En mettant en œuvre la droitisation du projet de loi immigration, la première ministre a perdu ses derniers soutiens dans le camp présidentiel. Sa loyauté au chef de l’État lui a-t-elle fait gagner, à l’inverse, quelques mois de sursis ? Des voix de plus en plus audibles réclament son départ, pour acter la fin du « en même temps ».
Mardi 12 décembre, le gouvernement a défendu à l’Assemblée sa décision de poursuivre le processus législatif sur la loi immigration rejetée la veille. Dans une ambiance électrique, les macronistes ont peiné à convaincre de leur faculté à obtenir une majorité.
Pris de court par la motion de rejet adoptée à l’Assemblée, les macronistes crient au « déni de démocratie » et dénoncent les « politicailleries » des oppositions. Un argumentaire pour le moins osé, venant d’un pouvoir qui n’a cessé de passer en force et de manœuvrer en coulisses, y compris avec la droite la plus extrême.
En rejetant d’emblée le texte du gouvernement, les oppositions ont plongé le second quinquennat Macron dans un flou vertigineux. Le ministre de l’intérieur a perdu tout son capital politique, le gouvernement n’a décidément pas de majorité et les regards se tournent vers Emmanuel Macron, dont le quinquennat est plus enlisé que jamais.
Le chef de l’État est critiqué de toutes parts pour avoir célébré la fête juive à l’Élysée. Jugeant cette polémique « accessoire », son entourage peine cependant à cacher son embarras. D’autant que des voix s’élèvent jusque dans la majorité, où certains dénoncent une « faute historique et irréparable ».
Alors que des groupes d’extrême droite multiplient les actions, le ministre de l’intérieur a proposé la dissolution de trois d’entre eux. Une annonce symbolique et une fermeté affichée qui tranchent avec ses silences passés et les discours qu’il tient pour défendre son projet de loi immigration.
Olivier Véran, ministre délégué chargé du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, était l’invité de Mediapart. Une émission en accès libre.
La présence annoncée de l’extrême droite au rassemblement contre l’antisémitisme, organisé dimanche à l’initiative des présidents des deux chambres du Parlement, embarrasse à droite et divise à gauche. Le résultat de plusieurs années de confusionnisme politique, alimenté par Emmanuel Macron et ses soutiens.
Tout en soutenant le droit d’Israël à se défendre, le président de la République tente de montrer qu’il n’oublie pas les populations civiles de Gaza. Un devoir moral de la France, explique-t-on à l’Élysée, qui n’est pas dénué de considérations de politique intérieure.
Jeudi et vendredi, Élisabeth Borne et son gouvernement ont annoncé une batterie de mesures contre les violences urbaines et pour les quartiers populaires. Une double réponse qui penche largement du côté de la répression et qui évite d’aborder les violences policières.
Ce lundi 23 octobre, Tarik Safraoui recevait Célia Mebroukine dans « Abonnez-vous ». Journaliste du service vidéo de Mediapart, vous l’avez vue tendre le micro aux ministres, aux députés et même au président de la République.
Sous pression de la droite et de l’extrême droite, le camp présidentiel veut montrer qu’il n’a pas « la main qui tremble » en matière de sécurité. Depuis le drame d’Arras, l’Élysée et le gouvernement rivalisent de formules et de déclarations pour convaincre de leur fermeté. Au risque de se laisser aller à certaines dérives, voire d’enfreindre le droit international.
Le président a appelé, jeudi à la télévision, les Français à rester « unis ». Volontaire dans la lutte contre l’antisémitisme et pour la libération des otages, il a pris soin d’éviter de commenter le siège de Gaza par l’armée israélienne. Et n’annonce aucune initiative diplomatique concrète.
Faute de réponses pérennes, le pouvoir s’évertue à dépolitiser les révoltes de juin. Prévu le 9 octobre, le conseil interministériel des villes a été reporté. À la place, Élisabeth Borne a convoqué une réunion dont l’ordre du jour n’évoque ni les violences policières ni les discriminations.
La planification écologique annoncée à grand bruit le 25 septembre par Emmanuel Macron est éloignée de la véritable ambition planificatrice dont le pays aurait besoin. Tant par le manque de contrôle et de pilotage que par l’absence de vision démocratique.
La première ministre a dévoilé le détail des investissements écologiques de l’État pour l’année 2024. Préparée depuis un an, la planification écologique prend forme mais elle est toujours suspendue aux arbitrages du président de la République, censé faire des annonces le 25 septembre.