L’armée malienne et des miliciens appartenant probablement au groupe russe Wagner ont assiégé la ville de Moura pendant cinq jours, et exécuté des dizaines d’hommes suspectés d’être des djihadistes. Les différentes sources font état de 300 à 600 morts, en majorité civils. Du jamais-vu au Mali.
Les autorités maliennes ont annoncé mi-mars la suspension de RFI et France 24. Petit à petit, le pouvoir fait taire les voix critiques dans le pays, tandis que l’armée est accusée de nombreuses exactions, pour l’heure impunies, contre les civils.
Alors que la fin de l’opération militaire a été officialisée, jeudi 17 février, présidence et armée française semblent incapables de dresser un bilan sincère de leurs échecs politiques et militaires dans la région. Ils sont pourtant nombreux.
En exigeant le départ de l’ambassadeur français, la junte au pouvoir à Bamako a franchi une nouvelle étape dans la « guerre de la salive » qui l’oppose à Paris depuis plusieurs mois. La prochaine mesure pourrait être l’annonce du retrait de la force Barkhane.
Face à la volonté des militaires de s’éterniser au pouvoir, les chefs d’État de la sous-région ont imposé un blocus économique sur le Mali. Mais ces mesures soutenues par la France, qui risquent d’aggraver la crise, ne passent pas du tout à Bamako, où la junte bénéficie d’une cote de popularité au plus haut.
Il y a un an, la force Barkhane bombardait une cérémonie de mariage à Bounti et tuait 22 hommes, dont 19 civils. Si cette bavure a été abondamment couverte par les médias, les exactions commises dans la même région par l’armée malienne les semaines suivantes sont passées inaperçues. L’armée française, qui accompagnait les Maliens sur le terrain dans le cadre d’une opération d’envergure, pouvait difficilement les ignorer.
Plusieurs manifestants qui voulaient barrer la route à un convoi de l’opération Barkhane ont été tués, et d’autres blessés, au Burkina Faso et au Niger. L’armée française reconnaît avoir fait usage d’armes létales. Ces incidents interviennent dans un contexte tendu, alors que l’image de la force Barkhane est dégradée au Sahel, et que la politique de la France y est de plus en plus contestée.
Le procès des assassins de Thomas Sankara et de douze de ses camarades s’ouvre enfin ce lundi à Ouagadougou. Si l’on sait tout des circonstances de cette tuerie qui a mis fin, en 1987, à la révolution burkinabée, on ignore l’essentiel : qui a donné l’ordre de tuer ?
Si le sommet Afrique-France a choisi de mettre en avant la société civile, les putschistes ne semblent pas pressés de remettre le pouvoir aux civils au Mali, en Guinée et au Tchad. Arguant d’une refondation de la nation.
Le coup d’État en Guinée a rappelé une tendance lourde en Afrique occidentale : partout ou presque, et surtout dans les pays francophones, la démocratie perd du terrain. Les régimes se durcissent et le fossé se creuse entre les citoyens et leurs dirigeants. Trente ans après l’avènement du multipartisme, la désillusion est grande.
Le despote a été renversé le 5 septembre. La junte, dirigée par un ex-légionnaire de l’armée française, que Condé avait recruté pour ses forces spéciales, a promis des lendemains qui chantent au peuple guinéen, partagé entre soulagement et crainte d’une dérive sanglante.
À Conakry, les prisonniers politiques s’entassent dans les prisons, et l’un d’eux, Oumar Sylla, se trouve en danger de mort selon ses proches. La dérive autoritaire du régime d’Alpha Condé n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de faire un voyage express à Conakry – un de plus - et d’y rencontrer le président en tête à tête.