Convaincue que l’élection de Macron ouvre une opportunité sans précédent pour recomposer le paysage politique, la nébuleuse de la droite de la droite travaille à rapprocher LR et le FN. Plongée dans ces initiatives qui, du mouvement À droite à celui des Amoureux de la France, veulent « tout reconstruire ».
Après Laurent Wauquiez et Daniel Fasquelle, Bruno Retailleau indique à son tour qu’il ne participera finalement pas à la rentrée de Sens commun, émanation politique de La Manif pour tous qui n’exclut pas de travailler avec des personnalités issues du FN, comme Marion Maréchal-Le Pen.
À deux jours de la clôture du dépôt des candidatures pour la présidence du parti de droite Les Républicains, le scénario tourne autour d’un personnage unique, Laurent Wauquiez, très à droite, et de quelques figurants incertains, à peu près tous sur la même ligne.
Après leur lourde défaite électorale, Les Républicains envisagent la création d’une fondation pour renouveler leur réflexion politique. Et, accessoirement, empêcher leur parti, ruiné et cerné par les affaires, de mettre la clé sous la porte.
Atomisée depuis la victoire d’Emmanuel Macron, la droite fait sa rentrée en ordre dispersé. Derrière les discours sur la nécessaire refondation du parti LR pointent déjà les ambitions des uns et des autres pour en prendre le contrôle en décembre prochain. Le coup d’envoi est donné par les Jeunes Républicains, réunis au Touquet les 26 et 27 août.
Mercredi 16 août, les statuts d’En Marche! ont été adoptés avec 90 % des suffrages. De cette consultation riche en rebondissements a émergé une fronde sur la question du fonctionnement du parti. Elle provient de ceux qui pensaient qu’une fois la victoire acquise, le retour à un fonctionnement démocratique serait de mise. LREM n’envisage pas de leur permettre une quelconque expression en interne.
Les militants d’En Marche! se prononcent sur les statuts de leur futur parti. Comités locaux sans pouvoir, direction ultra-puissante : le parti, où l'absence de démocratie est assumée, s'annonce très centralisé. Des militants attaquent les textes en justice.
L’industriel et sénateur LR, condamné pour « blanchiment de fraude fiscale », a envisagé de se présenter aux sénatoriales sous les couleurs de LREM. Il s’est vu opposer une fin de non-recevoir : « Ne correspond pas à nos critères. » Finalement, il ne sera pas candidat.
Dans la première circonscription de l’Eure, Coumba Dioukhané, la candidate officiellement investie par LR et l’UDI, se retrouve bien seule. La quasi-totalité des militants et des élus de son parti fait campagne pour son adversaire Bruno Le Maire, nouveau ministre de l’économie d’Emmanuel Macron.
À l’occasion des législatives, la deuxième ville d’Île-de-France est de nouveau le théâtre de la guerre que se livrent depuis des années le député Thierry Solère et le maire Pierre-Christophe Baguet. Avec une équation supplémentaire, le premier se voulant « Macron compatible », le second tenant de la « vraie droite ». Un cas d’espèce du mouvement plus profond qui divise actuellement les élus LR.
Édouard Philippe était l'invité de Mediapart Live le 26 avril, trois jours après le premier tour de l'élection présidentielle. Il exprimait déjà des convergences possibles avec Macron.
Pour la droite juppéiste, la victoire d’Emmanuel Macron a aussi été celle de la « démarche intellectuelle » du maire de Bordeaux face à la « radicalisation » politique des Républicains.
Convaincue que la défaite à la présidentielle n’a tenu qu’aux faiblesses de François Fillon, la droite espère prendre sa revanche aux législatives. Mais les ténors de LR vivent sous le couperet du futur gouvernement Macron que certains pourraient rejoindre.
Pour la droite juppéiste, la victoire d’Emmanuel Macron est aussi celle de la « démarche intellectuelle » du maire de Bordeaux. Face à la « radicalisation » de LR, les juppéistes entrevoient enfin une issue positive : travailler avec le nouveau président de la République.
Figure de la « droite décomplexée », Christian Estrosi veut aujourd’hui s’imposer comme le héraut de la bataille contre l’extrême droite. Une posture qui ne laisse pas d’étonner tous ceux qui ont suivi son cheminement politique, de Jacques Médecin qui disait partager les thèses du FN « à 99,9 % », à Nicolas Sarkozy qui en a repris les mots et les idées.
François Fillon battu au premier tour de la présidentielle, la droite doit à présent s’atteler à se reconstruire. Ligne politique, leadership, législatives, position à tenir vis-à-vis d’Emmanuel Macron et du Front national… Beaucoup de questions se posent.