Attribué au principal suspect de l’attentat de Christchurch (Nouvelle-Zélande), un manifeste intitulé « Le grand remplacement » dénonçait les « invasions étrangères » en Europe, et tout particulièrement en France. Des racines hexagonales de ce fantasme d’extrême droite à sa déclinaison en Amérique du nord, notre dossier.
Payton Gendron, le terroriste d’extrême droite qui a tué dix personnes à Buffalo (États-Unis) le 14 mai, a publié un manifeste qui mérite d’être comparé avec celui de Brenton Tarrant, auteur néo-zélandais de l’attentat de Christchurch. En s’inscrivant dans une continuité historique du suprémacisme blanc meurtrier, il appelle aussi à le prolonger.
À six jours du premier tour, l’extrême droite, avec non pas un mais deux candidats, peut-elle remporter l’élection ? Tentative de réponses avec nos journalistes et nos invités.
Leur projet ? « Accélérer » la guerre raciale. L’arrestation de radicaux d’extrême droite par la DGSI mentionne des références à une mouvance nationaliste blanche structurée aux États-Unis mais jusqu’ici peu présente en France. Décryptage d’une menace émergente encore méconnue du grand public.
Le terrorisme d’ultradroite menace. Selon un rapport du parquet général de Paris, que s’est procuré Mediapart, de multiples attentats ont été déjoués ces dernières années. Ces groupes se professionnalisent, s’arment. Composés de profils hétéroclites, ils révèlent aussi une forte « porosité idéologique » avec les groupes masculinistes.
Omniprésent dans le débat public, le slogan du « grand remplacement » lancé en 2010 par Renaud Camus et médiatisé par Éric Zemmour n’est pas une idée neuve : c’est une vieille lubie qui a inspiré non seulement les fascismes européens du XXe siècle mais avant lui le suprémacisme blanc aux États-Unis.
Un texte attribué aux terroristes de Christchurch a été publié vendredi. Intitulé « Le grand remplacement », en référence à la thèse d’extrême droite du même nom, ce document de 74 pages explique qu’il s’agissait de s’en prendre à des musulmans.
Le suspect des attentats de Christchurch affirme avoir voulu venger la France, victime d’une « invasion par les non-Blancs ». Depuis trois ans, les services de renseignement français surveillent des groupuscules islamophobes.
Un rapport officiel américain de 2017 relevait que, depuis le 12 septembre 2001, 73 % des violences homicides extrémistes sur le sol américain étaient le fait d’extrémistes de droite. L’attentat antisémite de Pittsburgh s’inscrit dans une dynamique qui entre en résonance avec les tentations terroristes également présentes dans les extrêmes droites radicales européennes.
Les services de renseignement s’inquiètent de la proportion grandissante de membres des forces de sécurité ayant rejoint des groupuscules d’autodéfense. Parmi les « objectifs de la DGSI » suivis pour leurs liens avec « l’extrême droite violente », on recense une cinquantaine de policiers, gendarmes et militaires. Les autorités de tutelle ont été alertées à l’automne dernier.
Ce week-end, un millier de jeunes travaillistes norvégiens retournent à Utøya, où aura lieu la première université d’été depuis le massacre de 69 d’entre eux, il y a quatre ans, par Anders Behring Breivik. Pour certains, un « retour à la maison ». A Oslo, un lieu de mémoire et d'exposition vient d'ouvrir dans le bâtiment toujours pas réparé où Breivik avait commis sa première attaque.
Dans le sillage de l’écrivain Renaud Camus, Éric Zemmour prétend que le peuple français subit un « grand remplacement » dont il devrait se défendre en expulsant de son territoire les musulmans. Cette pensée, déclinée en fiction par Michel Houellebecq, n’est pas une opinion dont il faudrait débattre mais une idéologie potentiellement meurtrière qui renoue avec les pires aveuglements de la catastrophe européenne.
L’écrivain Renaud Camus est le théoricien du « grand remplacement », idéologie raciste qui appelle à l’expulsion du peuple (et donc du territoire) français des éléments supposés étrangers, à raison de leur origine (immigrée), de leur croyance (musulmane), de leur apparence (arabe, maghrébine). La scène inaugurale de cette radicalisation s’est jouée il y a quinze ans, avec la parution de La Campagne de France (Fayard, 2000), réquisitoire contre « l’idéologie dominante antiraciste ».