Evidemment, la date ne doit rien au hasard. Pour quitter l'Elysée, Raymond Soubie a symboliquement choisi le jour de la dernière journée d'action contre les retraites, la neuvième depuis le mois de septembre. Avant de partir, il a pris soin de critiquer cette journée de mobilisations contre une loi déjà promulguée: «un combat d'arrière-garde», a-t-il dit sur LCI. Ajoutant: «J'ai décidé de reprendre ma liberté avec l'accord du président pour reprendre mes activités de chef d'entreprise.» Rien de bien nouveau: depuis l'été, le conseiller social de Nicolas Sarkozy ne cessait de répéter qu'il comptait quitter l'Elysée en novembre – il l'avait d'ailleurs confirmé à Mediapart (lire notre portrait-enquête: Raymond Soubie, le vrai ministre des retraites).
Annoncée dès juillet, l'exfiltration (à sa demande) de ce “super-ministre” de l'ombre du travail, de l'emploi, de l'éducation nationale, de la santé, etc., s'est faite en deux temps. Premier acte: fin octobre, Nicolas Sarkozy l'a nommé au Conseil économique et social. Considéré comme un expert de la négociation, il y a vite été élu président du groupe des personnalités qualifiées... Et a déjà rendu quelques services, en contribuant à l'élection de Jean-Paul Delevoye à la présidence et en négociant la création d'une sixième vice-présidence pour contenter la CGT.
Deuxième acte: dans une dépêche publiée lundi à 17h30 (à lire ici en ligne) par aef.info, l'agence de presse spécialisée dans l'actualité sociale dont il est propriétaire, on apprenait ainsi que Raymond Soubie, 70 ans, va devenir à la fois président du groupe de presse et d'événementiel AEF, mais aussi président d'un cabinet de conseil aux entreprises, Alixio, créé en juin et qui compte déjà une vingtaine de collaborateurs. Deux entités aux activités fort différentes, mais situées sur le même palier d'un grand immeuble de bureaux au 137 de la rue de l'Université (VIIe arrondissement de Paris). Toutes deux sont détenues à majorité par un même actionnaire: le holding familial de Raymond Soubie, Arfilia – dont l'ex-conseiller reprend également la présidence, transférée à sa femme, Danielle Deruy, quand il était à l'Elysée.
Raymond Soubie, le conseiller de l’Elysée très vite reclassé
A peine exfiltré, le conseiller social de l'Elysée va devenir à la fois patron de presse d'un groupe d'information sociale et président d'un cabinet de conseil spécialisé dans les restructurations. Au risque du mélange des genres.
Le lien vers la page a été copié