Ce week-end, en pleine affaire Fillon, des militants LR se sont mobilisés pour dire : « Non à la chasse à l’homme ! » Mediapart a suivi une équipe en plein tractage dans le XVIIe arrondissement de Paris. Réactions entre soutien, colère et inquiétude.
François Fillon s’est entouré depuis toujours d’une fidèle garde rapprochée. Après 2012, nombre de ses collaborateurs ont été « placés un peu partout chez ses amis ».
Pour son premier grand meeting parisien, François Fillon a tenté de balayer les affaires qui le visent pour recentrer le débat sur le fond de son programme. Mais le contexte a rendu son discours parfaitement inaudible. Dans la salle, les militants oscillaient entre théorie du complot politique, franche expectative et sincère inquiétude.
À la veille du grand meeting parisien censé lancer sa campagne, François Fillon ne parvient toujours pas à sortir du tourbillon dans lequel l’ont plongé les révélations sur l’emploi présumé fictif de sa femme. La défense du candidat LR n'a guère convaincu. Dans les rangs de la droite, l’inquiétude est grande. Et l’idée de changer de candidat fait son chemin.
Jeudi 26 janvier, 48 heures après les révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de sa femme, François Fillon s’exprimait au 20 heures de TF1 pour assurer sa défense. Exprimant son « dégoût » face à ce qu’il a qualifié de « calomnies », l’ancien premier ministre n’a pas franchement répondu sur le fond de l’affaire, mais a tout de même précisé qu’il lui était aussi « arrivé de rémunérer » deux de ses enfants.
Dimanche 22 janvier, les militants anti-avortement défileront dans les rues de Paris pour « promouvoir un nouveau modèle de société qui ne banalisera plus l’IVG ». À leurs côtés, plusieurs figures issues de l’extrême droite, mais aussi Jean-Frédéric Poisson, conseiller politique de François Fillon pour la présidentielle, et Madeleine de Jessey, autre membre actif de son équipe de campagne.
Peinant à défendre un projet « radical » qui inquiète jusque dans son propre camp, le candidat LR doit aussi composer avec les bourdes de ses porte-parole, les hésitations des centristes et l’amertume des sarkozystes qui l’attaquent publiquement. Ce samedi 14 janvier, au conseil national de son parti, il a réclamé un peu de « discipline ».
On s’habitue à tout, même à Dieu en République. La laïcité est un sujet passionnel dans la campagne présidentielle. Pourtant, quand François Fillon mélange sa foi et son programme, la gauche ne le remarque pas.
Se dépeignant en seul véritable héritier du gaullisme face à François Fillon, Nicolas Dupont-Aignan, pour son meeting de lancement de campagne, a pourtant servi un discours aux accents xénophobes et islamophobes que ne renieraient pas les leaders du Front national. Allant même jusqu'à ressortir les « charters ».
François Fillon doit désormais rassembler bien plus largement qu’il ne l’a fait jusqu’alors s’il veut l’emporter en 2017. Démobilisation des milieux populaires, désillusion des juppéistes, tergiversations des centristes… Du FN à Macron, les adversaires de l’ex-premier ministre entendent bien profiter de ses faiblesses.
Pour le FN, les relations avec la famille des droites sont décisives. Mais au regard d'une enquête réalisée il y a un an sur les profils idéologiques des électeurs, la candidature de François Fillon pourrait bouleverser les rapports de force internes au camp conservateur.
La primaire qui vient d'avoir lieu constitue un précipité de l'héritage et de l'évolution de la droite française. Un retour sur son passé et une comparaison avec les droites étrangères aident à saisir ce qu’il lui reste d’original. Cette approche éclaire aussi les rapports de force en son sein.
Une poignée de main Fillon-Juppé et il est maintenant question de « rassemblement ». Les proches du maire de Bordeaux sont perplexes : les gages donnés à l’extrême droite ne s’oublieront pas de sitôt.
L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy sort vainqueur de la primaire de la droite et du centre. Pendant des années, il a travaillé ses ambitions personnelles dans l’ombre des autres, puis a réussi à faire oublier sa responsabilité dans l’échec de 2007-2012.