L’action du gouvernement se donne à lire, non plus comme la rencontre raisonnée d’une délibération collective, mais comme une forme de pensée magique, tout entière vouée à convoquer par incantations l’unité de la gauche, l’inversion de la courbe du chômage, le retour de la croissance « aimée »… La vie politique de ce quinquennat se dévoile comme une gestion stratégique des attentes non satisfaites.
En dégainant son 49-3 pour faire voter la loi Macron, Manuel Valls cherche à afficher son autorité sur une majorité en capilotade, mais aussi sur l’exécutif, à mille lieues de l’esprit de compromis dont se prévaut François Hollande. Problème, son orientation reste minoritaire dans son camp.
Jusqu’au dernier moment, le projet de loi sur « la croissance et l’activité » a changé. Des socialistes dénoncent un texte « sans aucune cohérence ». Face à la colère montante de la majorité, Manuel Valls a appuyé son ministre lors de la présentation du texte. Un texte censé convaincre la commission européenne de la volonté de réforme de la France. Revue des mesures phares.
Faouzi Lamdaoui, conseiller à l’Élysée et très proche de François Hollande, est cité à comparaître devant un tribunal pour « abus de biens sociaux », « blanchiment d'abus de biens sociaux » et « faux et usage de faux ». En cause : une myriade de sociétés dont il a été soit l’associé, soit le gérant, soit le directeur. L'Élysée a annoncé dans un communiqué sa démission, « pour se donner les moyens de se défendre ».
Les chefs d’État ne sont plus tout à fait humains. Comme les hubots (moitié humains, moitié robots) de la série d’Arte Real Humans, ils ont besoin de se recharger en cours de mandat par toutes sortes d’actions symboliques et de performances. La télévision est faite pour ça ; elle leur offre ses millions d’écrans comme autant de bornes de rechargement. À mi-mandat et à 12 % de popularité, François Hollande avait un besoin urgent de se recharger. Il s’est donc rendu sur TF1...
Selon nos évaluations, sur la base des documents annexés au budget pour 2015, Manuel Valls a majoré en moyenne de 1 019 euros par mois les rémunérations de ses conseillers, soit une hausse de plus de 10 % par rapport à 2012. Preuve que, pour le premier ministre, l'austérité salariale est la règle sauf... à Matignon !
Lors de sa conférence de presse, le chef de l'Etat a donné l’impression d’un président qui a abattu toutes ses cartes et à qui il ne reste plus d’autre choix que d’attendre d'hypothétiques « résultats ».
Le discours du premier ministre n'a pas dissuadé 32 socialistes de s'abstenir, trois fois plus qu'il y a cinq mois. Valls ne dispose plus que d'une majorité relative à l'Assemblée.
Dix jours après l'annonce du gouvernement Valls II, un nouveau mini-remaniement a été annoncé jeudi : Thomas Thévenoud est remplacé au commerce extérieur par le député Matthias Fekl. D'après nos informations, il ne remplissait pas ses déclarations de revenus.
Depuis dix jours, l’exécutif multiplie les déclarations prenant à contre-pied ses électeurs. Même certains proches d'Hollande s’inquiètent d’une droitisation mal maîtrisée. Mais la majorité d’entre eux assume, heureux d’avoir enfin le loisir de dire publiquement ce à quoi ils ont toujours cru.
Il ne manquait qu'elle!, est-on tenté d'écrire, dans la chronique de cette descente aux enfers que nous inflige François Hollande. Car au-delà du vaudeville bourgeois, l'écho du livre de Valérie Trierweiler avec l'actualité nous conduit à des questions politiques majeures sur la brutalité du virage néolibéral d'un pouvoir plus monarchique que jamais.
L'exaspération militante était palpable lors de la clôture de l'université du PS de La Rochelle. Les sifflets et demandes de gauche se sont atténués à mesure que le premier ministre a modéré son propos.
Social-libéral, social-démocrate, socialiste: les ministres du gouvernement Valls ne savent plus comment ils s’appellent, et plus vraiment où ils habitent. Deux ans et demi après la victoire de François Hollande, ils en sont à devoir prouver leur appartenance à la gauche et à aligner de confuses explications.