Journaliste pigiste depuis plus de six ans, j’ai d’abord enquêté sur les coulisses du domaine du sport. J’ai longuement suivi pour Mediapart, L’Équipe Explore ou Libération des questions de libertés individuelles liées aux interdictions administratives de stade prises à l’encontre des supporters de football.
Depuis 2020, mes enquêtes se concentrent sur la Moselle, où je vis, et les impacts du déploiement de la vidéosurveillance, des drones ou des expérimentations de reconnaissance faciale sur nos libertés.
Aux États-Unis comme en Allemagne, de plus en plus d’aéroports proposent aux voyageurs des parcours « sans contact » basés sur l’utilisation de la reconnaissance faciale. Testés à Orly ou à Lyon, ces systèmes font craindre un pas supplémentaire vers la surveillance biométrique.
Alors que la préfecture de police de Paris teste ce dimanche, pour la première fois, la vidéosurveillance algorithmique lors de la rencontre Paris Saint-Germain - Olympique lyonnais, certains fans de football s’inquiètent de l’impact potentiel de cette technologie sur leurs libertés.
Mediapart les a recensés un par un : la préfecture de police de Paris a publié, depuis leur autorisation le 19 avril 2023, au minimum 144 arrêtés permettant l’usage de drones ou d’hélicoptères de surveillance. Les compétitions sportives et les manifestations sont les principaux événements concernés par cette banalisation.
Sous l’impulsion du ministère de l’intérieur, de nombreuses communes accueillant des épreuves des JO augmentent leurs moyens de vidéosurveillance comme à Châteauroux, Torcy ou Saint-Denis. Une poignée d’élus, de citoyens et d’ONG s’inquiètent.
Suivi de personnes, maraudage, détection d’intrusion… Depuis 2017, la SNCF a expérimenté plusieurs outils de surveillance des géants français Thales et Atos, mais aussi des sociétés étrangères Briefcam et Anyvision. Ces outils, proches de la reconnaissance faciale, pourraient être expérimentés par la SNCF durant les Jeux olympiques. Malgré des tests aux résultats contrastés.
Alors qu’un marché public sur la vidéosurveillance algorithmique a déjà été ouvert pour les caméras, le ministère de l’intérieur s’interroge sur un second appel d’offres pour installer ces logiciels sur des drones en vue des Jeux olympiques de Paris.
Bélarusse expatrié aux États-Unis, Andrew a travaillé en 2020 sur un logiciel permettant de démasquer les policiers réprimant la population de son pays natal. Un projet de documentation de la violence d’État difficile à mener, mais qu’il n’a pas abandonné.
Née à Urumqi au Xinjiang, Kalbinur Sidik a vécu le développement de la surveillance technologique de la population ouïghoure par le régime chinois. Jusque dans les camps de « redressement », où elle a été forcée à travailler pendant deux ans, sous le regard ininterrompu de huit caméras.
Après avoir participé à des manifestations contre la guerre en Ukraine, Luba Krutenko a été identifiée par des caméras du métro moscovite et détenue plusieurs heures. Une des raisons qui l’a poussée à quitter le pays.
Plusieurs Sénégalais qui ont manifesté à Ziguinchor le 23 mai dernier témoignent avoir été visés ou blessés par des cartouches Cheddite, filiale du groupe français Sofisport, l’un des leaders mondiaux des munitions. Un événement loin d’être isolé qui interroge sur ses procédures de contrôle.
Alors qu’il retournait travailler à Buenos Aires un après-midi de 2019, Leandro se voit accusé par la police argentine, sur la foi d’une identification par reconnaissance faciale, d’un délit qu’il n’a pas commis.
Malgré nos révélations sur l’enquête judiciaire visant un membre de son comité directeur, la Fédération française de judo a éludé le sujet lors de son assemblée générale annuelle. Près de Nantes, le club des Sorinières défend son entraîneur, visé par une plainte pour « viol » et radié par la fédération.