Le mouvement des « gilets jaunes » a réussi à placer la question des inégalités, mais aussi celle des institutions, au cœur du débat public, révélant les failles des politiques conduites par Emmanuel Macron et le revers de son exercice vertical du pouvoir. À l’issue d’une nouvelle journée de mobilisation, l’exécutif a dénoncé les scènes de violence observées à Paris, le 1er décembre.
Alors que le mouvement des « gilets jaunes » se poursuit, l’exécutif peine à trouver une réponse politique qui lui permette de calmer la mobilisation sans dévier du fameux « cap » fixé par Emmanuel Macron. Dans la majorité, des voix s’inquiètent du manque de souplesse du gouvernement.
Emmanuel Macron se trouve pour la première fois confronté à un mouvement citoyen spontané. « Je ne changerai pas de cap », a-t-il répété mercredi. Depuis le début du quinquennat, le manque d’écoute du pouvoir, reconnu par le président lui-même, a nourri les colères.
Le premier ministre a annoncé mercredi des mesures face à la fronde. Mais il manque un plan global : vouloir diminuer l’usage de la voiture sans développer les déplacements alternatifs ne sert à rien.
Après avoir déclaré que Pétain était un « grand soldat », Emmanuel Macron a balayé les critiques d’un revers de savoir historique. Ce faisant, il a alimenté la confusion, en sombrant dans un mélange des genres qui a consterné plus d’un historien. Tous estiment qu’il s’est trompé de registre. Une erreur qui en dit long sur la façon dont le chef de l’État surinvestit sa fonction, au risque de l’appauvrir.
Le président de la République a suscité un tollé en jugeant « légitime » de rendre hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Pétain, qui dirigea quelques années plus tard le régime collaborationniste de Vichy. Il a ainsi relancé une polémique que l’Élysée avait réussi à « contourner » il y a un mois, alors même que la cérémonie du 10 novembre ne prévoit aucune référence à Pétain.
Il aura fallu quinze jours de réflexion à Emmanuel Macron et Édouard Philippe pour faire émerger quelques nouvelles têtes issues de la société civile et de la majorité, et opérer une partie très limitée de chaises musicales, dont la promotion du fidèle Christophe Castaner comme ministre de l’intérieur demeure le seul élément marquant.
Après deux semaines de flottement, Emmanuel Macron a dévoilé mardi 16 octobre son nouveau gouvernement. Une équipe constituée pour rassurer les alliés de la majorité et les collectivités territoriales, tout en respectant des « équilibres » politiques de plus en plus difficiles à tenir, tant les candidats aux postes ministériels se font rares.
Après dix jours de crise ouverte au plus haut niveau de l’État, Emmanuel Macron a été contraint d’entériner la démission de Gérard Collomb. Un nouveau départ qui affaiblit davantage encore l’Élysée.
Affaires Benalla et Kohler, démissions « surprises » ou annoncées de poids lourds du gouvernement, critiques publiques et dysfonctionnements à tous les étages... Emmanuel Macron est plus affaibli que jamais. L’inquiétude gagne son entourage, où rares sont ceux à nier les évidences : il y a un problème et il concerne le président de la République lui-même.
Le président de la République a reconnu ce jeudi 13 septembre la responsabilité de l’État français dans l’assassinat du jeune mathématicien communiste Maurice Audin, en juin 1957 à Alger. À travers lui, il dénonce plus largement, dans une déclaration historique, le système de torture légalement institué en Algérie par la France de l’époque.
Les ministres Nicolas Hulot et Laura Flessel ont été remplacés, mardi 4 septembre, par François de Rugy et Roxana Maracineanu. Un remaniement a minima qui prouve surtout à quel point le président de la République manque de forces politiques pour l’épauler.
La démission de Nicolas Hulot n’a pas seulement provoqué une crise politique majeure pour Emmanuel Macron, elle a aussi levé le voile sur une fonction inconciliable avec les politiques de croissance industrielle et de libéralisation économique, comme en témoignent ceux qui l’ont occupée auparavant. Quel que soit le profil du remplaçant, « c’est tout le système qu’il faut repenser », estiment plusieurs d’entre eux.
Affaibli par l’affaire Benalla, Emmanuel Macron pensait profiter de la rentrée pour reprendre la main. Mais entre une croissance revue à la baisse et un ministre symbole démissionnaire, il apparaît dépassé.
Emmanuel Macron, révèle l’affaire Benalla, vit dans l’illusion de la toute-puissance infantile. Ce président n’admet aucune limite à l’exercice de ses pouvoirs ni à l’expression de ses désirs. Tableau clinique, politique et littéraire.
Nombre de ceux qui ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron constituent aujourd’hui encore sa garde rapprochée à l’Élysée. La conquête du pouvoir et la confiance aveugle que le président leur accorde en a déconnecté plus d’un. Malgré l’affaire Benalla, beaucoup peinent à se raccorder à la réalité.