Le politiste Emiliano Grossman analyse la prépondérance de l’enjeu migratoire dans le débat public français. Il pointe la responsabilité des dirigeants politiques, démunis ou cyniques face à l’implosion du « mythe de la méritocratie ».
En 2022, lors de sa première campagne pour la présidence du parti Les Républicains, l’actuel ministre de l’intérieur a bénéficié, grâce à un sénateur millionnaire, de luxueux bureaux donnant sur la plus célèbre avenue de Paris, sans trace de paiement cette année-là ni déclaration dans ses comptes de parti, ce qui est interdit.
Après la campagne présidentielle de 2017, François Fillon devait personnellement payer plus de 50 000 euros non remboursés par l’État. Cinq ans plus tard, Bruno Retailleau s’est démené auprès du parti Les Républicains et la dette de son ami a été épongée.
Candidats à la présidence du parti LR, le ministre de l’intérieur et le député de Haute-Loire investissent le même créneau politique, focalisé sur les questions migratoires et identitaires. Comme l’ultime symbole du rétrécissement idéologique de la droite.
Encensé dans les médias de Vincent Bolloré, soutenu par la nébuleuse de Pierre-Édouard Stérin, le ministre de l’intérieur, en campagne pour la présidence du parti LR, bénéficie du patronage des deux hommes d’affaires. Outre la vision d’un catholicisme traditionaliste, il partage avec eux la volonté de gagner « la bataille des esprits ».
Dans la course à la présidence de LR, le Vendéen semblait pouvoir tirer profit de sa position de ministre. Mais celle-ci pourrait devenir un boulet, faute de résultats tangibles, alors que son concurrent, Laurent Wauquiez, s’est lancé dans une surenchère extrême droitière.
Alors que Marine Le Pen réunissait ses troupes à Paris, dimanche 6 avril, Gabriel Attal rassemblait les siennes à Saint-Denis. À la tribune, beaucoup ont évité le sujet de la condamnation de la cheffe de file du RN, mais certains ont tout de même attaqué l’extrême droite et désavoué le ministre de l’intérieur dans leur offensive contre les prétendus « juges rouges ».
L’ancien premier ministre doit faire avec une forte concurrence au sein de son camp. À commencer par celle de Gérald Darmanin, qui a livré lors du meeting lillois de son « cher Édouard » un discours aux accents présidentiels.
Poussée par son ambition ministérielle, la présidente de la région Pays de la Loire a opéré sa mue politique et médiatique, plus modérée sur les questions de société, plus radicale sur l’économie. Tout en rompant avec Bruno Retailleau et LR, pour soutenir Édouard Philippe.
Le ministre de l’intérieur poursuit sa campagne pour la présidence du parti Les Républicains. Dans le Nord, les militants de toute la droite se laissent séduire par une ligne dure. Et voient en Bruno Retailleau le possible retour d’un chef.
Choisi en septembre à la surprise générale, le remplaçant de Laurent Wauquiez doit composer avec le patron des députés LR, qui continue d’intervenir dans la conduite de la collectivité, parfois à la limite de la légalité.
Seul candidat, l’ancien premier ministre doit être élu dimanche 8 décembre secrétaire général du parti Renaissance. Une nouvelle casquette arrachée sans l’accord du chef de l’État, comme le symbole du paradoxe Attal : premier des macronistes, il multiplie aussi les signes de distance, voire de défiance, à l’égard de l’Élysée.
La présidente (Horizons) des Pays de la Loire, Christelle Morançais, traverse la séquence politique la plus périlleuse depuis sa première élection en 2017. Sa majorité de droite et du centre soutient en public sa volonté de trouver 100 millions d’économies. Pourtant, en coulisses, la tension est forte sur les méthodes employées.
Qui sont les ministres de Michel Barnier ? Ce gouvernement est-il de droite dure, ou carrément réactionnaire ? Combien de temps peut-il durer ? Dans « À l’air libre », les journalistes du pôle politique de Mediapart répondent aux questions que vous vous posez.
La première équipe gouvernementale de Michel Barnier devrait être annoncée dans le week-end. Une liste de trente-huit noms, les deux pieds à droite, a circulé avant même d’être formellement présentée à l’Élysée.
Défaite aux élections législatives, la droite traditionnelle sort étonnamment gagnante de la crise politique. Après avoir juré qu’ils ne scelleraient pas de coalition, les cadres du parti se battent pour être nommés par Michel Barnier. Tout en sachant que la mission politique s’annonce ardue, sinon impossible.