Rangoun, delta de l’Irrawaddy (Birmanie), envoyé spécial.- Than Toe Aung, 25 ans, voudrait oublier la nuit du 18 janvier 2018. « J’ai cru que ma vie était finie. » Plus il en parle et plus elle le hante, alors il raconte vite, sans reprendre son souffle. Ce jour-là, vers 23 heures, l’étudiant en sciences politiques, également traducteur, rentre à pied chez ses parents, dans le centre-ville de Rangoun, quand un van blanc s’arrête brusquement devant lui. Six hommes jaillissent du véhicule. « Ne bouge pas ! » crie l’un d’eux. Than Toe Aung panique et se réfugie dans le hall d’un hôtel. Ses poursuivants le rattrapent, saisissent ses bras, ses jambes, tandis qu’il implore le personnel de l’hôtel de l’aider, en vain.
Dossier. Birmanie, la démocratie étouffée Reportage
Le calvaire des musulmans de Birmanie
Il y a un an, plus de 700 000 Rohingyas fuyaient un nettoyage ethnique orchestré par l’armée birmane, dans l’ouest du pays. Depuis les massacres, les autres musulmans de Birmanie vivent dans la peur. Les discriminations s’aggravent contre cette minorité, victime de l’islamophobie de la majorité bouddhiste.
21 août 2018 à 08h34