Loin de profiter du remaniement pour élargir son spectre, Emmanuel Macron a finalement pioché dans un vivier extrêmement resserré, en nommant au gouvernement deux de ses conseillers à l’Élysée et une députée de sa majorité. Les symboles sont respectés, mais le problème politique reste entier.
Le président a reçu, lundi 18 mars, une soixantaine d’« intellectuels » à l’Élysée. L’occasion de s’écouter palabrer des heures durant, face à une étrange cour de personnalités plus ou moins acquises à sa cause.
Après deux mois de « grand débat » et un nouveau samedi de manifestations marqué par des scènes de violences à Paris, l’exécutif a dégainé de nouvelles mesures destinées à durcir le maintien de l’ordre. Sur le plan politique, toujours rien. Emmanuel Macron se refuse à utiliser les leviers démocratiques que lui offrent les institutions de la Ve République.
Pensé comme « un moment d’apaisement » en pleine crise des gilets jaunes, le « grand débat » risque de se retourner contre l’exécutif si les réponses apportées s’avèrent décevantes. Déjà, le pouvoir prévient : elles le seront forcément. Emmanuel Macron veut sauver ses réformes. Et pour ce faire, il est prêt à installer le débat permanent.
Peut-on exercer d’importantes fonctions à l’Élysée tout en assurant la présidence d’une agence de Paris « en lien étroit » avec de grandes entreprises ? C’est la question à laquelle doit répondre la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui vérifie si la situation de Philippe Grangeon, conseiller spécial d’Emmanuel Macron, peut présenter un risque de conflit d’intérêts.
Dans son rapport sur l’affaire Benalla, le Sénat pointe des « dysfonctionnements majeurs » au plus haut niveau de l’État, mettant en cause les plus proches collaborateurs d’Emmanuel Macron. Certains membres du gouvernement et de la majorité tentent de discréditer ces travaux. La Macronie est sévère car elle est touchée en son cœur.
L’un des plus proches et des plus influents conseillers d’Emmanuel Macron a annoncé qu’il quitterait l’Élysée dans quelques semaines. Rattrapé par l’affaire Benalla, Ismaël Emelien vient allonger la longue liste des départs qui n’en finissent plus d’affaiblir le pouvoir. Sa démission est loin d’être anodine.
Un collaborateur de la présidence utilisant son statut pour faire affaire avec un milliardaire proche de Vladimir Poutine : l’information a de quoi inquiéter un pouvoir qui craint les « manipulations » de la « russosphère ». Mais l’implication de Benalla dans le contrat russe signé lorsqu’il était encore à l’Élysée ne fait officiellement réagir personne en Macronie.
Pour son « grand débat », le président de la République renoue avec les codes et les promesses de sa campagne de 2017. L’exercice a surtout pour objectif « de faire descendre la pression ». Le renouveler a beau enthousiasmer ceux qui y avaient cru la première fois, tout laisse à penser qu’il conduira au même résultat.
Le responsable de la communication de l’Élysée a annoncé son départ jeudi 3 janvier. Proche du président, Sylvain Fort jure sa « totale fidélité » à Emmanuel Macron. Mais cette annonce affaiblit encore un peu plus un pouvoir embourbé dans l’affaire Benalla et le mouvement des « gilets jaunes ».
Rattrapé par l’affaire Benalla et toujours malmené par les « gilets jaunes », le président de la République a livré lundi 31 décembre des vœux sans relief et sans remords. Réaffirmant sa volonté de mener ses politiques à leur terme, il s’est exprimé comme si de rien n’était.
Emmanuel Macron a abordé le cas d’Alexandre Benalla lors de son déplacement au Tchad le 22 décembre, assurant au président Déby que son ancien chargé de sécurité « n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel ». Benalla, qui s’est rendu au Tchad pour un bref séjour d’affaires début décembre, juge calomnieuses les insinuations de l’Élysée.
Alors que la Commission nationale du débat public (CNDP) s’inquiète d’une trop forte main-mise de l’exécutif sur le « grand débat » promis par Emmanuel Macron, le gouvernement a déjà prévenu qu’il n’était pas question de revenir sur les « transformations » engagées depuis le début du quinquennat.
Le président de la République a annoncé lundi soir une série de mesures censées répondre aux revendications des « gilets jaunes ». Sans jamais prononcer le mot écologie, il a surtout cherché à sauvegarder ses réformes à long terme, par des propositions souvent floues ou en demi-teinte sur le pouvoir d’achat, et a étendu le débat aux questions identitaires.
Emmanuel Macron s’exprimera après la nouvelle journée de mobilisation des « gilets jaunes », prévue samedi. Le président de la République adaptera son propos en fonction d’événements sur lesquels il n’a plus prise. La crise actuelle révèle au grand jour le dérèglement de la mécanique d’État et fait remonter à la surface les différences de vue qui traversent la majorité.
Le mouvement des « gilets jaunes » a réussi à placer la question des inégalités, mais aussi celle des institutions, au cœur du débat public, révélant les failles des politiques conduites par Emmanuel Macron et le revers de son exercice vertical du pouvoir. À l’issue d’une nouvelle journée de mobilisation, l’exécutif a dénoncé les scènes de violence observées à Paris, le 1er décembre.