CGT, CFDT, FO, CFTC, Solidaires... Aucune organisation syndicale n’est épargnée par les accusations de harcèlement sexuel ou d’agressions sexuelles. Militants et dirigeants ne sont pas toujours capables de protéger les victimes ou de maîtriser ces dossiers complexes.
Une plainte pour harcèlement sexuel a été déposée par une ex-syndicaliste contre un collègue, et le Défenseur des droits a épinglé le syndicat et l’entreprise publique. Il y a quelques mois, Mediapart avait révélé un premier dossier similaire, touchant le même syndicat sur la même période.
À Montpellier, la CGT des cheminots affiche son soutien à un contrôleur dont le comportement a été critiqué par la cellule confédérale de veille contre les violences sexistes et sexuelles, qui pointe des faits « graves ». Le lanceur d’alerte a dû quitter le syndicat après des menaces.
Le 28 février, le conseil des prud’hommes a condamné l’union départementale du syndicat dans le Finistère à verser près de 240 000 euros d’indemnités à deux anciennes salariées qui dénonçaient notamment des violences sexuelles.
Benjamin Amar, écarté de la direction du syndicat après la plainte pour viol d’une militante, depuis classée sans suite, reproche à une association féministe et à un autre cégétiste, mobilisés contre sa réintégration, d’avoir dévoilé des pans entiers du dossier pénal et de sa vie intime.
Une ancienne syndicaliste a porté plainte pour harcèlement sexuel et agression sexuelle contre un ex-camarade, pour des faits datant de 2019 à 2021. Le Défenseur des droits considère que le harcèlement est établi. Mais ni le syndicat ni l’entreprise n’ont sanctionné leur auteur.
Une représentante syndicale à la mairie d’Orléans a déposé plainte le 22 mars contre deux camarades pour « harcèlement moral » et « outrage sexiste et sexuel ». Après des signalements, elle et un collègue avaient été exclus de leur section. Interrogée par Mediapart, la confédération vient de lancer une enquête.
En mars 2023, une syndicaliste des Caisses d’épargne a dénoncé une agression de la part d’un camarade. Celui-ci, qui dément, n’a pas été exclu. Son accusatrice a ensuite été écartée après un conflit interne sur un autre sujet. Solidaires devrait créer cet été une cellule spécialisée.
Marc Hébert, ancienne figure du syndicat FO dans le Finistère, a été reconnu coupable de harcèlement sexuel par le tribunal de Brest. Il a été condamné à 18 mois de prison, dont six mois ferme, et promet déjà de faire appel.
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Alors que le congrès qui actera le départ de Philippe Martinez s’ouvre le 27 mars, le syndicat vient de se doter d’un cadre officiel ambitieux pour lutter contre « les mécanismes de domination » des hommes sur les femmes. Mais les oppositions n’ont pas disparu, et l’affaire Benjamin Amar continue de crisper les positions.
À Rouen, le dossier de possibles violences sexuelles commises au sein de la Gauche révolutionnaire rejaillit au sein du syndicat CGT Éduc’action 76. Plusieurs de ses membres viennent de démissionner pour s’opposer à la présence sur la liste aux élections professionnelles d’un cadre de la formation trotskiste.
Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour « viol », « torture » et « actes de barbarie », déposée par une femme à l’encontre du dirigeant de la CGT. L’organisation syndicale vient de le réintégrer, six mois après avoir suspendu son mandat.
Une syndicaliste de l’entreprise a mis en cause en 2020 l’un des responsables d’un important syndicat CFDT francilien. Le militant, qui dément, a été sanctionné, mais un vif conflit s’est développé aux divers étages de l’organisation. La confédération reconnaît des « maladresses » et a lancé une médiation.
Benjamin Amar, figure montante du syndicat, est visé par la plainte d’une camarade pour « viol », « torture » et « actes de barbarie ». Il clame son innocence. La révélation de cette affaire suscite de violentes oppositions entre la direction nationale, qui l’a suspendu de ses fonctions, et ses soutiens du Val-de-Marne.
À l’Union départementale de Force ouvrière à Brest, les salariées ayant dénoncé des violences sexuelles de la part de leur ancien secrétaire général s’estiment victimes de représailles. Toutes les femmes qui ont parlé, et leurs soutiens, se retrouveront sans emploi cet été.
La CGT, comme d’autres organisations syndicales, tergiverse sur les sanctions à appliquer en cas de violences sexistes et sexuelles. Priscille Cortet, secrétaire générale d’une grosse organisation syndicale pour les cadres et ingénieurs, militante reconnue pour les droits des femmes, en a fait les frais.
Alors qu’elles ont obtenu gain de cause au tribunal après avoir dénoncé un harcèlement sexuel et moral, des ouvrières des maisons de champagne Krug et Veuve Clicquot paient le prix fort pour avoir parlé. Leurs harceleurs, adhérents de la CGT, ont par ailleurs toujours le soutien de leur syndicat.