Le second tour de la présidentielle divise la droite entre les partisans d’un appel à voter Macron, ceux qui préfèrent s’abstenir et ceux qui se disent prêts à voter FN. Confrontés à l’extrême droitisation d’une large partie de leur base, nombre d’élus LR craignent de voir Marine Le Pen l’emporter.
Après des semaines de campagne au son des casseroles et des « Rends l’argent », François Fillon est éliminé. Bien décidés à ne pas endosser la responsabilité de cette défaite, nombre d’élus LR l’attaquent ad hominem. En coulisses, beaucoup préparent la suite.
Le candidat de la droite a conclu vendredi sa « douloureuse » campagne sur le thème du « totalitarisme islamique », l’une de ses marottes. Empêtré dans les affaires depuis fin janvier, il a multiplié les contre-vérités et radicalisé son propos pour tenter de se maintenir dans la course. À la veille du premier tour, il est encore convaincu de créer la surprise dimanche.
Pour parler du projet de François Fillon dans une campagne accaparée par les affaires, Jean-François Lamour organise des « pieds d’immeuble ». Dans les rues du XVe arrondissement de Paris, micro à la main, il répond aux questions des badauds et s’efforce de garder le sourire malgré les « voleur ! » que lui lâchent certains passants.
Selon les coins de France et la motivation des élus locaux, la campagne de François Fillon s’accélère, avance au ralenti ou reste carrément au point mort. De Toulon à Troyes, en passant par Le Havre, Mediapart est allé rencontrer les militants LR afin de prendre la température du terrain. Laquelle est souvent plus fraîche que celle ressentie dans les meetings du candidat.
À onze jours de l'élection présidentielle, Mediatrap s'adresse aux indécis, cette foule d'anonymes incapables de faire leur choix parmi les onze prétendants à la magistrature suprême. Et vous propose de glisser un bulletin François Fillon dans l'urne. Voici pourquoi.
Dimanche 9 avril, des milliers de partisans sont venus acclamer François Fillon lors de son meeting de la Porte de Versailles, à Paris. À quinze jours du premier tour, le candidat LR a souhaité faire une dernière démonstration de force, en insistant sur le « bon sens » de son projet et en chargeant celui qu’il considère être son seul adversaire : Emmanuel Macron.
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme ailleurs, François Fillon remplit les salles de ses meetings. Mais sur le terrain, c’est morne plaine. Pas un tract, pas une affiche, pas un militant LR à l’horizon. Le Front national est en revanche extrêmement présent. Et connaît un succès grandissant.
Confrontés aux mauvais retours du terrain, bon nombre d’élus LR commencent à sérieusement douter des chances de François Fillon de l’emporter. Sans présager des résultats du premier tour de la présidentielle, mais dans la perspective d’un duel Le Pen-Macron, chacun s’organise en coulisses pour préparer la suite.
Toujours en peine de faire parler d’autre chose que des affaires, François Fillon pousse d’une octave supplémentaire la ritournelle du complot. Le candidat LR est persuadé d’être la victime d’un « cabinet noir » de l’Élysée. Une stratégie qui fait mouche auprès du noyau dur de LR, mais inquiète bon nombre d’élus à droite.
Dans le volet justice de son « projet pour la France », François Fillon a fait disparaître l’un des « trois axes » principaux qu’il prônait pendant la primaire, en retirant toutes les propositions liées à l’indépendance des juges et du parquet. Empêtré dans les affaires, le candidat LR revoit sa copie.
Mis en examen, le candidat Fillon prend la présidentielle en otage pour régler ses déboires avec la justice. Le choix de la droite de le maintenir est le carburant du désastre à venir.
Ce qui s’est joué autour du maintien de François Fillon dépasse la valse des défections, des retournements de vestes, des grandes déclarations et des bruits de couloir. Le rassemblement du Trocadéro, l’abandon d’Alain Juppé et les atermoiements des centristes, marquent la fin définitive de l’UMP (devenue LR) telle qu’elle avait été conçue en 2002, comme une fusion des « droites républicaines ».
Après l’abandon d’Alain Juppé et alors que les sarkozystes cherchaient encore une solution pour sortir de la crise historique que traverse la droite, François Fillon a coupé court aux « discussions vaines » lors du comité politique de son parti. Ragaillardi par le rassemblement du Trocadéro, le candidat LR s’estime désormais le plus « légitime » pour rassembler son camp.
Devant des dizaines de milliers de personnes réunies ce dimanche 5 mars, sous la pluie, place du Trocadéro à Paris, François Fillon a remercié « le peuple qui ne fait pas de bruit, qui a du bon sens », venu le soutenir. Au 20 heures de France 2, il a répété que « personne ne [pouvait] aujourd’hui [l]’empêcher d’être candidat ». En coulisses, les tractations se poursuivent pour tenter de trouver une sortie de crise. Ce lundi matin, Alain Juppé annonce depuis Bordeaux qu’il renonce à être un candidat de remplacement.