Amériques

Colombie: ce que révèle l'ordinateur portable de Raùl Reyes, n°2 des FARC assassiné

Comme beaucoup de guérilleros du XXIe siècle, Raùl Reyes avait son ordinateur portable en bandoulière. Mais, depuis que le supposé numéro 2 des FARC (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia) a été tué samedi 1er mars par l’armée colombienne, son outil informatique a changé d’épaule. Le gouvernement colombien d’Alvaro Uribe s’est empressé d’en dévoiler quelques-uns des secrets. MediaPart publie ces documents.

Thomas Cantaloube

Comme beaucoup de guérilleros du XXIe siècle, Raùl Reyes avait son ordinateur portable en bandoulière. Mais, depuis que le supposé numéro 2 des FARC (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia) a été tué samedi 1er mars par l’armée colombienne, son outil informatique a changé d’épaule. Le gouvernement colombien d’Alvaro Uribe s’est empressé d’en dévoiler quelques-uns des secrets. MediaPart publie ces documents.
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Une trentaine de feuillets, essentiellement des correspondances entre les différents dirigeants des FARC et avec certains de leurs interlocuteurs, ont été transmis à la presse ces derniers jours, soigneusement surlignés par les services colombiens. Parce que ces documents consignent noir sur blanc quelques indiscrétions sur les relations entre les ravisseurs d’Ingrid Betancourt et le gouvernement d’Hugo Chavez, les Vénézuéliens ont crié à la manipulation et au faux.
C’est une possibilité qui n’est pas à exclure, même si la plupart des officiels et des journalistes qui ont eu affaire aux FARC les jugent plausibles. « La dialectique contenue dans ces textes est proche de celle que j’ai pu voir dans d’autres documents, même s’ils sont un peu moins codés que d’habitude», explique le reporter et documentariste français Gilles Perez, qui a passé beaucoup de temps en leur compagnie ces dernières années.
Si ces écrits sont authentiques, ils ont néanmoins été soigneusement sélectionnés par l’armée colombienne qui, jamais en reste d’un exercice de propagande, a surligné en jaune les passages les plus croustillants. On ne sait donc pas ce que contenait le reste de l’ordinateur portable de Raùl Reyes. Néanmoins, cette lecture politiquement orientée est fort enrichissante.
On y voit ainsi confirmées les proches relations entre Hugo Chavez et les FARC. D’après le compte-rendu d’un entretien entre le président vénézuélien et un émissaire des guérilleros daté du 9 février dernier (pages 29 et 30), le premier remercie les seconds pour le « don » de 100.000 euros qu’ils lui avaient fait lorsqu’il croupissait en prison à Caracas, après son coup d’Etat raté du début des années 90. Il promet également de leur donner quelques « pétoires vieillissantes (…) mais en état de marche ».
Selon l’armée colombienne, plusieurs échanges entre dirigeants des FARC (pages 20 et 25) font également allusion à des sommes d’argent reçues ou à recevoir de la part du Venezuela, mais les mentions originales sont bien moins claires : les chiffres 300, 200 ou 50, sans unité de grandeur ni de devise, et la mention « dossier » restent assez énigmatiques. Cela n’a évidemment pas empêché la Colombie de clamer que le Venezuela avait versé 300 millions de dollars à la guérilla afin de renverser le gouvernement d’Alvaro Uribe.

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