Emmanuel Macron n’entend pas endosser seul la responsabilité de la contamination du débat public par l’extrême droite. Pendant cinq ans, le président sortant a pourtant largement contribué à installer un nouveau face-à-face avec Marine Le Pen.
La politique pro-entreprises d’Emmanuel Macron, avant et pendant la crise sanitaire, lui a attiré la sympathie de nombreux patrons de PME, commerçants et autres restaurateurs. Un électorat jadis acquis à la droite qui trouve largement son compte dans l’offre politique du président sortant.
La candidate LR a tenu son dernier grand raout de campagne, dimanche à Paris. L’occasion de mobiliser son camp autour de ses fondamentaux et d’une ode à la fidélité. Dans les esprits flottait pourtant le spectre d’une défaite imminente.
Le président-candidat a prononcé son seul grand discours de campagne d’avant premier tour, samedi 2 avril, à Nanterre. Appelant à « la mobilisation générale », il a déroulé son projet pendant deux heures, comme si rien ne s’était passé au cours des cinq dernières années.
La campagne du président sortant est dépourvue d’enthousiasme, de l’aveu même de ceux qui y participent. Mesures impopulaires, démobilisation, excès d’arrogance... Le doute s’installe parmi les troupes macronistes, où certains craignent la « balladurisation » de leur champion face à Marine Le Pen.
En déplacement dans le Nord, Valérie Pécresse a dénoncé une « librairie islamiste » et promis sa fermeture si elle est élue présidente. Une séquence montée à la hâte, devant une boutique mise en cause sur M6. « Qu'est-ce que j'ai fait pour subir ça ? », réagit la gérante.
Pour le président-candidat, « les devoirs valent avant les droits ». Cette logique, qui va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État social et l’État de droit, irrigue l’ensemble de son projet de réélection. En distinguant les bons et les mauvais citoyens.
En siphonnant, lors de la présentation de son projet, les mots et les propositions de son opposition de droite, Emmanuel Macron a réduit à néant l’espace politique de Valérie Pécresse. Autour de la candidate LR, on cherche la parade. En se demandant si elle existe.
Le président-candidat a présenté, jeudi 17 mars, les grands axes de son programme. Plus que jamais néolibéral sur le plan économique, il propose une version conservatrice des enjeux sociaux et régaliens, en occupant le terrain de ses adversaires de droite et d’extrême droite.
Détruire et reconstruire pour diminuer le nombre de pauvres : Valérie Pécresse a présenté, mercredi à Meaux, une vision classique à droite de la politique de la ville. Comme d’autres avant elle, la candidate LR résume les quartiers populaires à des « zones de non-France » qu’il faut « nettoyer ».
Brièvement revigorée en décembre, la droite d’opposition attaque la dernière ligne droite de la présidentielle sans grand espoir. Au sein de l’équipe de campagne, plusieurs élus racontent leur « chemin de croix » et pointent du doigt les erreurs de Valérie Pécresse et de son premier cercle, jugé omniprésent.
Alors que le président de la République a fait de Marseille un de ses points d’appui en vue d’un deuxième mandat, Renaud Muselier a annoncé son ralliement dimanche 27 février, après beaucoup d’autres élus LR. Martine Vassal comme Jean-Claude Gaudin s’interrogent.
Le propriétaire du chien qui a adhéré à LR juste avant la primaire interne est… un des plus proches conseillers d’Éric Ciotti, selon des informations de Mediapart. Le député des Alpes-Maritimes se dit « furieux » contre son collaborateur.
De nouveaux éléments jettent le discrédit sur l’investiture de Valérie Pécresse comme candidate du parti Les Républicains. Des centaines de faux adhérents ont gonflé les rangs du parti juste avant le congrès, révèle « Libération » : ressortissants étrangers ne parlant pas le français, personnes décédées…
Vendredi 11 février, Meyer Habib a reçu à l’Assemblée nationale un élu israélien d’extrême droite, homophobe revendiqué et anti-Arabes affirmé. Depuis quelques semaines, le député UDI participe à l’élaboration du programme diplomatique de Valérie Pécresse.
La candidate Les Républicains espérait faire de son premier grand meeting le véritable lancement de sa campagne présidentielle. Laborieux dans la forme, son discours a surtout été l’occasion de clins d'œil aux idées d’extrême droite.