En employant le mot « foule », pour lui dénier toute légitimité, Macron transpire un imaginaire forgé dans l’entre-soi bourgeois et inégalitaire du XIXe siècle, qui pourrait encore se manifester dans son entretien télévisé de ce jour.
Pour l’heure, la première ministre devrait rester à son poste, même ébranlée par la crise politique et sociale. À l’Élysée, Emmanuel Macron semble pressé de ne rien changer, malgré les appels à une coalition avec la droite LR et à une promotion de Gérald Darmanin à la tête du gouvernement.
Retraites : le coup de force de Macron
— Parti pris
Depuis sa réélection, le président de la République est plus isolé que jamais. Cristallisant les colères contre lui et ignorant toutes les alertes qui lui sont adressées, il reste persuadé qu’il peut encore maîtriser le tempo du pays. Même ses plus fidèles soutiens commencent à déchanter.
Le ministre de la justice a fait deux bras d’honneur à l’Assemblée nationale, en direction d’un député LR qui évoquait sa mise en examen. Pressé de s’excuser par plusieurs cadres de la majorité, il a d’abord refusé de le faire et a agité, furieux, la menace d’un départ immédiat du gouvernement. La première ministre l’a appelé pour le sermonner... mais le ministre est toujours là.
Le succès des manifestations contre la réforme des retraites, jeudi, a surpris l’exécutif. Contesté, le président de la République fait valoir sa « détermination » à aller au bout et presse son gouvernement de « convaincre ». Une posture qui pourrait se trouver ébranlée par les prochaines mobilisations.
Lancé en septembre dernier, le Conseil national de la refondation devait révolutionner le second quinquennat d’Emmanuel Macron. Quatre mois plus tard, il a pris la forme d’une succession de réunions dont les protagonistes peinent parfois à percevoir la finalité. L’exécutif jure que des avancées en seront issues.
Pour ses sixièmes vœux de la Saint-Sylvestre, le président de la République a confirmé sa volonté de mener à bout la réforme des retraites. Avare en annonces, muet sur les salaires ou le logement et inconséquent sur la catastrophe climatique, le chef de l’État a surtout voulu faire la part belle, dans son allocution, aux promesses d’avenir radieux.
Après la défaite des Bleus face à l’Argentine, le président de la République a fait irruption sur la pelouse pour réconforter un Kylian Mbappé inconsolable. Une récupération politique jugée indécente sur les réseaux sociaux. Le sociologue Manuel Schotté, auteur de « La Valeur du footballeur », explique les raisons et les ressorts de cette prévenance élyséenne envers le football.
Dans un contexte d’inflation record, de conflits sociaux dans les entreprises et d’état alarmant des services publics, le président de la République souhaite réformer les retraites dès le début de l’année 2023. Le climat social gronde mais l’exécutif mise sur une « résignation » de la rue.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a fait savoir mardi qu’elle avait signalé au parquet de Paris le cas de Caroline Cayeux, ministre démissionnaire du gouvernement, soupçonnée d’évaluation mensongère de son patrimoine et de fraude fiscale.
Le président de la République a profité de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes pour exposer son bilan sur le sujet. Sans lever les doutes sur la faiblesse des moyens et du portage politique de la question au sommet de l’État.
De Jean Castex à Amélie de Montchalin en passant par Agnès Buzyn ou Christophe Castaner, le président de la République prend soin de trouver des points de chute à ses anciens ministres ou députés. Au mépris de l’exemplarité promise et de l’intérêt général.
Le ministre de l’intérieur accuse la gauche de compromission avec le RN, en oubliant son propre bilan en la matière. De ses premiers pas aux côtés de Christian Vanneste à ses débats cordiaux avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, en passant par ses écrits dans une revue de l’Action française, les souvenirs sont pourtant nombreux.
Au fond, qu’est-ce que le second quinquennat d’Emmanuel Macron ? Le chef de l’État a vécu six mois tumultueux, marqués par une défaite aux élections législatives, des crises qui durent et des projets qui s’enlisent. Le voilà désormais en quête d’un rebond et d’une direction.
Le président de la République a appelé les Français à « se serrer les coudes » au nom de la gravité du moment. Mais rien n’a été fait, ni politiquement ni socialement, pour favoriser une cohésion nationale afin d’affronter les multiples crises en cours.
Est-ce la fin du tunnel ou le début d’un autre ? La question taraude le pouvoir, qui craint que la pénurie de carburants n’engendre une crise sociale plus large. Entre dimanche et mercredi, la séquence politico-sociale sera scrutée de près par le gouvernement, conscient du risque qu’elle porte.
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