Les dirigeants du Nouveau Front populaire pensent avoir marqué un point, vendredi 23 août, en faisant reconnaître sa défaite à Emmanuel Macron, mais restent loin de crier victoire. Le chef de l’État, pas décidé à nommer Lucie Castets, poursuit ses consultations.
À la veille d’une rencontre entre le Nouveau Front populaire et Emmanuel Macron, la députée de La France insoumise, vice-présidente de l’Assemblée nationale, fustige un statu quo qui a trop duré et alerte sur les conséquences d’un « déni de démocratie ».
L’historien des mondes ouvriers analyse les enjeux à gauche pour renouer avec les classes populaires et empêcher l’implantation du RN. Il relève l’importance pour le Nouveau Front populaire de ne pas se contenter de consolider ses bastions, et de ne pas tout faire reposer sur la conquête de l’État.
Des élus du Nouveau Front populaire témoignent de l’ouverture de l’alliance aux mouvements sociaux et de son engagement pour les services publics. Leur arrivée pourrait être une des clés pour contrer l’ascension du RN, dont ils subissent déjà le racisme et le mépris de classe.
Quelques heures avant l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2, la coalition de gauche s’est mise d’accord pour proposer d’envoyer Lucie Castets à Matignon. Son profil, à mi-chemin entre expérience d’État et mouvement social, convient à toutes les composantes mais n’a pas l’air de convaincre Emmanuel Macron, qui entend ne pas « changer les choses […] jusqu’à mi-août ».
L’économiste et diplomate, dont le nom avait été avancé par le Parti socialiste, s’était dite prête à devenir première ministre. Mais sa candidature ayant rencontré « des oppositions » au sein du NFP, elle annonce « retourner » à ses combats en dehors de l’arène politique.
Après sa défaite à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron des députés communistes revient sur le pacte scellé entre les macronistes et la droite d’opposition afin de permettre la réélection de Yaël Braun-Pivet. Il alerte sur les conséquences politiques de ce « marchandage gravissime pour la démocratie ».
Lors d’un déplacement avec des acteurs de la société civile, l’économiste que les socialistes verraient bien prendre la tête d’un gouvernement Nouveau Front populaire s’est engagée à relever le défi. Même si elle désespère du louvoiement des partis.
Une fois trouvé son premier ministre, le plus dur restera à faire pour la gauche unie. Risque de censure, procédure européenne pour « déficit excessif », 49-3 inévitables... La liste des écueils qu’elle devra surmonter est longue et explique en partie ses atermoiements.
Si la gauche met autant de temps à trouver un accord pour Matignon, c’est que la coalition est traversée par des visions divergentes d’un gouvernement condamné à peu durer. Avec Laurence Tubiana, les socialistes envoient des signes d’ouverture au camp présidentiel, que les Insoumis refusent.
Frondeurs insoumis à la recherche d’un groupe, ultramarins ultra-convoités et sociaux-démocrates en déshérence peuvent faire bouger le centre de gravité de la gauche à l’Assemblée nationale. En sourdine, c’est bien une reconfiguration qui se prépare.
La présidente sortante du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, voit dans la « lettre aux Français » d’Emmanuel Macron, qui nie la victoire du Nouveau Front populaire, « une preuve de plus de sa déconnexion ».