Série Épisode 2 Grèce : 10 ans après la crise, la résilience ?

Une décennie après l’acmé de la crise grecque, que sont-ils devenus ?

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Mediapart est retourné voir les personnes interviewées début 2015, à l’aube de l’arrivée au pouvoir de Syriza, et en 2019, peu avant la défaite historique de la gauche grecque. La « crise grecque » est passée et certaines situations individuelles s'améliorent, mais la détresse économique demeure. La déception est immense vis-à-vis du monde politique. 

Amélie Poinssot

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    © Photo Amélie Poinssot / Mediapart

    Christos, 46 ans, ouvrier dans le bâtiment. « Si tu as connu la pauvreté, si tu as eu faim, tu ne refuses pas du travail, même quand il y en a trop. »

    En 2015, Christos était chômeur et membre actif de « Solidarité pour tous », le réseau d’entraide et de collecte alimentaire développé pendant la crise et soutenu par Syriza. Lui-même n’avait plus de quoi se payer à manger. Quatre ans plus tard, en 2019, il avait commencé à retrouver du travail dans le bâtiment, et aujourd’hui, il n’arrête pas : il est sur les chantiers sept jours sur sept, avec des journées qui dépassent allègrement les douze heures de travail.

    Son entreprise l’envoie un peu partout en Grèce, pour des constructions ou des rénovations d’hôtels. Le secteur est stimulé par la reprise fulgurante du tourisme, branche numéro 1 de l’économie grecque. Et Christos consacre tout son temps libre à des chantiers chez des particuliers. Il arrive ainsi à se dégager l’équivalent de trois salaires grecs moyens, des sommes qu’il n’avait jamais connues. « Je n’oublie pas comment j’ai galéré », dit-il, les yeux brillants de satisfaction, même s’il reconnaît que « ce n’est pas bien de travailler autant ».

    Christos en veut à Syriza, dont il s’était éloigné dès la première rupture de l’aile gauche du parti, après le référendum de 2015. « Le parti a cassé les rêves de la société. » Il s’est maintenant rapproché des communistes du KKE, « la seule dynamique à se tenir près du peuple ». Le parti aide notamment les foyers menacés par une saisie immobilière à renégocier leurs dettes. Christos, lui, s’est enfin débarrassé des siennes – il en avait partout, y compris auprès de ses amis. « Je suis plus propre que jamais », assure-t-il fièrement.

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