dénoncé un harcèlement sexuel et moral, des ouvrières des maisons de champagne Krug et Veuve Clicquot paient le prix fort pour avoir parlé. Leurs harceleurs, adhérents de la CGT, ont par ailleurs toujours le soutien de leur syndicat.
Plusieurs salariés de Pôle emploi ont porté plainte contre des agissements de l’ancien président de la CFTC Emploi, qui a démissionné de ses mandats à la mi-juin. Les syndicats et la direction de Pôle emploi se déchirent sur le sort de ce responsable, accusé de harcèlement moral et sexuel, ainsi que d’agression sexuelle.
Près de 500 militants ont été privés de leurs droits syndicaux par la puissante fédération CGT des services publics, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites. Ils dénoncent une « chasse aux sorcières ».
L’un des membres de la plus puissante fédération de la CGT, figure des éboueurs parisiens, est mis en cause dans des faits de violences et pour le climat sexiste qui perdure dans son syndicat. L’affaire aurait pu devenir un exemple pour le syndicat, de plus en plus revendicatif sur les questions d’égalité femmes-hommes et conscient des violences faites aux femmes. Pourtant, en 18 mois, l’organisation n’est pas parvenue à régler la situation, qui vire au bourbier.
Lieu de subordination par excellence, le monde du travail n’est pas préservé du phénomène de harcèlement sexuel. L’avocate Maude Beckers défend des femmes victimes, aux prud’hommes comme au pénal. Elle critique vertement le système judiciaire en la matière, le parquet et l'attitude des services de police.