La première ministre a présenté mercredi la feuille de route du gouvernement pour les prochains mois. Faute de nouvelle donne politique, ce nouvel agenda de l’exécutif ne raconte rien d’autre que le caractère inextricable de sa situation. Fait notable : la loi « immigration » est repoussée à l’automne, comme le symbole des divergences entre Matignon et l’Élysée.
Emmanuel Macron poursuivi par des batteries de casseroles, ses ministres conspués… Après le passage en force de la réforme des retraites, le président réélu il y a un an se donne cent jours… mais pour quoi faire ?
Les poursuites lancées ce 22 avril par la procureure de Colmar à l’encontre de trois manifestants ayant protesté contre la visite d’Emmanuel Macron en Alsace, trois jours auparavant, signalent l’état de panique politique d’un pouvoir qui se sait menacé.
Déplacement d’Emmanuel Macron ce jeudi à Ganges, dans l’Hérault, sur le thème de la ruralité et de l’éducation. Il n’est pas allé au contact de la foule mais elle a bruyamment fait entendre sa colère. Reportage dans le comité d’accueil cévenol.
Sans rien lâcher sur le fond, le président de la République a tenté lundi soir de reprendre le fil d’un quinquennat marqué par trois mois de crise. Mais est-ce seulement possible ? Faute d’annonces nouvelles, son allocution de treize minutes a pris la forme d’un grand écran de fumée. L’impasse du pouvoir semble plus étroite que jamais.
La politique étrangère duplice d’Emmanuel Macron obscurcit les lumières gaulliennes en prétendant les reproduire. Retour sur le passé, histoire de comparer, de l’Europe à la Chine, l’original avec la copie : la conception de l’un et les feintises de l’autre.
Le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la réforme des retraites, qu’Emmanuel Macron a officiellement promulguée dans la nuit. La crise sociale et politique est désormais aussi institutionnelle. Les derniers garde-fous ont disparu. La voie est pavée pour les régimes illibéraux.
Au Sénat, la première ministre a dénoncé les « ambiguïtés face à l’islamisme radical » de la Ligue des droits de l’homme et le fait qu’elle a « attaqué un arrêté interdisant le transport d’armes par destination à Sainte-Soline ». Même son ministre de l’intérieur n’avait pas été si loin.
La cheffe du gouvernement a fait entendre vendredi des divergences stratégiques avec Emmanuel Macron, suscitant la colère de l’Élysée. Au-delà du coup de poker politique d’une première ministre en sursis, ses propos sonnent comme un révélateur alarmant de l’isolement du chef de l’État.
Sans jamais avoir tiré les leçons des crises du précédent quinquennat et de l’accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, pour la deuxième fois consécutive, Emmanuel Macron et ses soutiens continuent de niveler le débat public par le bas.
« Terrorisme intellectuel de l’extrême gauche », création d’une « cellule anti-ZAD », « manipulations de l’information », pulsion obsessionnelle contre « la violence, les casseurs et l’ultragauche » : dans une nouvelle interview accordée dimanche à l’hebdomadaire, le ministre de l’intérieur continue de tenir des propos agressifs contre toutes celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.
La rhétorique sur les « extrêmes qui se rejoignent » a désormais laissé place à pire : une inconséquente diabolisation de l’ensemble de la gauche, fondée sur une relativisation des violences en provenance de l’extrême droite. Celle-ci est sciemment respectabilisée.
Alors que les images de violences policières se multiplient, le ministre de l’intérieur tente de limiter la casse. Mardi, quelques minutes avant le début des manifestations, il a envoyé un SMS aux préfets, obtenu par Mediapart, pour leur recommander de faire « très attention » aux cortèges syndicaux et aux jeunes.
En employant le mot « foule », pour lui dénier toute légitimité, Macron transpire un imaginaire forgé dans l’entre-soi bourgeois et inégalitaire du XIXe siècle, qui pourrait encore se manifester dans son entretien télévisé de ce jour.
Pour l’heure, la première ministre devrait rester à son poste, même ébranlée par la crise politique et sociale. À l’Élysée, Emmanuel Macron semble pressé de ne rien changer, malgré les appels à une coalition avec la droite LR et à une promotion de Gérald Darmanin à la tête du gouvernement.
Depuis sa réélection, le président de la République est plus isolé que jamais. Cristallisant les colères contre lui et ignorant toutes les alertes qui lui sont adressées, il reste persuadé qu’il peut encore maîtriser le tempo du pays. Même ses plus fidèles soutiens commencent à déchanter.